Après quarante ans de carrière, Doukkali continue de faire vibrer les cœurs de ses fans du Maroc en passant par l'Algérie et la Tunisie et jusqu'aux fins fonds des pays du Machrek. Le chanteur compositeur, Abdelwahab Doukkali, est le maître des lieux de la chanson marocaine depuis les débuts des années soixante. Le maestro de la musique marocaine dite moderne a traversé avec son luth et sa voix typique au moins trois générations. Il a côtoyé les ténors de la chanson marocaine tels Fouiteh, Ahmed Bidaoui, Brahim Alami et d'autres alors qu'ils étaient au firmament de leur art. Il a brillé de mille feux au sein d'une génération de surdoués tels les compositeurs Abdessalem Amer, Abderrahim Sekkat, Mohamed ben Abdeslam et des chanteurs attitrés comme Abdelhadi Belkhayat et Mohamed Hayani. Il n'a jamais lâché la bride de ses cordes vocales et celles de son luth pour rester jusqu'à ce jour l'artiste le plus complet, le plus titré et le plus productif. Abdelwahab Doukkali est un phénomène de longévité artistique émaillé par de multiples tubes à succès qui ont fait le tour du monde arabe. Jamais la chanson marocaine n'a été aussi bien exportée, ni aussi primée dans les plus grands festivals arabes comme celle produite par ce virtuose inlassable. Composée au début des années soixante-dix, la chanson « Marsoul El Hob » continue à être reprise par des chanteurs qui n'étaient même pas nés lorqu'elle a été interprétée pour la première fois. Cette chanson a d'ailleurs une grande place dans le cœur d'Abdelouehab, non seulement parce qu'elle a été reprise par 34 chanteurs arabes. Mais aussi parce que « Marsoul El Hob » est l'une des premières chansons courtes qui sont en vogue aujourd'hui dans le Machreq et dont Doukkali fut le précurseur déjà en 1972.C'est dire que cet artiste dont la longévité tient à ses multiples innovations n'a pas d'égal dans le gotha des chanteurs marocains toutes générations confondues. Son choix judicieux des paroles de ses chansons lui a permis de rivaliser avec les meilleurs chanteurs égyptiens, libanais et autres ténors de la musique arabe. Il est allé même remporter le premier prix de la chanson dans le temple de la musique arabe : le Caire. Il a ainsi pu dépasser de loin les stars d'aujourd'hui avec sa chanson savante «Souk Bacharia» ou «le marché de l'humanité». Il fut élu à deux reprises meilleur chanteur arabe par des chaînes de radio et de télévision arabes installées en Europe comme la BBC et Orbite. Après quarante ans de carrière, Doukkali continue à faire vibrer les cœurs de ses fans du Maroc en passant par l'Algérie et la Tunisie et en allant jusqu'aux fins fonds des pays du Machrek. Doukkali n'est pas seulement un chanteur compositeur à succès, mais un artiste dans toute la dimension du terme. Il s'adonne à la peinture, aime énormément la lecture dans tous ses genres et reste attentif à la politique et au social de son pays. Le célèbre chanteur égyptien, Abdelhalim Hafid, qui a découvert tardivement son talent lui a dit : « c'est vraiment dommage que je ne vous ai pas connu avant, on aurait fait du beau travail ensemble ». Doukkali, l'homme, demeure un personnage très sympathique, modeste et fidèle à l'amitié et surtout très à l'écoute de ce qui se passe dans son pays. Il nous a dit un jour cette belle phrase qui résume le tout Doukkali: « je chanterai la plus belle chanson de ma vie, le jour où je sortirai de chez moi sans trouver un mendiant devant ma porte ». Salut l'artiste !