Le coût de la toile donne des sueurs froides aux ménages marocains et compromet l'agenda de la stratégie e-maroc pour l'arrimage du royaume au monde du savoir et de l'information. A 18,72 DH l'heure de connexion dans un pays où le smig dépasse de peu les 1500 DH, le coût de l'Internet donne des sueurs froides aux ménages marocains et compromet l'agenda de la stratégie e-maroc pour un arrimage du royaume à la société du savoir et de l'information. Après des débuts timides, Internet commence à se frayer du chemin dans les moeurs des Marocains, mais son envol reste handicapé par l'absence de mesures incitatives, de conditions tarifaires encourageantes et d'un cadre réglementaire adéquat. Le prix exorbitant des pc et le coût élevé des communications constituent de véritables obstacles pour les jeunes avides de tchater avec des amis, les moins jeunes en quête d'une "âme soeur" ou encore pour les PME qui s'essayent à la promotion de leurs produits sur le réseau des réseaux. Ahmed, instituteur, est un grand passionné du net. Il est obnubilé par le rêve d'avoir un pc et un abonnement Internet à domicile. Pour assouvir sa soif de la toile, il est obligé de se rabattre chaque week-end sur les cybercafés, qui ont poussé comme des champigons dans les villes marocaines. « A 20 DH l'heure de connexion, c'est le quart de mes émoluments journaliers. C'est trop », s'offusque-t-il, l'air abattu. Impuissants, beaucoup de marocains partagent l'avis de cet instituteur et jugent le prix de l'Internet inabordable même pour les couches moyennes. Ils réclament une intervention forte des pouvoirs publics pour encourager l'usage de l'Internet et attendent avec impatience la libéralisation de la téléphonie fixe. « L'insertion du Maroc dans la société du savoir et de l'information ne peut se faire à ce prix exhorbitant", tonne Ali, un étudiant à la faculté de médecine de Casablanca. Officiellement, le Maroc compte actuellement 300.000 internautes et la stratégie e-maroc, dont les contours ont été arrêtés lors du symposium national tenu en avril dernier à Rabat, veut porter ce chiffre à 3 millions d'internautes à l'horizon 2005 et 10 millions en 2010. « Trois millions d'internautes en 2005, c'est un chiffre un peu fantaisiste si le prix de la communication demeure inchangé d'ici là », renchérit Ali, avec un air de dépit. • Mohamed Touzani (MAP)