Cuba. Dans un discours sans précédent et sans censure, Jimmy Carter a parlé de démocratie et de droits de l'Homme, défendant notamment le projet Varela, cette pétition de la dissidence cubaine réclamant des réformes. Le discours en direct, prononcé en espagnol par Jimmy Carter à l'université de La Havane, était une concession de taille accordée par Fidel Castro à celui qui fut le président américain le plus motivé par l'amélioration des relations américano-cubaines, créateur de la section des intérêts américains à La Havane, et hostile à l'embargo. Avant Jimmy Carter, seul le pape Jean Paul II, en 1998, avait eu les honneurs du direct, instrument habituel du «Lider maximo» ou des débats de l'Assemblée nationale. «Je ne suis pas venu pour interférer dans les affaires intérieures cubaines, mais pour tendre la main de l'amitié au peuple cubain et offrir une vision d'avenir à nos deux pays et toutes les Amériques», a déclaré en préambule le plus haut responsable américain à poser le pied sur l'île en 43 ans de révolution castriste. Profitant de cette tribune pour lancer un défi public au «Lider maxima», Jimmy Carter a demandé à Castro, un mois après la résolution en ce sens de la commission des droits de l'homme de l'ONU, d'ouvrir l'île et ses geôles aux observateurs internationaux: «je vous demanderai de permettre au comité international de la Croix-Rouge de visiter les prisons et de recevoir la commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme (Mary Robinson, NDLR) pour évoquer des dossiers comme celui des prisonniers d'opinion et du traitement des détenus». Mais il a aussi appelé à d'autres changements: «il est temps pour nous de changer notre relation», a-t-il lancé, dénonçant le «destructeur état de belligérance» régnant entre les deux pays, appel du pied à ceux, nombreux, à Washington, qui voient d'un oeil sceptique sa visite chez le dictateur caraïbe. Et, parce que «les Etats-Unis sont le pays le plus puissant, nous devrions faire le premier pas», a-t-il ajouté. «J'espère que le Congrès va bientôt agir pour permettre une liberté totale de mouvement entre les Etats-Unis et Cuba, établir des relations commerciales et lever l'embargo», a-t-il affirmé, appelant de ses vœux l'intégration de Cuba dans la communauté démocratique latino-américaine.