Tcharmil, insécurité, criminalité, agressions… depuis quelques jours ces mots sont dans toutes les conversations, en Une de tous les journaux et surtout font le buzz, accompagnés de photos effrayantes sur les réseaux sociaux… la peur s'est installée sur la ville. Avec un peu de recul aujourd'hui il est enfin possible de tenir un discours «raisonnable» sans être taxé de bisounours comme cela a été hélas le cas ces derniers jours, dès que l'on essayait de faire entendre une voix appelant à ne pas tomber dans la surenchère ou la spirale de la violence. Enfin, il est urgent à présent de faire la part des choses et surtout de mettre un terme à l'intox. Disons le d'entrée de jeu pour ne pas laisser à penser que l'insécurité est niée : la criminalité existe, nombre de nos concitoyen(ne)s en ont été victimes et il faut répondre au besoin de sécurité de la population. Cela étant dit, il est nécessaire de s'intéresser à ce «phénomène de société» que représente ce que l'on appelle «tcharmil». Avec le sentiment d'être souvent peu entendu combien de chroniques ai-je consacrées à notre jeunesse ici même, combien mené d'actions sur le terrain depuis des années, j'ai même publié il y a quelques jours un livre intitulé «De l'autre côté du soleil» consacré à cette jeunesse - avec en toile de fond un leitmotiv : notre jeunesse a besoin de héros, de repères, nos jeunes ont besoin qu'on leur fasse confiance, qu'on leur offre des perspectives, qu'on leur permette de s'exprimer…qu'ils puissent «vivre leur jeunesse» avant d'être vieux ! Et soudainement chacun a son mot à dire sur la jeunesse et hélas dans la majorité des cas pour en faire un bouc émissaire, pour la désigner du doigt, pour en faire une population criminogène ! Pour parler donc de ce phénomène qui fait couler beaucoup d'encre, le «tcharmil», il faut tout d'abord rétablir les choses : à l'origine il ne s'agissait pas de bandes criminelles mais bel et bien d'une espèce de frime où des jeunes en mal de repères, en mal d'identification, en absence «d'idoles» se donnent des codes vestimentaires, de langage, de coiffure… et vivent une sorte de «vie par procuration». Ce tcharmil qui les fait s'évader de leur quotidien sordide, rendu encore plus invivable par le mépris, l'exclusion, le rejet dont ils sont victimes, révélant la faillite de notre système scolaire et de notre politique de jeunesse… sans parler de l'opulence ostentatoire, insolente, des signes extérieurs de richesse que certains leur envoient au visage et qui engendrent rancœur et rancune. Ce qui s'est passé à Casablanca est un mélange de réalité : agressions, vols, attaque à l'arme blanche du Wydad… et intox voire manipulation, détournant des photos, en piratant d'autres et déchaînant une sorte de psychose collective dont le propre est d'être non maîtrisable. Certains jeunes «mcharmlines» souvent sous psychotropes, ont sombré dans la violence, la police est en train de mener une investigation et procéder à des arrestations… quant à nous, nous ne renvoyons pas à nos jeunes, exclus de tout système, l'image de «tous criminels», l'immense risque étant qu'ils finissent par s'y reconnaître et se l'approprier.