Les jeunes marocains s'intéressent-ils toujours si peu à la politique ? Le ministère de l'intérieur a publié des statistiques concernant le corps électoral marocain, selon lesquelles les personnes ayant entre 18 et 25 ans ne représentent que 7% des inscrits sur les listes électorales. Pour mettre ce chiffre en perspective, il faudrait noter qu'en recoupant les chiffres du Haut commissariat au Plan (HCP), les Marocains qui ont entre 18 et 24 ans représenteraient près de 37% de la population active du Royaume. Ces données ont été mises en ligne sur le site web que le ministère de l'intérieur a dédié à la révision des listes électorales en vue des prochaines élections communales. Ainsi, le profil type des inscrits sur les listes électorales à fin mars 2014 serait un homme, issu du milieu urbain et ayant entre 25 et 45 ans. En effet, les Marocains déjà inscrits sont en majorité des hommes (55%), contre 45% de femmes. Les tranches d'âge les plus représentées sont les 35-45 ans à hauteur de 24%, suivis des 25-35 ans à 22%, des 45-55 ans (20%) puis des plus de 60 ans (19%). Les plus jeunes électeurs ne sont pas les seuls à manquer à l'appel, le même manque d'enthousiasme est relevé chez les 55-60 ans qui ne représentent que 8% du corps électoral du Royaume. Autre donnée, plutôt prévisible, les inscrits sur les listes électorales sont issus du milieu urbain. Ils se taillent, en effet, 56% des listes électorales, contre 44% pour les personnes issues du milieu rural. Outre les données et statistiques, les services que propose le site font augure d'une réelle micro-révolution numérique dans le département de Hassad. Pour la première fois, les citoyens désirant s'inscrire sur les listes électorales peuvent déposer leurs demandes en ligne. Le portail a été mis en ligne parallèlement à la campagne de révision des listes électorales officiellement lancée hier, lundi 22 décembre, par le ministère de l'intérieur et qui s'étendra jusqu'au 19 février 2015. «www.listeselectorales.ma» permet ainsi aux Marocains, y compris ceux résidant à l'étranger, de vérifier s'ils sont inscrits sur les listes électorales, de faire une demande de transfert d'inscription s'ils ont modifié leur lieu de résidence et de s'inscrire pour la première fois s'ils ne figurent pas sur les listes. Après chacune de ces opérations, un reçu de dépôt d'inscription est délivré et peut être téléchargé et imprimé par le demandeur. A fin mars 2014, le nombre de Marocains inscrits sur les listes électorales était un peu plus de 13 millions, tandis que selon certains observateurs, ce chiffre devrait se rapprocher des 20 millions. L'une des alternatives à la révision des listes électorales auxquelles pouvait avoir recours le gouvernement aurait été l'inscription systématique des citoyens détenteurs d'une carte d'identité nationale (CIN), ce qui permettrait l'inscription, presque sans exception, de l'ensemble des Marocains pouvant voter. Cette méthode, plébiscitée par plusieurs partis politiques, présente plusieurs contraintes pratiques selon le ministère de l'intérieur. Le tri des personnes en situation d'incapacité électorale (porteurs d'armes, anciens détenus, etc.), et des personnes n'habitant plus dans le lieu de résidence sur leur CIN nécessiterait des moyens humains importants et un budget temps dépassant les prochaines échéances électorales.
Les jeunes mauvais élèves
Les 13 millions inscrits sur les listes électorales avant la révision qui a débuté hier, lundi, sont en fait le corps électoral qui a participé aux élections législatives de 2011. S'il n'existe pas de données sur les tranches d'âge ayant participé au scrutin, les chiffres du ministère de l'intérieur replacent la question de la participation des jeunes sous les feux des projecteurs. La sous-représentation de la tranche d'âge 18-25 ans sur les listes électorales, fixée à 7%, suscite des interrogations sur la proportion des jeunes parmi les 45% d'électeurs ayant effectivement participé au vote lors des Législatives de 2011. Les campagnes médiatiques s'adressant spécifiquement aux jeunes et les appelant aux urnes accompagnent désormais chacune des échéances électorales. Parallèlement, les études attestant du désintérêt des jeunes pour la politique se multiplient. Si dans certains pays le manque d'implication des jeunes dans le champ politique peut s'expliquer par le vieillissement de la population, ce n'est pas le cas du Maroc où environ 70% de la population ont moins de 40 ans. Une chanson pour inciter les jeunes à voter Quelques mois avant les prochaines élections communales et régionales, une campagne appelant les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales et à participer au vote a d'ores et déjà été lancée. «Mantsayadch», initiée par la radio adressée aux jeunes Hit Radio, vise, selon les organisateurs, à «sensibiliser les jeunes à devenir des citoyens concernés». Des artistes de la scène marocaine vont enregistrer une chanson appelée Mantsayadch, sur un fond rap. Spécialement produite pour l'occasion, la chanson rassemblera Ahmed Soltane, Dizzy Dros, DJ Van, Manal BK, Muslim et Shayfeen. Par ailleurs, Hit Radio organisera des débats autour de la participation politique dans divers établissements scolaires du Royaume. Ces événements seront accompagnés de campagnes d'affichage et d'émissions en direct.