La cinémathèque de Tanger rend hommage à Izza Génini, première femme documentariste marocaine, et propose l'intégrale de son oeuvre. Ses films sont marqués par la volonté de témoigner de la singularité culturelle du pays, de la richesse de son patrimoine musical et de sa capacité à se perpétuer. La projection des films de Izza Génini (plus d'une dizaine) qui a commencé le 5 août se poursuivra jusqu'au 30 septembre. Sera projeté vendredi 22 août le documentaire «Retrouver Oulad Moumen» (2004) qui met en scène Oulad Moumen, un village bâti sur une vaste oliveraie au sud de Marrakech et où fut fondée dans les années 10 la famille Edery. «Moussem» (2004), décrit la manifestation la plus emblématique de la vie traditionnelle marocaine. Le vendredi 29 août le public aura rendez-vous avec «Nuptiales en Moyen Atlas», «Vibrations en Haut Atlas» (2004), ainsi que «Gnaouas», (2004). Il est question dans ce dernier des esclaves venus à partir du XVème siècle avec l'or du Soudan Occidental. Les Gnaouas ont formé des confréries qui pratiquent encore des rituels de possession et d'exorcisme qui empruntent autant au monde préislamique qu'aux rituels des divinités africaines. Le Vendredi 12 septembre les cinéphiles pourront voire «Rythmes de Marrakech» (2004) ou encore «Des luths et des délices (2004)». Le film «Cyberstories», (2001) qui sera projeté vendredi 19 septembre à 21h30, va de New York à Tombouctou en passant par l'Inde et le Maroc, sous la forme d'un carnet de route personnel, d'un monde high-tech à un monde où la technique à l'état de rêve ne peut esquiver la question de l'usage du temps. Le film «Tambours battant» (2008), à travers les percussions omniprésentes pendant la fête de Achoura, à travers le récit personnel de Izza Génini, interroge la place que la musique tient dans l'identification d'un être à ses origines sociales et culturelles. Il sera question mardi 30 septembre de «Concerto pour 13 voix», (2004) et de «La Route du Cédrat», un film où on part à la recherche de ce fruit sacré dont les érudits juifs du monde entier et les paysans du Doumder attestent l'authenticité originelle entretenue depuis des siècles. Aussi, Izza Génini invitera le public à découvrir ses coups de coeur cinématographiques à travers une carte blanche notamment entre autres «Satin Rouge» de Raja Amari, «Hyènes de Djibril» de Diop Mambety ou encore «Le Soleil d'Alexandre» (2005) de Sokourove. Après Moloch et Taurus, consacrés respectivement à Hitler et à Lénine, Sokourov, le plus grand cinéaste russe vivant, se penche sur le cas Hirohito, Empereur du Japon. Enfin, sera rendu un hommage spécial au talent de productrice d'Izza Génini avec la projection du 3 au 9 et le 23 septembre de «Transes» (1981) de Ahmed El Maanouni. Mêlant enregistrements de concerts publics, interviews des musiciens, enquêtes …, «Transes» retrace l'itinéraire des mythiques Nass El Ghiwane. Formé à l'école de la rue, le groupe a révolutionné la musique marocaine en s'emparant, pour les moderniser, des modes musicaux et rituels populaires marocains, dont la transe («El Hal»), rituel sacré des Gnaouas. Mais Transes est plus qu'un documentaire, authentique oeuvre d'art, le film a contribué à faire connaître Nass El Ghiwane hors des frontières du Royaume. Au point que Martin Scorsese les a surnommés «Les Rolling Stones de l'Afrique». Soutenu par le célèbre cinéaste américain, «Transes» a été présenté en copie neuve en mai 2007 au Festival de Cannes.