«Exclusif, inédit, révolutionnaire pour l'automobiliste et l'atelier de carrosserie». Ces termes qui ne sont que trop pompeux, on pouvait les lire sur la couverture du dossier de presse remis aux journalistes, lors d'une conférence tenue la semaine dernière à l'occasion du lancement au Maroc par AkzoNobel du «StickerFix». Une appellation barbare, un anglicisme significatif ou simplement une dénomination purement marketing ? C'est selon… C'est en tout cas le nom déposé de ce nouveau procédé, breveté donc par AkzoNobel et présenté par ses promoteurs comme «l'allié des ateliers de carrosserie». Mais qu'est-ce au juste ce StickerFix ? Concrètement, il s'agit d'un film de vinyle adhésif, transparent à l'origine, mais que l'on peint dans un atelier de peinture, à l'occasion d'un passage pour une réparation de carrosserie. Telle est l'explication donnée par Hamid El Halfi, l'un des dirigeants du représentant marocain d'AkzoNobel. Une solution qui ne coûterait qu'environ 300 DH et qui remplacerait le fameux crayon jusqu'ici utilisé pour masquer les petites rayures ou éraflures. Plutôt qu'une démonstration réelle avec un panneau de carrosserie apporté sur place, les promoteurs de StickerFix (dont on précisera au passage qu'il sera commercialisé par CarRefinishes Morocco, soit une entité affiliée à AkzoNobel), se sont contentés de faire visionner une vidéo aux journalistes présents. Peu convaincant ! Cela, même si on y voit que ces autocollants sont appliqués «en 3 temps, 3 mouvements», comme ils disent. Et pour commercialiser ce produit, CarRefinishes Morocco compte sur le concours des ateliers de peinture et autres carrossiers. Mais les professionnels, les vrais, de la carrosserie ne devraient probablement pas être de cet avis. Peu de précisions ont été données sur la résistance du StickerFix à l'eau et à la chaleur… Et ce n'est finalement qu'à travers une série de questions, en l'occurrence celles d'ALM formulées avec perplexité, que les responsables d'AkzoNobel finissent par avouer que ces autocollants ne sont qu'une solution temporaire, en attendant une véritable peinture réparatrice à laquelle d'ailleurs ils ne peuvent se substituer. Voilà qui est dit. Les responsables (nationaux et internationaux) d'AkzoNobel ne sont pas censés ignorer que les constructeurs automobiles sont bien plus avancés qu'eux en la matière. Leurs départements de «recherches et développement» s'activent à améliorer tout ce qui se rapporte à la peinture automobile. Après les divers progrès accomplis en matière de galvanisation des carrosseries, avec à la clé une garantie anticorrosion portée jusqu'à 12 ans (une garantie constructeur qui sauterait d'ailleurs si l'on utilise ce StickerFix), ce sont des innovations qui révolutionneront bientôt la peinture de nos autos. Des preuves ? Les ingénieurs de Seat ont présenté, il y a deux ans maintenant, une peinture qui, tel un caméléon, prend la couleur de son environnement. Encore plus sérieux, le département R&D de Nissan a mis au point (en 2005) et même lancé la peinture «Scratch Guard Coat», soit un vernis anti-rayures qui, non seulement divise par cinq la vulnérabilité de la peinture par rapport à un revêtement conventionnel, mais fait même en sorte que la surface rayée finit par reprendre son aspect original ! On peut bien admettre que le grand groupe néerlando-suédois AkzoNobel est l'une des références mondiales en matière de peintures et de produits chimiques, mais la carrosserie automobile est tout autre chose et une spécialité à part. À chacun son métier !