L'automobile, le BTP et les énergies renouvelables sont, jusque-là, les secteurs identifiés par les deux pays. Le Maroc connaîtra, ainsi, l'arrivée d'un fabricant chinois des pièces et équipements automobiles. Il accompagnera les projets Renault et PSA et répondra, par ailleurs, aux besoins des usines installées dans la péninsule ibérique et en Europe. La Chine construira au Maroc une usine de production des équipements de recyclage de déchets. Cette implantation satisfera la demande croissante dans ce secteur aussi bien sur le plan national qu'européen. C'est en gros ce qui a été décidé lors du sommet sino-africain des entrepreneurs tenu les 26 et 27 novembre à Marrakech. L'ouverture du Maroc sur le marché chinois fait partie des chantiers inscrits dans le cadre de la culture du « Deal Making ». Moulay Hafid Elalamy l'avait bien annoncé lors de la présentation du Plan d'accélération industrielle en 2014. La stratégie vise la délocalisation de 85 millions d'emplois chinois à l'horizon 2020. «La Chine, puissance économique mondiale, se positionne comme un acteur incontournable dans le développement du continent africain, et a besoin de partenaires pour consolider cet avantage. Le Maroc, dans ce contexte, est en pole position pour un partenariat économique et industriel renforcé avec la Chine, à l'avant-garde de l'Afrique», relève-t-on du ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique. Moulay Hafid Elalamy a par ailleurs souligné que ce choix émane de la nécessité de tirer profit des opportunités induites par les changements structurels en cours en Chine. Ces changements se caractérisent, selon le ministre, par un recentrage stratégique sur la consommation domestique, résultant d'une hausse continue des salaires depuis 2010. La Chine connaît, annuellement, une croissance de 13 % du salaire moyen minimum prévu par le plan quinquennal 2011-2015. Ceci a induit une externalisation d'emploi chinois dans le monde et la délocalisation d'une partie de la production industrielle chinoise. Rappelons que la première édition du sommet sino-africain des entrepreneurs a vu la participation de près de 400 participants de haut niveau, dont 120 investisseurs chinois de premier plan opérant dans l'agroalimentaire, l'industrie manufacturière, l'industrie environnementale, la finance, les télécoms ou l'immobilier. L'événement vient inscrire l'Afrique et la Chine dans un nouveau paradigme. Les deux parties totalisent un échange commercial de près de 300 milliards de dollars. Le continent africain accueille à ce jour plus de 2.500 entreprises chinoises. De même, les investissements directs étrangers chinois en Afrique ont atteint en 2014 près de 30 milliards de dollars, soit 60 fois le volume des investissements en 2000. Ils ont dit Dominique de Villepin Ancien Premier ministre français Le Maroc constitue une plate-forme vers l'Afrique pour plusieurs entreprises chinoises, au regard du rôle-clé que joue le Royaume dans le développement des relations entre la Chine et l'Afrique. Le Maroc joue ce rôle du fait qu'il est un pays de stabilité, qui connaît une croissance harmonieuse grâce à la vision éclairée de SM le Roi Mohammed VI, et qui a développé sa capacité à accompagner les pays africains tout au long des dernières années. Il est impératif de tirer les leçons des «échecs» ayant marqué les relations entre la Chine et l'Afrique au cours des dernières années, afin de mettre en place une coopération gagnant-gagnant. L'Afrique connaît une croissance exceptionnelle, comme en témoignent les taux observés dans plusieurs pays comme le Maroc, la Côte d'Ivoire ou l'Ethiopie. Cette croissance devrait être mise au service du développement des infrastructures et du lancement des grands projets aux impacts positifs sur la population. Wang Yi, ministre des affaires étrangères chinois Le sommet définira des mesures à même de concrétiser les attentes des pays africains et servir l'unité entre les pays en voie de développement. La Chine saisira l'occasion du Forum pour annoncer une série de mesures visant à soutenir les économies africaines, notamment dans les domaines de l'industrialisation, la sécurité alimentaire, l'investissement et la prévention des maladies. Notre pays ne pose aucune condition politique à sa coopération avec l'Afrique et ne s'ingère pas dans les affaires internes des pays du continent. Il aidera le continent à réaliser son auto-développement et mettre en place un environnement pacifique et stable. Othman Benjelloun, Président-directeur général du groupe BMCE Bank Le Maroc a vocation à être une plate-forme de production et d'exportation pour le rayonnement des industries, des services et, en général, du savoir-faire chinois vers le continent africain et vers ailleurs et peut représenter une plaque tournante pour les relations sino-africaines et au delà, pour les relations sino-européennes, sino-atlantiques, voire sino-arabes. Des opportunités concrètes peuvent être saisies par les entrepreneurs chinois qui feraient du Maroc leur «hub». Plusieurs domaines y sont concernés parmi lesquels l'énergie, plus particulièrement les énergies renouvelables, le dessalement de l'eau de mer, les mines pour les usines de fertilisants exportables vers l'Afrique, l'automobile, les transports ainsi que les zones logistiques à proximité des ports et du réseau autoroutier.