Attendant un enfant, l'athlète marocaine double championne du monde du 400m haies, Nezha Bidouane, a décidé de s'éloigner des pistes pour une durée d'un an. «J'ai consenti des sacrifices et je me suis privée de beaucoup de bonnes choses, notamment le bonheur de devenir une maman, après onze ans de mariage et treize ans de dur et sérieux labeur pour représenter dignement mon pays et hisser plus haut le drapeau national sur la scène internationale». C'est ainsi que Nezha Bidouane résume toute une vie, menée pour un seul et même objectif : l'athlétisme. Le temps du bilan a donc sonné pour la double championne du monde du 400m haies. Un bilan largement positif, mais qui a été au détriment d'une vie privée et sociale « normale ». Avec un premier enfant, attendu avec impatience dans les mois à venir, Bidouane semble vouloir rattraper le temps perdu. Profitant d'une année 2002 où aucune grande compétition n'est prévue, elle a décidé de se retirer des pistes pour une année sabbatique. Le but est de marquer une pause dans une vie faite littéralement de courses et de se consacrer davantage à sa famille. Et c'est sans regret qu'elle a également décidé de ne pas participer aux championnats d'Afrique. Des championnats qui mènent directement à la coupe du monde, prévue pour septembre prochain à Madrid. « Je crois que j'ai déjà honoré mon pays et mon continent à l'édition de Johannesbourg où j'ai remporté le titre », a-t-elle déclaré à l'agence MAP. Un départ qui laisse la question de son retour sans réponse. Âgée de 31 ans, son arrêt, même si temporaire, risque de lui coûter cher. Mais Bidouane, première Marocaine à reconquérir le titre mondial sur l'épreuve du 400m haies en 1997 et 2001, reste confiante. « plusieurs athlètes ont pu être meilleures qu'auparavant et ont réalisé des exploits ahurissants », a-t-elle souligné. À cela s'ajoutent les différentes activités para et extra-sportives dans lesquelles Nezha Bidouane est engagée. Initiatrice des courses féminines sur routes, baptisées «Les circuits de l'avenir», elle compte aller jusqu'au bout. «Je veillerais au succès de ces courses qui ont pour objectif principal de développer le sport féminin au niveau national et d'aider la femme marocaine à mettre en valeur son potentiel». Le côté social demeure également son cheval de bataille. « Mon souhait le plus ardent, c'est de concrétiser dans les deux années à venir, le projet de création d'un service d'oncologie pour enfants, avec notamment une unité de greffe de cellules». La double championne du monde pense mettre fin à sa carrière le jour où les podiums lui seront inaccessibles. «Je préfère arrêter ma carrière, tout en étant au sommet. Ma passion est forte, ma volonté est de fer et mon enthousiasme est incroyable. J'attends avec impatience les jeux olympiques d'Athènes où j'espère la consécration suprême pour terminer cette longue et riche carrière en apothéose ». L'objectif à long terme de la médaillée de bronze aux olympiades de Sydney et d'aider à la formation de nouvelles championnes marocaines en athlétisme. Elle ne cache pas son désir d'embrasser la carrière d'entraîneur après sa retraite. « Je souhaite de tout mon coeur y réussir et former de nouvelles championnes qui seront meilleures que Nezha Bidouane ». Tout a commencé pour Bidouane en 1989, année où elle change de cap de la gymnastique à l'athlétisme. Ayant entamé sa carrière à l'Ecole nationale d'athlétisme, elle n'a pas tardé à devenir l'une des grandes stars de l'athlétisme mondial. Du haut de son ascension, elle ne cesse de rappeler que les joies et les gloires qu'elle a connues, c'est grâce à l'apport de sa mère Fatima et son entraîneur Aziz Daouda.