Le bilan est inquiétant. Les intoxications sont en hausse au niveau national. Les chiffres publiés par le Centre antipoison du Maroc (CAPM) dans son rapport 2013 l'attestent. En 2013, 10.735 cas d'intoxication ont été recensés. Un chiffre qui a augmenté de près de 11% par rapport à l'année précédente.Quant au nombre de décès, le CAPM a recensé au total 96 cas. Parmi les produits incriminés, les médicaments arrivent en tête avec 3.182 cas d'intoxications contre 2.581 cas en 2012, soit un taux d'augmentation de 15,4%. A noter que 4 cas de décès ont été notifiés. La famille médicamenteuse la plus incriminée est celle du système nerveux (37,8 % des cas). Ce qui s'explique par la fréquence des prescriptions et l'importance de consommation de cette classe thérapeutique. Ces intoxications sont survenues particulièrement en milieu urbain (94%) et surtout à domicile (97,7%). La circonstance accidentelle prédominait dans 65,7% des cas et la circonstance suicidaire a représenté 34,3% des cas. Dans la majorité des cas, l'intoxication était de gravité modérée (47,5%). En seconde position, on retrouve les intoxications alimentaires avec 2.670 cas. La viande et les produits carnés, les aliments composites et les produits de boulangerie constituent les principaux aliments responsables. Le Centre a recensé 7 cas d'intoxication alimentaires mortelles. Les produits gazeux occupent la 3ème position des causes d'intoxication avec 2.554 cas. Les gaz «coupables» sont le monoxyde de carbone (CO) (98,8%) et le gaz ammoniac (0,2% ). Dans son rapport, le CAPM relève que 26 intoxiqués en sont décédés. Tous ces décès ont été imputés au CO. Malgré l'augmentation du nombre de déclarations relatives au cas de décès observé depuis 2003, les chiffres restent en dessous de la réalité. En effet, les décès qui se produisent à domicile échappent encore au système de déclaration du CAPM qui est basé sur les notifications des structures sanitaires. Pour ce qui est des intoxications par les pesticides, 1.296 cas ont été déclarés en 2013. La circonstance accidentelle a prédominé dans 59,5% des cas et la circonstance suicidaire dans 39,6% des cas. Au total, 27 intoxiqués sont décédés. La majorité de ces décès a été imputée au phosphore d'aluminium (37%). Concernant les produits d'entretien ménagers, le CAPM a recensé 593 cas d'intoxication. Les produits d'entretien ménagers responsables étant l'eau de javel (66,2%) et l'esprit de sel (18,2%). Deux décès dus à une intoxication par l'acide chlorhydrique ont été signalés. Cette diminution des cas de décès par les produits caustiques s'explique en grande partie par la stratégie mise en place par le CAPM. Pour leur part, les intoxications par les plantes sont loin d'être négligeables. 254 cas d'intoxication et 6 décès ont été signalés. Les produits incriminés sont le Maâjoune (38,58% des cas), l'Addad (6.29%) suivi de l'huile de cade ( 3,54%) puis le Daghmous (1,96%). Le décès a concerné 6 cas, soit un taux de létalité de 2,36%. Parmi les décès, 4 cas étaient accidentels, 1 cas suicidaire et 1 cas d'effets indésirables. Les produits impliqués dans ces décès sont le chardon à glu (Addad) dans 3 cas, le chénopode (M'khinza) dans 1 cas, l'huile de cade dans 1 cas, et 1 cas était dû à un complément alimentaire à base de plantes. Rappelons à ce sujet que le CAPM avait mis en garde les citoyens sur les traitements prodigués par des phytothérapeutes et des tradipraticiens lors des émissions radio. Dans sa revue de «toxicologie» du 4ème trimestre 2013, le Centre avait estimé que ces émissions rentrent dans le cadre de l'exercice illégal de la médecine qui met la santé des patients en péril. Pic des déclarations à Meknès-Tafilalet En examinant la répartition des déclarations des cas d'intoxication selon les régions, on constate que les déclarations ont augmenté dans la majorité des régions. On est passé de 30 déclarations pour 100.000 habitants en 2012 à 123,93 déclarations pour 100.000 habitants. Meknès-Tafilalet occupe la 1 ère position avec 1.470 déclarations d'intoxication, soit 64,47 déclarations pour 100.000 habitants. La région de Laâyoune-Boujdour-Sakia-El-Hamra a connu une nette augmentation par rapport à l'année 2012 avec 435 déclarations contre 98 en 2012. Cependant, le CAPM déplore la baisse des déclarations de certaines régions (Gharb-Chrarda- Béni-Hssen, Souss-Massa– Drâa, Fès–Boulemane). L'autre constat important à relever est que l'augmentation des déclarations s'est faite grâce aux déclarations des professionnels de santé. Celles-ci sont passées de 9.843 cas en 2013 contre 8.454 en 2012. Cela dit, les déclarations à travers le public ont accusé un recul (892 contre 1.141). Pour faire face à la sous notification et pour remédier à la réticence de certains professionnels de santé ou du public à déclarer, le CAPM a entrepris un projet pour institutionnaliser la déclaration de manière électronique avec un portail pour le public et un portail pour les professionnels de santé. Près de 3.000 cas d'hospitalisation en 2013 Dans 85% des cas, les intoxications étaient accidentelles et isolées dans 78% des cas. La voie orale est prédominante par rapport à la voie inhalée avec 7.600 cas contre 2682. Les intoxications par voie cutanée ont représenté 749 cas, par voie injectable (29 cas) , rectale (23 cas) et oculaire (19 cas). On notera également une augmentation de la fréquence des hospitalisations pour les cas d'intoxication déclarée en 2013 avec 2.859 cas contre 2.220 en 2012. Pour leur part, les cas d'intoxication de gravité modérée ont augmenté de 14,5% par rapport à l'année 2012. Autre constat : bien que le lieu d'intoxication à domicile vient en tête (84,13% des cas), il y a eu en 2013 une augmentation des déclarations dans les lieux publics (64,2% ). Les intoxications survenues en milieu urbain ont représenté près de 84% des cas.