L'Unesco dénonce la mauvaise qualité de l'enseignement au Maroc. Dans son rapport mondial sur l'éducation pour tous, l'Organisation des Nations Unies relève que le Maroc connaît une véritable crise de l'apprentissage. «Les analyses récentes montrent que moins de la moitié des enfants apprennent les bases dans 21 des 85 pays pour lesquels toutes les données sont disponibles. Dix-sept sont situés en Afrique subsaharienne ; les autres sont l'Inde, la Mauritanie, le Maroc et le Pakistan», indique le rapport. Le document révèle que plus de 50% des élèves sont incapables de lire une phrase. Ce constat alarmant sur l'enseignement au Maroc avait déjà été révélé par la Banque mondiale. Dans un document publié en septembre 2013, l'institution financière internationale avait pointé du doigt le faible niveau des élèves en faisant remarquer que la qualité reste un problème «persistant». A ce sujet, la Banque mondiale avait souligné que «74% des élèves de 4e année n'atteignaient même pas le premier des quatre niveaux de référence en mathématiques et aucun ne parvenait au niveau supérieur». Selon le rapport de l'Unesco, cette mauvaise qualité de l'enseignement coûte 129 milliards dans le monde, soit un dixième des dépenses mondiales pour l'école primaire. L'origine de ce gaspillage pour l'Unesco ce sont les enseignants, ou plutôt leurs conditions de travail. L'amélioration du système éducatif passe par des enseignants compétents. «Pour remédier à la crise de l'apprentissage, tous les enfants doivent avoir accès à des enseignants formés et motivés, attachés à leur métier, capables de repérer les apprenants en difficulté et de leur venir en aide et pouvant s'appuyer sur un système éducatif bien géré», note le document. Le gouvernement marocain comme l'ensemble des autres pays doit fournir suffisamment d'enseignants formés et axer sa politique en la matière sur la réponse aux besoins des individus défavorisés. «Sans attirer et former correctement un nombre suffisant d'enseignants, la crise de l'apprentissage durera plusieurs générations et touchera le plus durement les personnes défavorisées», prévient l'Unesco. Les enseignants doivent recevoir une formation initiale qui «concilie la connaissance des matières à enseigner et la connaissance des méthodes d'enseignement», ainsi qu'une formation continue sur «les moyens de concentrer l'aide sur les enfants défavorisés», recommande l'Unesco. Il faut aussi affecter ces professeurs «dans les régions où on en a le plus besoin» et «leur offrir des incitations afin qu'ils s'engagent à long terme dans l'enseignement», préconise le rapport, comme un salaire correspondant «au moins à leurs besoins fondamentaux, de bonnes conditions de travail ainsi qu'une perspective de carrière».