On savait depuis quelques semaines qu'il était très malade, mais sa disparition n'en demeure pas moins brutale. Hamidou Benmessaoud, l'acteur marocain à la carrière internationale, adoré par plusieurs générations de marocains à travers le monde, a rendu l'âme jeudi, à l'âge de 78 ans, près de trois mois après son admission à l'hôpital Beaugeon, dans le nord de la capitale. Il s'est éteint entouré de ses proches et de ses amis. Son épouse, restée à son chevet depuis plusieurs mois a exprimé son chagrin face à la disparition de ce « grand homme » avec qui elle a partagé les meilleurs moments de sa vie. Sur la toile, les réactions des internautes témoignent de l'attachement du public à cet acteur à l'humilité si touchante. Faisant écho à ces réactions, SM le Roi, qui indique avoir appris avec une profonde émotion et grande affliction la nouvelle du décès de l'acteur, a également exprimé aux membres de la famille du défunt et à travers eux, à l'ensemble de sa famille et proches, à ses fans, ses admirateurs, à ses amis ainsi qu'à sa grande famille artistique, Ses vives condoléances et Ses sincères sentiments de compassion. Le souverain a également rendu hommage à cet artiste créateur, qui compte parmi les stars du cinéma et du théâtre marocains, lesquelles enrichissent les scènes artistiques nationale et internationale de leurs oeuvres indélébiles. Des œuvres dont se souviendront toujours les adeptes de l'art authentique, grâce notamment aux qualités humaines nobles connues au regretté, à ses rôles distingués, à son goût artistique raffiné et à sa sensibilité. Un demi-siècle de cinéma C'est dans les années 60, à l'âge de 17 ans, que Hamidou quitte le Maroc pour suivre des études d'art dramatique au Conservatoire de Paris. Sa carrière artistique débute sur les planches, avec en guise de premier rôle, celui de Saïd dans « les paravents » de Jean Genet, une pièce sur la guerre en Algérie. Claude Lelouch lui ouvre ensuite les portes du 7ème art en lui proposant son premier rôle au cinéma dans l'un de ses films. Il joue alors dans « La femme spectacle » (1963), dans « Les grands moments » (1965), puis sera à l'affiche du « Voyou » (1970). Au total, il aura tourné neuf fois pour Lelouch, son «réalisateur fétiche ». En 1969, il tourne pour la première fois dans un film marocain, « Soleil de printemps », de Latif lahlou et jouera quelques années plus tard dans « Lalla Hobbi » de Mohamed Abderrahmane Tazi, en 1997. Mais l'acteur ne s'arrête pas là et donne un coup d'accélérateur à sa carrière en jouant outre-atlantique. Il s'illustrera alors dans « Ronin » du cinéaste américain Johan Frankenheimer en 1998, aux côtés de Robert De Niro, dans « L'Enfer du devoir »de William Friedkin (2000)ainsi que dans « Spy Game », de Tony Scott, où il joue aux côtés de Robert Redford et Brad Pitt. En 2011, il joue dans la série française à succès « Aïcha », réalisée par la cinéaste et actuelle ministre déléguée française chargée de la Francophonie Yamina Benguigui. La carrière cinématographique de Hamidou Benmessaoud, qui s'étale sur près d'un demi-siècle compte près d'une quarantaine de longs-métrages et une dizaine de téléfilms. Plusieurs prix ont récompensé ce brillant parcours, notamment le prix d'interprétation masculine du Festival international de Rio, en 1969, pour son rôle dans « La vie l'amour et la mort », réalisé par Claude Lelouch. En 2005, c'est au tour du Maroc de le récompenser en lui décernant un trophée dans le cadre du Festival international du film de Marrakech. Maroc, mon amour… Hamidou, le Belmondo marocain, a toujours voué un amour inconditionnel à son pays d'origine. Lui qui disait avoir passé des années très agréables en France, « un pays qui l'avait accueilli, soutenu et applaudi », restait pourtant très attaché à sa citoyenneté marocaine en affirmant être fier d'être appelé à l'étranger « Amidou le marocain ». « Vous savez la politique et moi ça fait deux. Mon parti à moi c'est le Maroc, mon Roi est Mohammed VI et ma religion c'est l'islam », disait-il. Jouer au Maroc était pour lui une manière d'exprimer ses liens avec son pays et celui-ci considérait d'ailleurs l'opportunité de jouer dans des films étrangers comme une manière d'améliorer l'image de l'acteur marocain à l'étranger. « Je n'ai jamais oublié mon pays et ce que j'ai fait ici ou ailleurs, c'est le marocain en moi qui l'a fait », avait indiqué l'acteur dans une interview accordée à un journal marocain. Sa dépouille sera inhumée en France « à son souhait pour être plus proche du souffle de son fils mort en France », expliquent ses proches. On se rappellera donc la réponse qu'il fit quand lors d'une interview on lui demanda s'il ne comptait pas un jour rentrer au Maroc… « Mais, je ne rentre pas, je suis là! »