Moulay Driss Jaïdi, critique de cinéma : «La transparence est le garant du succes de cette politique» Cette année, on assiste à plus d'implication de la part de nos chaînes de télévision nationales. La décision d'imposer un cahier de charges à nos deux chaînes en ce qui concerne l'obligation de coproduire des longs métrages peut être assez bénéfique. Si elle est mise en application, cette mesure peut être une initiative très intéressante car elle permettra de booster le secteur cinématographique. Côté production des téléfilms, je pense personnellement qu'il faut imposer des critères de sélection rigoureux. Il faudrait à cet effet créer une commission de lecture à l'image de celle du Fonds d'aide. Cette commission devrait se baser sur des critères de sélection objectifs et transparents, elle ne devrait pas être composée de professionnels du cinéma pour ne pas tomber dans le risque de la subjectivité et, pire encore, du copinage. Ce sont des compétences toutes catégories confondues qui devraient composer cette commission pour ne pas laisser une brèche ouverte à l'arbitraire. Aujourd'hui, on assiste à un déplacement des intérêts. Avec l'envahissement des chaînes satellitaires et le phénomène du piratage, le cinéma est de plus en plus menacé. Ces deux éléments sont entrés par effraction et ont bouleversé le champ cinématographique et les habitudes des spectateurs. La télévision a donc un rôle à jouer pour promouvoir davantage le 7eme art au Maroc. Sarim Fassi Fihri, président de la Chambre marocaine des producteurs : «vers plus de visibilité» Le ministre de la Communication Nabil Benabdallah a récemment annoncé que la deuxième chaîne de télévision nationale s'était engagée à produire 10 longs métrages et sa consoeur la RTM 20 longs métrages. Ce qui est original, c'est juste cette obligation qu'auront maintenant les deux chaînes à coproduire les longs. Auparavant, cette pratique ne se faisait pas de manière automatique, car les chaînes n'avaient pas un cahier de charges qui leur imposait de coproduire des longs métrages. La pratique n'était pas très courante. Mais si la décision est effective, les choses devront être différentes. En toute sincérité, la décision de fixer un cahier de charges pour 2M et la RTM est une bonne initiative, sachant qu'aujourd'hui, l'offre est diversifiée. Et la concurrence, rude. les spectateurs louchent vers d'autres moyens de distraction. Aussi, pour faire face à cette rude concurrence et à la fermeture incessante des salles de cinéma dans les villes du Maroc, il faudrait entretenir les salles qui existent et créer des multiplex. L'avenir est dans ces complexes cinématographiques qui offrent en plus du cinéma, plusieurs services comme la restauration. C'est ainsi qu'on pourra préserver notre cinéma. Hicham Ibrahimi, acteur : «c'est encourageant» Encourager le développement du cinéma en parfaite collaboration avec nos deux chaînes de télévision nationales est une initiative louable. Pour les acteurs et les équipes techniques, cela signifie qu'il y aura plus de travail. Actuellement, je pense qu'on a assez de comédiens et de réalisateurs pour réussir ce projet visant l'accroissement de la production cinématographique marocaine. Je tiens tout de même à préciser qu'un film c'est d'abord un scénario. Un excellent réalisateur dirigeant une bonne équipe de comédiens ne donnera certes pas le résultat escompté si le scénario n'est pas de qualité. S'agissant de cette initiative de production de films avec nos deux chaînes, je souhaiterais qu'un comité ad hoc voit le jour pour veiller sur le bon déroulement des choses. Ce comité qui sélectionnera ces films doit être composé de gens du métier. Des professionnels connaissant le domaine pour mieux servir en fin de compte le public marocain. Driss Idrissi, directeur de «production audiovisuelle : un rapport gagnant-gagnant» Il s'agit-là d'une bonne idée. D'ailleurs, sous d'autres cieux, dans le générique de plusieurs films on trouve les logos de chaînes de télévision connues à travers le monde comme Canal+ et TV5. Dans les cahiers des charges, on discute même les horaires de diffusion. Dans ce sens, il faut dire que ces initiatives ont été d'ores et déjà entreprises par la première chaîne de télévision nationale, TVM. Je citerais là, à titre d'exemple, le film de Nour-Eddine Gounjar, « Salle d'attente ». « Lalla Hobi » du réalisateur Mohamed Aberrahman Tazi est un autre exemple de coproduction. Côté court-métrage, la TVM a coproduit «R'da», de Mohamed Bensouda qui est en compétition dans cette huitième édition du film national. Cette décision est importante puisqu'elle va profiter et pour le cinéma et pour la télé. N'oublions pas que les films occupent une bonne partie dans les grilles des programmes des télévisions à travers le monde. Bref, la coproduction est une démarche qui contribuera au développement de ce secteur dans notre pays.