Un Centre indépendant de recours pour prisonniers (CIRP) a été mis en place par l'Observatoire marocain des prisons afin qu'il reçoive et traite les plaintes des prisonniers et de leurs familles. L'humanisation des circonstances de détention et la réintégration des détenus dans leur environnement social est l'objectif primordial de la mise en place par l'Observatoire marocain des prisons (OMP) d'un Centre indépendant de recours pour prisonniers (CIRP) qui a fait l'objet, mercredi dernier d'un point de presse tenu à Casablanca. Cette structure d'accueil et service de permanence pour la réception et le traitement des plaintes et réclamations des prisonniers et de leurs familles et veiller au suivi de leur aboutissement constitue un nouveau mécanisme pour que l'OMP, qui s'engage depuis trois ans à défendre les droits des prisonniers et leur protection de toute injustice, soit plus proche des détenus et de leurs problèmes et pour qu'il soit également un intermédiaire pour que les responsables soient au courant de leurs doléances. « C'est un mécanisme qui permettra à l'OMP d'avoir une forte présence dans l'environnement carcéral, de briser l'isolement des détenus et de permettre à l'Observatoire de suivre de près la situation dans les prisons», a précisé Me Abderrahim Jamaï, secrétaire général de l'OMP. Quant à Youssef Madad, secrétaire général adjoint, il a précisé que « cette nouvelle structure a pour but de susciter le débat sur la problématique des droits dans les prisons. Car malgré tous les efforts déployés, les prisons restent un espace de non-droit par excellence. Ce n'est pas un jugement gratuit, mais il s'agit d'un constat amer qu'on doit confronter par tous les moyens ». La confrontation de ces problèmes semble plus ou moins difficile, bien que les militants de l'OMP apprécient le dialogue qui se poursuit entre l'Observatoire et l'administration. Et cela s'incarne parfois, comme il a été expliqué par Youssef Madad, dans les petits problèmes qui émergent et qui font, dans la majorité de temps, l'objet des condoléances des prisonniers sans être résolus. En les négligeant, ils génèrent d'autres problèmes au point que la situation devient plus critique. Ce qui nécessite la mise en place de ce “centre de recours“, qui sera financé par l'ambassade de la Grande-Bretagne. A ce propos, l'ambassadeur, Haydon Warren-Gash, qui a assisté au point de presse, a confié que son pays a remis à l'OMP une somme de 300.000 dirhams pour financer ce projet. Un financement qui « vient dans le cadre de l'importance du projet », affirme-t-il. Cette nouvelle structure de l'OMP sera installée, selon Youssef Madad, dans toutes les autres prisons du Maroc pour être proche des détenus qui n'hésitent pas à se plaindre de surpeuplement, du manque de soins, des mauvais traitements et des grâces royales dont bénéficient quelques détenus au détriment des autres. Par ailleurs, l'Observatoire marocain des prisons prépare actuellement son troisième rapport annuel qui sera publié en fin juin-début juillet. Lors de son dernier rapport (2001/2002), il a révélé que les visites qu'il avait organisées aux diverses prisons du Maroc ont dévoilé que les mesures et méthodes encore appliquées dans les prisons sont encore loin d'être conformes aux règles internationales dont l'esprit et les bases sont présentes dans le texte de la loi n°23-98. En effet, a ajouté le rapport, la quasi-totalité des améliorations apportées par cette loi sont mis derrière le dos.