Entretien. Christian Rist, metteur en scène de «Phèdre», s'explique sur ses choix de mise en scène. Aujourd'hui le Maroc : La disposition de la scène est surprenante. Christian Rist : Pour ce théâtre classique très rigoureux, je trouve que le rapport frontal est vieilli. J'avais envie d'une mise en scène surprenante, qui renouvelle la vision… Disons que j'ai monté plusieurs fois des spectacles où j'ai essayé de sortir de ce rapport traditionnel : les gens assis en face de la scène. J'essaie d'inventer d'autres façons de faire qui sont inspirées ensuite par les textes. C'est comme dans le Nô japonais qui privilégie la circulation. Vous respectez beaucoup la diction. On ne peut monter une pièce comme Phèdre que si l'on considère que le texte a une valeur propre. Il faut rester tout près du texte, ne jamais cesser de le faire entendre. Il y a des contraintes relatives à l'écriture, puisque c'est des vers, des alexandrins de douze pieds. Il faut trouver l'équilibre entre la musicalité du texte et le sens qu'il porte. La musique de la langue m'intéresse beaucoup dans le théâtre. Pour moi, le théâtre est l'endroit où est exposée la langue dans sa plénitude qui est faite de musique et de sens. À côté de ce respect de la langue, vous avez pris quelques libertés avec la pièce. Les gifles entre Phèdre et Hyppolite n'existent pas dans le texte. À partit du moment du moment où l'on se saisit d'un texte pour le mettre sur scène, forcément on y introduit quelque chose. Le texte de théâtre est pur, mais il attend un alliage avec un corps étranger, et qui va être justement donné par la vie, par l'incarnation, par le hasard. Il faut avoir un rapport de possession amoureuse avec le texte. C'est vrai que les gifles ne sont pas marquées dans le texte, mais si l'on contente de ce qui est marqué, toutes les représentations se ressembleraient.