Un million et demi d'enfants de moins de 15 ans ne connaissent pas le chemin de l'école au Maroc. Et 600.000 d'entre eux travaillent à plein temps. Le projet «Adros» («j'étudie») lance le défi, et met sur les rails un programme contre le travail des enfants. Dès l'ouverture d'une rencontre consacrée au lancement des activités du projet "Adros", Yasmina Baddou a commencé déjà à donner le là. «La question de l'enfance est transversale et s'inscrit au cœur de tous le processus de développement». a précisé la secrétaire d'Etat auprès du Ministre du développement social, de la famille et de la solidarité. En fait, le Maroc compte un million et demi d'enfants de moins de 15 ans non-scolarisés, et 600.000 enfants du même âge travaillant à plein temps. Une étude réalisée, il y a trois ans, par l'UNICEF indique qu'à Casablanca seulement, 13.000 filles de moins de 15 ans travaillent comme bonnes. « Les petites filles travaillent par moyenne 60 heures par semaine, contre seulement 44 heures pour les adultes » constate amèrement Maie Ayoub, représentante de l'UNICEF au Maroc. Le projet Adros contribue à lutter contre le travail des enfants. Mais sa cible prioritaire reste pourtant les petites filles domestiques (âgées de moins de quinze ans), communément appelées «petites bonnes». «Ces filles sont souvent appelées à accomplir des travaux et des tâches qui dépassent leurs capacités pour un salaire dérisoire dont les parents sont les seuls bénéficiaires» indique Lahcen Haddad, le directeur du projet "Adros". Initié par le Département du Travail Américain (US DOL), en partenariat avec le gouvernement marocain, le projet est géré par Management Systems International (MSI). Du verbe étudier en arabe (darasa), le projet met l'accent sur le rôle de l'éducation aussi bien dans la lutte contre le travail des enfants que contre la pauvreté qui est l'un de ses déterminants essentiels. Le projet Adros tient à explorer et à promouvoir des alternatives viables à l'offre et à l'emploi des «petites bonnes». Il entend également renforcer et étendre les initiatives et les politiques publiques et institutionnelles en faveur de leurs éducations. Dans l'attente de l'éradication de ce fléau, Adros a mis en place un programme d'éducation non formelle et d'apprentissage pré-professionnel pour les 12-15 ans. Sa zone de prédilection est focalisée sur Rabat, Casablanca et Marrakech. Ces trois grandes métropoles connaissent en effet une forte demande de travail domestique, surtout parmi les classes moyennes et les fonctionnaires. Trois foyers d'accueil pour les «petites bonnes» ouvriront alors leurs portes dans ces trois villes. Les zones pourvoyeuses en petite main-d'œuvre en milieu rural sont aussi visées par le projet. Il s'agit entre autres de Salé, Témara, Dar Bouazza, Mediouna, Haouz et Azilal. Lors de cette rencontre marquée par la présence de Wayne Bush, représentant de l'Ambassadeur des Etats-Unis au Maroc deux conventions de partenariat ont été signées. L'une avec la Fondation Zakoura pour l'éducation non-formelle et les micro-crédits, et la deuxième avec l'association marocaine des assistantes sociales (AMAS). En fait, le projet Adros accorde une grande importance au partenariat et préfère ratisser large. C'est ainsi que la liste des acteurs intervenants recense plus de 20 associations. Afak, Association Bayti, CJM, Association Sidi Belabbès apportent toutes leurs pierres à l'édifice d'un « Maroc sans petites bonnes et sans enfants en situation de travail ».