Les directions nationales de l'USFP, de l'Istiqlal et du PPS ont tenu une réunion, le jeudi 18 mars 2004. Dans le communiqué qui a fait suite à cette réunion, la Koutla démocratique affirme demeurer le “cadre valable“ de l'action politique au Maroc. Ce communiqué coïncide avec l'imminence d'un remaniement du gouvernement. La Koutla renaît de ses cendres. Ses dirigeants opèrent à coups de réunions et de communiqués une opération de réanimation. Alors que la participation au gouvernement des principaux partis composant cette coalition avait réduit la voix de la Koutla démocratique, voilà qu'une réunion, jeudi soir, la remet à l'actualité. Le communiqué qui a succédé à cette réunion, à laquelle ont pris part les dirigeants de l'USFP, du PI et du PPS, souligne que “la Charte de la Koutla démocratique demeure un cadre valable pour l'action commune, en vue d'enraciner la démocratie, mobiliser les forces vives autour du projet démocratique et moderniste conduit par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de même que pour confirmer leur engagement dans l'action menée par le gouvernement, à la lumière du programme des réformes qui doit être poursuivi, soutenu et développé.“ Dans une déclaration à ALM, M. Saâd Alami, membre du PI et ministre chargé des Relations avec le Parlement, précise que la réunion du jeudi est l'aboutissement de discussions “qui se poursuivent depuis des mois en vue de redynamiser le rôle des trois partis de la Koutla“. Interrogé sur les divergences de vues entre les partis qui composent la Koutla, M. Alami répond : “Probablement que la Koutla n'a pas défini ses objectifs lorsqu'elle est passée de l'opposition au gouvernement. Ce qui a provoqué un gel de ses activités et un manque de propositions. Il y a eu également des divergences dans les positions, mais chaque parti a fait son autocritique, et aujourd'hui, je peux dire que nous avons dépassé nos désaccords“. Dans le communiqué de la Koutla, figure une phrase qui incline à croire que les trois partis postulent à des postes au gouvernement, en cas de remaniement : “Aussi est-il dans l'intérêt du pays que l'action de concertation entre les composantes de la Koutla se poursuive de manière encore plus affirmée, à tous les niveaux, dans le but de concrétiser les tâches de l'heure“. Compte tenu de la date choisie par la Koutla pour parler d'une seule voix, il y a lieu de se poser des questions sur la concordance entre le temps de cette réunion et des bruits insistants relatifs à un remaniement du gouvernement. Est-ce que les calculs ont déjà commencé en vue de la composition du prochain gouvernement ? Est-ce que les réunions répétées de la Mouvance populaire unifiée et du RNI ont soudé les rangs de la Koutla ? Est-ce que les partis composant la Koutla tiennent aussi à faire prévaloir la logique du nombre de sièges occupés au Parlement ? M. Saâd Alami affirme que le sujet du remaniement du gouvernement n'a pas été abordé dans cette réunion. M. Khalid Alioua, ministre de l'Enseignement supérieur et militant de l'USFP, déclare pour sa part n'avoir pas participé à la réunion de jeudi soir. Mais il n'exclut pas pour autant une relation entre cette réunion et l'imminence d'un remaniement ministériel. “Vous savez bien que rien ne se fait par hasard en politique, et qu'il doit bien sûr y avoir un lien entre cette rencontre et ce qui se lit dans la presse“, dit-il à ALM. Après les manœuvres et réunions de la MPU et du RNI, la Koutla hausse aussi le ton. Les principaux prétendants au prochain gouvernement ont révélé leurs cartes. Il reste maintenant à savoir si la composition de leur jeu va se révéler gagnante.