Les femmes constituent une composante majeure des migrations internationales et paradoxalement elles sont mal connues. «Les femmes sont invisibles dans les statistiques relatives à l'émigration», note Abdeslam Marfouk, économiste et chercheur à l'IRES, Université Catholique de Louvain. Il faudra attendre 2007 pour avoir une première base de données. Une étude de Docquier, Lowell et Marfouk donne une première évaluation du nombre d'immigrés résidant dans les 30 pays de l'OCDE par genre et par niveau d'éducation. Les femmes membres de la communauté marocaine résidant à l'étranger ont représenté 42% dans les pays de l'OCDE en 2000. 35% des femmes marocaines immigrées ont un baccalauréat ou un diplôme de l'enseignement supérieur. La proportion des femmes titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur est de 42% au Canada, 41% au Royaume-Uni et en Espagne. A noter que 20% des femmes marocaines qui émigrent sont diplômées de l'enseignement supérieur contre 17,9% pour les hommes. Par ailleurs, les transferts des revenus des MRE se sont élevés à 53 milliards DH en 2008. Ces transferts ont un impact positif sur le niveau de vie des Marocains et ont contribué à une réduction de la pauvreté de 0,8 point au niveau national. 11% de la population vit au sein d'un ménage qui bénéficie de transferts de revenus des MRE. Autre élément à signaler : 91% des enfants âgés entre 6 et 11 ans sont scolarisés au niveau des ménages bénéficiaires des transferts des MRE contre 82% pour les ménages non bénéficiaires de ces transferts. Par comparaison aux hommes, les femmes migrantes transfèrent plus d'argent vers les pays d'origine. Ainsi, la contribution financière des Marocaines résidant à l'étranger à l'économie marocaine a représenté 33,5 milliards DH en 2007, soit 5,4% du PIB national. Cette première étude constitue un pas important vu le peu d'études et de travaux de recherches consacrés à la migration des femmes. En 2005, le nombre d'immigrés dans le monde était estimé à 195 millions dont 96 millions sont des femmes soit 49%. Et selon les statistiques du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, 3,3 millions de Marocains étaient inscrits au niveau des consulats en 2007. Cela dit, on ignore le nombre des émigrés d'origine marocaine, des femmes marocaines immigrées ou encore combien de migrants quittent le Maroc chaque année. «Il n'existe pas de base de données nationales qui livre des informations relatives à l'émigration nationale. Quant aux données relatives aux migrations internationales, celles-ci sont très rares, incomplètes et très peu précises. Il y a un large consensus autour du fait que les statistiques relatives aux migrations internationales sont pauvres», déplore M. Marfouk. Ce manque de données a pour conséquence la production de stéréotypes durables à l'égard des femmes membres de la communauté marocaine résidant à l'étranger. Au cliché, les femmes marocaines simples migrantes «passives» émigrent dans le cadre du regroupement familial, M. Marfouk démontre que c'est loin d'être le cas en soulignant qu'elles étaient nombreuses à avoir émigré de façon indépendante. Et pour preuve une enquête de l'INSEE a montré qu 'en 2006, 54% des nouveaux titulaires d'un titre de séjour en France étaient des femmes et 22% sont arrivées seules ou avec des amis.