De nombreuses manifestations se sont encore déroulées mardi dans plusieurs villes de France, contre la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour, tandis que l'Europe a accueilli avec stupeur le scrutin de dimanche. Plusieurs milliers de jeunes ont encore défilé dans les principales villes françaises mardi après une première journée de forte mobilisation. Dans les Alpes-Maritimes (Sud-est), le département où M. Le Pen a obtenu son meilleur score (25,99 %), mais aussi à Toulon, à Nîmes, un millier d'élèves ont défilé pour dénoncer la présence du leader d'extrême droite au second tour. Les lycéens nîmois ont ainsi rallié plusieurs établissements scolaires de la ville où le dirigeant du FN est arrivé en tête du 1er tour avec 23,52 % des voix. Dans le Nord, au Havre, environ un millier de lycéens ont manifesté et scandé des «Le Pen, salaud, le peuple aura ta peau » ou encore «F comme fasciste, N comme nazi, à bas le Front national». Au moins 4.000 lycéens, auxquels se sont joints des étudiants manifestaient aussi mardi matin à Brest (Bretagne), à Rouen (Normandie) et dans de nombreuses autres villes. Lundi plus de 100.000 personnes avaient déjà spontanément manifesté pour dénoncer le succès de Jean-Marie Le Pen. Au nombre de 10.000 à Paris et de plusieurs milliers dans une vingtaine d'autres villes, ils ont crié leur colère mais aussi leur détermination. «Le Pen t'es foutu, les jeunes sont dans la rues», «première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d'immigrés»… Dénoncé en France, ce scrutin a aussi fait l'effet d'une bombe politique à l'étranger. Si, dans les milieux politiques et la presse, certains semblaient comme sonnés, d'autres appelaient déjà à faire barrage à l'extrême droite. «Impensable, inimaginable mais surtout inadmissible, intolérable. Et, terriblement, horriblement révélateur», a par exemple lancé Le Soir de Bruxelles. En Grande-Bretagne, si Tony Blair a déclaré faire « confiance au peuple français pour rejeter toute forme d'extrémisme», Neil Kinnock, vice-président de la Commission européenne, s'est dit «abasourdi et horrifié». En Allemagne, le chancelier Gerhard Schröder a affirmé qu'il était «très regrettable que l'extrême droite soit devenue si forte en France». En Italie, le scrutin hexagonal a été qualifié de «séisme Le Pen» (La Repubblica) tout comme en Espagne et en Suède. Jorg Haïder a quant à lui vu dans le succès de M. Le Pen une «victoire pour la démocratie»…