L'Association marocaine de lutte contre le cancer lance, depuis le 17 et jusqu'au 22 mai 2004 sa campagne nationale de sensibilisation sous le thème «Diagnostic précoce des cancers». Le constat au Maroc est inquiétant. Avec près de 50 000 nouveaux cas de cancer chaque année, le fléau prend de plus en plus d'ampleur dans notre pays. Le pire, c'est que l'apparition de la maladie chez les personnes atteintes se fait souvent dans ses formes tardives, à un stade où le traitement ne peut être que symptomatique pour soulager les patients. Il est vrai que de nos jours, l'histoire naturelle de la majorité des cancers est connue. La carcinogenèse a des événements très longs au début puis elle s'accélère progressivement pour devenir visible et se propager à distance tel un incendie. Cependant, le seul traitement efficace pour lutter contre le cancer demeure la prévention. Le dépistage et le diagnostic précoce sont les moyens les plus sûrs avec des coûts faibles et des résultats considérables. En l'espace de 16 mois, l'Association marocaine de lutte contre le cancer (AMLCC), a pu soulager plus de 400 malades en leur apportant un certain confort dans cette phase finale de la maladie. Et ce, notamment à travers le programme qu'elle a baptisé AMAD (Assistance médicale à domicile), et grâce à la générosité de nombreux donateurs. Cette prise en charge, l'AMLCC compte l'étendre sur toutes les régions du Royaume. L'implication d'autres intervenants pour la bonne cause serait extrêmement bénéfique. Tous les moyens seraient les bienvenus pour que la maladie cancéreuse soit détectée à son stade de début, là où il y a encore de l'espoir de guérison. Il faut signaler dans ce sens que les formes avancées sont, le plus souvent détectées parmi des gens sans moyens, qui sont démunis, voire même rejetés par la société. D'où l'appel lancé par l'AMLCC pour la mobilisation de tous contre ce fléau ravageur. Le chiffre de 50 000 nouveaux cas chaque année est plus qu'alarmant ; surtout si l'on sait que ce chiffre est sous-estimé compte tenu de l'insuffisance de moyens de diagnostic. Et comme l'explique le Pr Youssef Boutaleb, président de l'AMLCC, «dans la majorité des cas, le diagnostic est porté à un stade tardif, au-dessus de toute ressource thérapeutique. A ce stade, ce mal nécessite une assistance médicale continue surtout pour calmer la douleur. Nos campagnes annuelles visent à sensibiliser la population pour sa prévention, son dépistage et son diagnostic précoce. ». Malheureusement les moyens mis en œuvre pour le combattre et le traiter sont colossaux. Ce qui est loin de décourager l'AMLCC qui a vu le jour en 1968 sous le haut patronage de feu SM Hassan II. Depuis, l'association n'a ménagé aucun effort pour mener à bien sa mission. Elle compte un certain nombre d'opérations importantes à son actif comme le réaménagement et l'équipement du Centre d'oncologie Ibn Rochd à Casablanca, la dotation d'une deuxième source de Cobalt pour le traitement des malades cancéreux et l'assistance des malades à domicile. A cela s'ajoutent les objectifs fixés à moyen terme comme la mise en place d'un registre du cancer, la création d'associations d'anciens cancéreux ou encore l'acquisition de matériaux pour un traitement plus efficace. L'AMLCC envisage également, à long terme, de créer un Centre anti-douleur et une Maison d'hébergement. Une lourde tâche que celle de l'AMLCC, car sur les 50 000 nouveaux cas chaque année, 12 000 cas seulement sont traités dans les centres anti-cancéreux au Maroc, sans parler des milliers de décès et des milliers d'enfants orphelins atteint du cancer.