Pour le PJD comme pour l'Istiqlal, les élections c'est maintenant. En effet, les secrétaires généraux des deux partis multiplient les meetings et sorties médiatiques. Et à quelques mois du scrutin, ces apparitions en public sont loin d'être anodines. Ces derniers jours, le secrétaire général du Parti de la justice et du développement, Abdelilah Benkirane et le secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat, ont choisi des régions du sud du Royaume pour rencontrer leurs partisans. Benkirane était ainsi à Errachidia supervisant le lancement d'un nouveau secrétariat régional dans la région alors que Hamid Chabat a choisi la ville de Tata, un peu plus au Sud pour son meeting. Même séparés de plusieurs centaines de kilomètres, les deux hommes étaient présents dans les discours de l'un comme l'autre. Chabat qui a choisi une salle couverte pour accueillir les partisans de son parti à Tata a critiqué la politique gouvernementale. Il a dans ce sens rappelé que l'Istiqlal était sorti du gouvernement «pour défendre et se solidariser avec les couches sociales vivant dans la pauvreté et la précarité» ajoutant que «son parti dispose d'un programme prévoyant d'améliorer les conditions de vie des citoyens, drainer plus d'investissement et promouvoir l'emploi des jeunes». Le secrétaire général de l'Istiqlal était accompagné d'une forte délégation du parti, notamment des membres du comité exécutif. De son côté, Benkirane a choisi une place publique pour s'adresser à un public venu en nombre à Errachidia pour écouter son discours. Après la danse «Ahwach» dans la région d'Agadir la semaine dernière, il s'est essayé cette fois-ci volontiers devant les caméras et les photographes à la danse populaire de la région «Rakba». Profitant ce cette ambiance, le chef de gouvernement n'a pas hésité à sortir l'artillerie lourde contre l'opposition. Le secrétaire général du PJD est notamment revenu sur la marche nationale organisée le 8 mars dernier à l'occasion de la Journée internationale de la femme par le mouvement féministe marocain et des forces de l'opposition déclarant que «des femmes ont été transportées à Rabat pour la marche alors qu'il a, lui, préféré venir en personne voir les femmes de la région». S'appuyant sur des sondages en faveur de son gouvernement, Benkirane a dit que l'opposition «participe par ses actions au renforcement de la popularité de l'Exécutif». Il a, cependant, reconnu que des problématiques persistent encore comme le chômage. «J'accepterais vos reproches concernant le chômage et je suis prêt à fournir plus d'efforts pour lutter contre cette problématique. Je ne vous dis pas que tout va bien mais il est impossible de tout réformer en trois ans», a-t-il lancé devant la foule accusant l'opposition de s'éloigner des vrais soucis des citoyens. Les hostilités sont donc lancées entre le PJD et l'Istiqlal. Les deux partis, en particulier leurs secrétaires généraux, ne ratent plus aucune occasion pour distribuer promesses et critiques. Et cela ne fait que commencer.