Avec Abderrahim Yamou, nous sommes toujours devant un travail d'interrogations. Au fil des expositions, le plasticien qui vit entre Tahannaout et Paris, avance par paliers, ne ferme jamais la porte sur une période picturale pour en aborder une autre, mais crée des sentinelles, des rappels, des points de repères, qui lui servent de liens entre ces différents travaux, dans leurs nombreuses sinuosités. Pour cette exposition, du 21 octobre au 22 novembre 2014, à la galerie d'art L'Atelier 21 de Casablanca, Abderrahim Yamou demeure fidèle à son approche. D'abord, nous sommes toujours en relation avec l'élément végétal, qui semble être une constante dans l'œuvre du plasticien. Toutes les ramifications du végétal sont ici représentées, recréées, remodelées dans une vision multiforme. Entre floraisons, éclosions, périples des fils et des bourgeons, connexions, interactions… ce que raconte ce travail va au-delà de ce qui est donné à voir. Il y a l'arrière histoire de chaque feuille dans son rapport à l'être, à l'espace, aux sensations qui président à sa naissance. C'est en cela que le travail de Yamou demeure à la fois sensuel tel un hymne à la vie dans ce qu'elle a de plus originel. Cette fois, le végétal accepte la présence de celui qui est son complice dans ce long processus de vie. La main de l'homme fait son entrée dans l'espace pictural et ajoute d'autres signifiances aux relations entre la terre, l'homme et la naissance de la vie. La main qui donne, la main qui creuse un sillon entre le dit et le révélé, la main qui refuse de se substituer à la force du vital dans ce qu'elle a de plus primal, de plus essentiel. Car il est ici question de l'essence de la vie, dans une lecture esthétique entre suggestions et complicité. Derrière la main, il y a le jardinier, l'homme, mais aussi l'artiste qui façonne, triture, tourne la terre, crée de nouveaux univers à travers la couleur, la forme, la lumière et son absence. En cela Yamou reste toujours dans la finesse du regard. Il a cette acuité de ne pas forcer les traits, de laisser fluide et la vision et le sujet représenté. Pour les connaisseurs, on peut toucher dans ce travail un hommage à Ahmed Louadriri qui était à la fois peintre et jardinier et dont les travaux ont marqué un tournant dans l'histoire des arts plastiques au Maroc.
Bio express Yamou est né en 1959 à Casablanca. Il a suivi une formation dans un atelier de dessin à l'Université Toulouse-Le-Mirail, avant l'obtention d'un DEA en sociologie à la Sorbonne Paris 1. Sa première exposition individuelle date de 1990 à la galerie Etienne Dinet à Paris. Depuis cette date-là, Yamou a exposé dans plusieurs galeries au Maroc et à l'étranger.