L'Algérie «officielle» en pleine tourmente et incertitude en raison du vide au pouvoir laissé par le président Bouteflika, très malade, a choisi le chemin le plus difficile pour normaliser ses rapports avec le Maroc. Ce n'est pas une seule mais plusieurs conditions aussi absurdes qu'irréalistes que le pouvoir en Algérie pose pour notamment rouvrir ses frontières terrestres, fermées depuis pratiquement vingt ans avec le Royaume. La réaction marocaine ne s'est donc pas fait attendre. Dans un communiqué, le ministère des affaires étrangères et de la coopération a officiellement réagi à la sortie des responsables algériens. «Le Maroc relève que la réaction du porte-parole du ministère des affaires étrangères algérien occulte toute référence au principal motif qui a présidé à la récente mise au point marocaine, à savoir le rejet du principe même d'introduire et de fixer, unilatéralement, des conditions à l'ouverture des frontières terrestres», lit-on dans le communiqué. Et d'ajouter : «Les règles de bon voisinage, l'exigence de coopération et le droit des citoyens à la circulation sont des valeurs internationales qui ne sauraient être conditionnées, de surcroît par des artifices politiques injustifiés». Lorsqu'on jette un coup d'œil sur les soi-disant conditions algériennes, l'on se rend compte que ces dernières sont destinées tout juste à étouffer toutes les tentatives pour normaliser les relations entre les deux pays. «L'insistance sur la prétendue campagne de dénigrement qui serait menée par des responsables politiques, parlementaires, représentants des médias ou des ONG est révélatrice de cette approche déphasée», poursuit la même source. Il s'agit là, en fait, du droit garanti à tous, à la liberté d'expression et d'opinion, particulièrement sur les questions fondamentales du pays. Il en est de même du soi-disant «développement de trafics» qui devrait justifier une coopération fructueuse entre les autorités des deux pays plutôt que sa transformation en condition et préalable. D'autant plus que si griefs il y a sur ces deux points, ils seraient partagés, puisqu'ils concernent des phénomènes qui s'opèrent, également, à partir du territoire algérien», souligne le même communiqué. Au moment où le Maroc n'a jamais cessé sa politique de la main tendue qui commençait à dégeler la situation à travers l'échange de visites de haut niveau entre les deux pays, la récente position algérienne remet tout le processus à zéro. Selon le politologue Ahmed Bouz, ce revirement peut être expliqué par les récents développements de la question du Sahara. «L'avantage obtenu par le Maroc qui a réussi à inverser la tendance en sa faveur après la proposition américaine d'élargir le mandat de la Minurso pour couvrir la situation des droits de l'Homme, a poussé les responsables algériens à remettre en cause l'amélioration des relations entre les deux pays ces dernières années», dit-il. Les responsables algériens qui ont posé cette condition connaissaient déjà la réaction marocaine. Le département des affaires étrangères est on ne peut plus clair là-dessus. «La question du Sahara marocain est une question nationale fondamentale à laquelle est attaché viscéralement l'ensemble du peuple marocain, toutes sensibilités et catégories confondues, contrairement au peuple algérien qui exprime, quant à lui, d'autres attentes, ambitions et préoccupations sur d'autres questions nationales et maghrébines», précise le communiqué.