Le chef de gouvernement a accordé un entretien à l'agence de presse espagnole EFE. Abdel-Ilah Benkiran a parlé de la politique de voisinage avec l'UE (Union européenne), le dossier du Sahara, l'immigration, les relations maroco-espagnoles mais pas seulement. Le chef de l'Exécutif a bifurqué sur plusieurs polémiques, notamment l'interdiction du film de Nabil Ayouch, «Much Loved», le spectacle de la chanteuse portoricaine Jennifer Lopez ainsi que le mariage des mineures. Sur ce dernier point, Benkiran a justifié l'autorisation par la justice du mariage des filles de moins de 18 ans, l'âge légal de mariage au Royaume. «Il n'y a pas de mariage de mineures au Maroc. Ce ne sont pas toujours des mineures qui sont mariées contre leur volonté puisque nous avons des filles de 16 et 17 ans qui veulent se marier. L'âge légal du mariage au Maroc est de 18 ans mais la justice peut autoriser les mariages pour des filles qui n'ont pas encore atteint l'âge légal dans des cas justifiés», a affirmé Benkiran. «Ce n'est pas systématique. Vous savez, lorsque des familles ne peuvent pas marier leurs filles qui n'ont pas l'âge légal, ces familles vont quand même les marier sans acte dans ce qui ressemble à une forme de concubinage avec le risque que le mari n'honore pas ses engagements. Notre souci, n'est donc pas de plaire aux Européens dans ce genre de situation», a-t-il ajouté citant le cas d'une mineure ayant décidé de se suicider parce que la justice ne l'a pas autorisée à se marier. S'agissant du film controversé «Zine li fik» et le spectacle de Lopez, le journaliste espagnol a demandé au chef de gouvernement si les Marocains n'étaient pas mûrs pour voir un film ou suivre un spectacle à la télévision. «Ce sont les Marocains qui ont refusé. Nous n'avons de comptes à rendre à personne», a répondu le chef de gouvernement. Et d'ajouter: «Il ne faut pas oublier que le Maroc est un Etat islamique et que Sa Majesté le Roi est aussi le Commandeur des croyants. Les Marocains n'acceptent pas que de telles choses soient projetées dans leurs télévisions officielles surtout que des enfants peuvent regarder la télé». Interpellé sur les fondements idéologiques de son parti, le numéro un de l'Exécutif a précisé que son gouvernement n'est pas du tout islamiste. «Notre parti politique n'est pas un parti islamiste mais juste une formation politique à référentiel islamiste. J'occupe un poste où mon rôle est de régler les problèmes du Maroc. Après notre investiture, nous avons dû faire face aux problèmes des équilibres macroéconomiques, l'enseignement, l'emploi… comment peut-on régler des problèmes macroéconomiques d'une manière islamiste ?», s'est demandé Benkiran.