Pouvoir être conscient pendant une opération chirurgicale, sans pour autant souffrir et en écoutant l'anesthésiste évoquer des souvenirs agréables à son oreille, c'est ce que proposent quelques équipes d'anesthésistes et de chirurgiens, qui pratiquent des opérations sous hypnose en France et à l'étranger. Cette technique confortable et moins risquée pour le patient qu'une anesthésie générale a été présentée mercredi lors du XIIIème Congrès mondial des anesthésistes qui se tient à Paris jusqu'à ce vendredi. "L'hypnose correspond à un état modifié de conscience", a déclaré le Pr Marie-Elisabeth Faymonville du département d'anesthésie-réanimation du CHU de Liège, un centre pionnier dans ce domaine. "C'est un processus psychologique auquel chaque individu a accès, un autre mode de fonctionnement de notre cerveau qui nous permet de focaliser notre attention différemment". Utilisée en chirurgie plastique (lifting, prothèses mammaires), en chirurgie endocrinienne (thyroïde) et gynécologique (hystérectomie), l'hypnose se pratique sous anesthésie locale au niveau de la plaie et est associée à une légère sédation pharmacologique, "à doses homéopathiques", a précisé le Pr Faymonville, "les médicaments renforçant les effets de l'hypnose". Un impératif toutefois : la méthode ne peut bien entendu se faire sans l'accord du patient. "On n'est pas hypnotisé contre son gré. On se met soi-même dans le processus. Il existe d'ailleurs des virtuoses de l'hypnose", a indiqué cette spécialiste qui propose la méthode autant que possible. Selon elle, l'idéal en anesthésie est d'assurer le confort physique du malade pendant l'opération, sans anxiété, et de permettre une récupération post-opératoire idéale. Des avantages qu'offre à ses yeux l'hypnose. "L'hypnosédation permet de diminuer la douleur post-opératoire, tout comme les nausées et les vomissements". De plus, "les gens sont moins fatigués après l'intervention. Ils n'ont pas de coup de pompe", a-t-elle souligné, faisant référence à une étude menée dans son service et comparant l'hypnosédation à l'anesthésie générale. "L'hypnosédation a permis aux opérés de reprendre leur travail 13 jours plus tôt que ceux ayant bénéficié d'une anesthésie générale".