La petite ville d'Imintanout, oasis de verdure étendue de part et d'autre d'un oued au versant occidental des montagnes du Haut Atlas, entre Marrakech et Agadir, célèbre son festival. La ville où le célèbre anthropologue français Jacques Berque fut envoyé en administrateur colonial entre 1947 et 1953, sort de l'oubli et rassemble chaque année pendant la deuxième semaine du mois d'août la crème de la musique amazighe mais aussi des artistes venus des autres régions du Maroc. Cette année, la petite ville célèbre le migrant, le Marocain résidant à l'étranger. Elle lui réserve les meilleures prestations, œuvres des artistes les plus célèbres de la région. C'est d'abord Imghrane, ce groupe formé par des instituteurs, les trois fils d'un célèbre maître d'ahouach originaire de Tiznit. Les trois fils de Da Lahcen Habou revisitent depuis une quinzaine d'années le patrimoine des rouaïss, celui du pionnier Haj Belaïd en particulier. Le groupe représentait, il y a exactement une année, le Maroc en Chine, à l'occasion d'un festival dédié aux musiques des pays arabes, avec à la clé quatre concerts en une quinzaine de jours, dont un devant plusieurs milliers de personnes au Théâtre populaire de Pékin. Imghrane a su captiver les spectateurs chinois ébahis d'entendre une musique qui vient de loin mais si proche de la leur. Outre le groupe de Tiznit, les invités d'Imintanout auront rendez-vous avec un autre groupe non moins connu : Amarg Fusion. Créé en 2002 à Agadir, le groupe rassemble des musiciens du Souss aux influences jazz et rock qui essaient de faire de leur musique un point de rencontre entre les sons d'hier et ceux d'aujourd'hui. Une fusion accomplie entre notre patrimoine culturel traditionnel, répertoire des grands rouaïss, et les mélodies et rythmes contemporains universels tels le jazz ou le reggae. Autre vedette du festival, R'qia Demssiria, la pionnière. Une voix emblématique de la chanson amazighe depuis les années 60. Choisie pour participer à l'anthologie des rouaïss (réalisée par le ministère de la Culture marocain et la Maison des cultures du monde à Paris), elle est l'héritière d'un savoir-faire, musical et rhétorique, d'une diversité stylistique et d'une conception élevée de l'expression artistique.La quatrième édition du festival est d'ailleurs dédiée à cette artiste et un «prix Demssiria» sera discerné à la fin de la manifestation. Le festival d'Imintanout fait une grande place à la diversité. La star du chaâbi marocain, Daoudi fait partie des artistes qui vont animer ce rendez-vous annuel. Ce jeune Casablancais a toujours baigné dans l'univers de la musique populaire, en fredonnant les chansons de Noujoum Bourgogne ou autre Fatna Bent Lhoucine. Son album «Aïta daoudia » sorti en 2000 est un franc succès. La 4éme édition du Festival d'Imintanout pour l'immigré qui s'inscrit sous le signe de: «Patrimoine et identité», revisite la richesse du patrimoine des différentes régions du Maroc, l'ahouach, la dekka marrakchia, l'ahidous avec l'incomparable maestro Mouha Oulhoucine, Aita haouzia, les troupes d'Ihahan, de Taskiwine, Abidat R'ma, … mais aussi les expressions artistiques modernes, comme le rap ou le hip hop, incarnées par les jeunes groupes de la ville et de sa région. Des manifestations culturelles, sociales et sportives, avec comme invité d'honneur Mohamed Timoumi, sont également prévues pour donner à cette rencontre sa dimension sociétale.