Si le suicide en soi est un tabou au Maroc, celui des enfants l'est encore plus. Il est inconcevable qu'un petit être souffrant puisse passer à l'acte mais la vérité en est autre. Tout porte aujourd'hui à croire que s'il y a une question sur laquelle il est urgent de se pencher, ce serait celle du suicide des enfants car il s'agit là de la deuxième cause de décès des jeunes âgés entre 15 et 24 ans. Ce ne serait pas tout, selon un sondage effectué il y a plus d'un an par le ministère de la santé auprès des jeunes écoliers de 10 à 13 ans, l'idée de suicide aurait traversé l'esprit de pas moins de 14% de ces jeunes. Ces chiffres donnent froid au dos mais savoir pouvoir agir pour l'éviter dans trois cas sur quatre est, quant à lui, rassurant. Comment repérer un jeune en souffrance? Et que faut-il savoir pour agir? Telles sont les questions auxquelles l'association Sourire de Reda a jugé bon d'apporter réponse lors d'une table ronde organisée le 13 février à Casablanca. L'absence de chiffres officiels sur le nombre d'enfants qui se donnent la mort n'est aucunement une raison de se leurrer en pensant que nos enfants en sont épargnés. Les données manquent au même titre que le courage d'avouer l'existence du phénomène en soi. Faire face à un mal- être ou simplement l'exprimer peut être une tâche difficile pour un enfant ou un adolescent. Fait qui pousse un nombre indéfini d'entre eux à penser au suicide. Il faut savoir toutefois qu'avant tout passage à l'acte, la personne suicidaire donne des signes qui devraient alerter son entourage. D'après le docteur Nawal Khmilechi, pédopsychiatre, «l'adolescent est plus exposé au suicide car ses actes sont plus impulsifs et il est tout le temps à la recherche de sensations fortes. C'est ce qu'on appelle de point de vue biologique la maturation cérébrale». Le docteur Khmilechi attire l'attention des parents sur le fait que tout adolescent à droit à la faille et que parfois le stress scolaire et parental crée un «réel décalage entre exigences sociales et leurs propres capacités». Chose qui affecterai grandement leur estime de soi et provoque souvent un changement radical de caractère chez l'adolescent. Selon les spécialistes, tout changement tels l'agressivité, la dépression excessive ou l'isolement doit être observé de près sans pour autant être directement lié à une envie de suicide chez l'enfant. Si l'on se réfère à l'expérience du psychologue clinicien Durant Julien Franz, «les parents devraient apprendre à communiquer avec leurs enfants sans excès. Il faut trouver un équilibre entre les besoins d'autonomie de l'enfant et la confiance qu'on lui accorde». En effet, juger qu'un enfant est trop jeune pour lui parler de sexualité à titre d'exemple ou que si l'on aborde le sujet du suicide avec cet enfant ce serait justement une erreur qui pourrait ancrer cette idée chez lui et l'encourage à l'appliquer.. tout cela est faux. Il suffirait de trouver un équilibre qui est certes complexe, mais qui éviterait à l'enfant de se perdre dans des questions auxquelles il ne trouvera pas de réponses à lui seul. En effet, on peut lire sur un guide publié par l'association Sourire de Reda autour des mythes et réalités sur le suicide des jeunes que: «parler de suicide de façon sensationnelle peut alimenter une curiosité morbide et n'être d'aucune aide, mais parler de suicide avec un objectif de prévention est indispensable». Il faut savoir également que contrairement à ce qu'on pourrait croire, une personne suicidaire a toujours du mal à se confier à ses parents. Elle vit beaucoup de culpabilité et craint de leur faire subir sa détresse. De ce fait, il est important qu'un enfant soit entouré de personnes de confiance ou, dans une autre mesure, consulter des spécialistes qui puissent l'aider à mieux communiquer ses maux et ses craintes.