Ce sont 123 mille d'enfants qui travaillent au Maroc, notamment dans le secteur agricole. Ce chiffre alarmant a été ressorti, vendredi à Rabat, par l'ambassadeur de l'Union européenne au Maroc Rupert Joy, qui a pris appui sur les chiffres émis en 2011 par le HCP lors de la présentation du Guide consacré aux droits de l'enfant. «Une tragédie pour les perspectives du développement humain», a martelé Rupert Joy en estimant que «la question de protection des droits de l'enfant demeure un enjeu au Maroc». Le numéro un de l'UE au Maroc a également pris appui sur une étude menée par le Bureau international de travail. «L'élimination du travail des mineurs pourrait générer des avantages économiques environ sept fois supérieurs aux coûts liés principalement aux investissements pour l'amélioration des services sociaux et éducatifs», a détaillé M. Joy en incitant le pays à adopter la loi relative au travail domestique pour interdire le travail des petites bonnes. L'ambassadeur de l'UE, qui a également pointé du doigt le mariage des filles mineures au Maroc, a rappelé l'engagement de l'UE depuis de nombreuses années. Ainsi, l'UE a accordé, depuis l'an 2000, plus de 2 MMDH à l'éducation au Maroc. «Un nouveau programme d'1 milliard de dirhams devrait être signé dans les prochaines semaines», a annoncé M. Joy. Un programme qui sera dédié, selon lui, à l'accès des enfants à la scolarité y compris les enfants handicapés et ceux issus de parents migrants, outre une priorité accordée au travail domestique et mariage des mineures. Quand même, l'ambassadeur de l'UE au Maroc a salué les importantes avancées réalisées au cours des 25 dernières années par le Maroc, en matière de promotion des droits de l'enfant et d'application de la Convention internationale y afférente. «La réforme, des Codes, pénal, de la procédure pénale, de la nationalité et de la famille ont, avec la Constitution de 2011, marqué des jalons importants dans la prise en compte des droits de l'enfant», a-t-il souligné lors du lancement au Maroc du guide sur «Les droits de l'enfant: intégrer les droits de l'enfant dans la coopération pour le développement». Le numéro un de l'UE au Maroc a également évoqué la réforme du système éducatif, qui a permis, selon lui, «une augmentation de 20 points des taux nets de scolarisation des enfants au primaire, pour atteindre la quasi-généralisation de la scolarisation à ce niveau». Ainsi le Maroc est passé de 79% des enfants scolarisés au primaire en 2000 à 99% en 2013. Quant au Guide consacré aux droits de l'enfant, fruit de sept ans de travail entre l'UE et l'Unicef, il a, selon lui, comme objectifs de traduire dans les faits l'engagement de 191 pays qui ont ratifié la Convention internationale des droits de l'enfant. Ce manuel vise également à soutenir les efforts de tous les acteurs dans les pays partenaires (gouvernements, société civile et partenaires techniques et financiers), pour l'intégration transversale des droits des enfants dans tous les secteurs et pour le développement d'actions spécifiques en la matière. «Ce manuel nous serait utile dans le cadre de notre coopération avec le Maroc», a-t-il enchaîné. Un partenariat auquel Bassima Hakkaoui désire donner «une saveur différente». Quant au manuel, elle, qui s'est lancée dans un rappel des efforts entrepris par son département pour la protection des enfants, l'a qualifié de «document précieux». «Ce Guide contribuera à la mise en place d'outils pratiques permettant d'adopter une démarche axée sur les droits de l'enfant lors de la conception des programmes, des budgets, des politiques et des dispositions juridiques qui concernent le domaine du développement», a-t-elle avancé. En détail, le Guide comporte huit modules relatifs à des domaines clés, chacun contenant des outils d'application associés. Ces modules concernent notamment l'intégration des droits de l'enfant dans les politiques sectorielles, au niveau de la gouvernance et dans le processus budgétaire en situation de crise, en plus d'un module qui porte sur la collaboration avec la société civile. Dans ce sens, la ministre a également fait allusion au projet de la politique publique intégrée de la protection de l'enfance au Maroc, élaboré en partenariat avec l'Unicef, les différents départements gouvernementaux concernés, la société civile, le secteur privé et les acteurs locaux, dans le cadre de la mise en œuvre des résultats de l'évaluation de la première moitié du plan d'action national pour l'enfance (2006-2015). «Ce projet qui devra être adopté prochainement dans sa version finale se veut un projet gouvernemental traduisant les visions et les besoins des différents intervenants, ainsi qu'une action de mobilisation collective et de travail conjoint en vue de la conception d'un système de protection des droits de l'enfant, complet et intégré», a-t-elle ajouté. Cependant, il ne suffit pas de se contenter de lois, il faudra plutôt se mobiliser autour de la question des droits de l'enfant. La représentante de l'Unicef, qui était également de la partie, a abondé dans ce sens. «17.000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour. Le temps de l'indignation est passé. C'est l'heure de l'action», a martelé Regina De Dominicis.