La démission brutale de Mohamed El Gahs de son poste de directeur de la rédaction de Libération traduit un malaise certain au sein du quotidien francophone de l'USFP. “Je n'ai pas démissionné de Libération pour qu'on vienne négocier avec moi mais je l'ai fait dans l'espoir de provoquer un débat, un choc salutaire“. C'est en ces termes que Mohamed El Gahs a commenté sa démission brutale, annoncée mercredi 1er mai dans Libération, de la direction de la rédaction du journal francophone de l'USFP. En guise de solidarité, Libération du jeudi 2 mai est sortie sans la rubrique habituelle de Mohamed El Gahs, publiée en blanc et avec des articles ne portant pas la signature de leurs auteurs. Juste en bas de l'espace vierge, un édito de la rédaction qui souligne l'attachement de l'ensemble des journalistes et des équipes techniques “ au maintien de Mohamed El Gahs dans ses fonctions et leur soutien aux demandes qu'il a présentées à l'administration pour la défense et la promotion du journal (…)». Dans ce même édito de solidarité , la rédaction du journal loue le “courage“, le “soutien“ et la “compréhension“ de son directeur de la Publication, Mohamed El Yazghi, par ailleurs, ministre de l'Habitat et de l'Aménagement du Territoire tout en lui exprimant “reconnaissance et confiance indéfectible“. Mais pas un mot sur Khalid Alioua, membre du Bureau politique chargé récemment de la communication du parti. Le geste surprenant de Mohamed El Gahs traduit un malaise grandissant au sein de Libération qui se dit par ailleurs jaloux de son indépendance et fier de sa façon de traiter l'information. Un journaliste de ce quotidien, sous couvert de l'anonymat, parle d'une volonté d'étouffer le journal en usant de divers moyens de pression comme l'imprimerie et les finances. Un autre, plus explicite, souligne que les misères faites au journal traduisent une volonté de le liquider carrèment sous prétexte qu'il revient cher à l'USFP. “ Cette tension alimentée en permanence a réduit immanquablement la marge de manœuvre de Mohamed El Gahs et de son équipe“, conclue-t-on avant d'ajouter: “ Il est impossible de continuer à travailler dans des conditions aussi difficiles“. Quelle solution pour sortir de la crise ? Pour le moment, on n'en voit pas du côté de Libération, qui mise beaucoup sur le soutien de M. El Yazghi. Celui-ci n'a pas encore réagi à la démission de Mohamed El Gahs.