Alors que Amr Moussa se trouvait à Rabat, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a démenti les récentes informations au sujet de l'organisation du Sommet arabe au Maroc. Le lieu qui l'abriterait demeure incertain et la date de plus en plus lointaine. Le président égyptien Hosni Moubarak a affirmé, dimanche, que les dirigeants arabes devaient absolument tenir leur sommet – “sur la lune“ s'il le faut. Certains organes de presse ne veulent pas d'un sommet inaccessible. Ils ont localisé l'espace de la tenue du sommet arabe au Maroc. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération a démenti catégoriquement “ces informations dénuées de tout fondement“. Les médias, qui ont diffusé l'information, avaient rapporté les propos d'un diplomate arabe. Ce dernier a indiqué que le sommet arabe, reporté par la Tunisie et que l'Egypte a proposé d'accueillir, pourrait finalement se tenir au Maroc comme solution de compromis. Cette information semblait d'autant plus crédible que le Maroc a été ces derniers jours au centre des concertations sur l'organisation du sommet arabe. Il y a eu d'abord la rencontre vendredi de SM le Roi Mohammed VI avec le prince héritier saoudien, Abdallah Ibn Abdelaziz. Ensuite, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al Faïçal, est arrivé samedi à Rabat pour s'entretenir avec son homologue marocain de la tenue du sommet arabe. Cette visite a été suivie de celle du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, arrivé dimanche au Maroc. Le diplomate arabe qui a vendu la mèche, mouillée, au sujet de la tenue au Maroc d'un sommet arabe a expliqué que deux facteurs pesaient en faveur du Royaume. D'un côté, il est président en exercice du Conseil ministériel de la Ligue arabe, et de l'autre, il s'agit de l'un des pays du Maghreb qui ont appuyé le droit de la Tunisie à tenir le sommet sur son sol. Les visites diplomatiques dont le Maroc a été le théâtre “s'inscrivent dans le cadre des consultations panarabes en cours en vue de la tenue, dans les meilleurs délais, du sommet arabe“, précise pour sa part le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, et non pas dans le but d'accueillir le sommet. Pour le moment, le pays qui accueillerait le sommet demeure encore inconnu. La date de ce sommet est également incertaine. A cet égard, le président égyptien, Housni Moubarak, a écarté la tenue d'un sommet au mois d'avril : “Je serai en voyage, ainsi que le roi de Jordanie, et certains chefs ne seront pas disponibles en avril“. La tenue du sommet arabe en mai est “désormais un objectif“, a précisé, pour sa part, Amr Moussa, à son arrivée à Casablanca. A rappeler que la Tunisie avait décidé de reporter sine die le sommet arabe qu'elle devait accueillir les 29 et 30 mars, en raison de “profondes divergences“ apparues, selon elle, sur les projets de réformes dans le monde arabe. L'Egypte s'était alors déclarée prête à accueillir le sommet, mais le président Ben Ali avait aussitôt affirmé que “le report du sommet ne veut pas dire que la Tunisie renonce à sa présidence ni à son engagement de l'accueillir“. Le 30 mars, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaïssa, a affirmé qu'il n'était pas question de tenir le sommet arabe hors de la Tunisie à moins que ce pays ne se désiste pour un autre. Cette position a été également adoptée par les autres pays du Maghreb. Certains observateurs y ont vu une lutte d'influence entre un Machrek aux visées hégémoniques sur le monde arabe et un Maghreb qui refuse de se laisser dicter sa conduite. Quoi qu'il en soit, les divergences entre les dirigeants du monde arabe réjouissent d'autres parties. A commencer par Israël dont le Premier ministre, Ariel Sharon, vient de proférer des menaces dangereuses contre le chef de l'autorité palestinienne, Yasser Arafat.