Ambiance électrique au sein de la deuxième Chambre. Quelques jours après avoir rejeté le projet de loi de Finances 2014, les conseillers ont de nouveau dégainé hier face au chef de gouvernement. Les séances mensuelles de questionnement sur la politique générale à la Chambre des conseillers ont toujours eu lieu sous grande tension et la séance d'hier n'a pas dérogé à la règle. Dès son entame, les divergences sur la répartition du temps de parole entre l'opposition, la majorité et le chef de gouvernement ont refait surface. Ceci a poussé Abdelilah Benkirane à réagir sur un ton énervé. Ce dernier savait sans nul doute à quoi s'attendre face à une deuxième Chambre complètement acquise aux thèses de l'opposition. C'est ainsi que Benkirane a essuyé les critiques sévères des partis de l'opposition, majoritaires à la Chambre des conseillers sur la politique sociale du gouvernement. Tour à tour, les différents groupes parlementaires de l'opposition ont critiqué notamment «les hausses d'impôts prévues par le projet de loi de Finances» et «l'activation du système d'indexation permettant l'augmentation des prix de carburants à la pompe». De son côté, Abdelhakim Benchamach, président du groupe parlementaire du PAM (Parti authenticité et modernité) première force politique au sein de la Chambre des conseillers, a accusé le gouvernement d'avoir surendetté le pays. «Votre gouvernement a contracté en deux ans des dettes égales aux dettes que les gouvernements successifs avaient contractée sur dix années», a-t-il affirmé. Faux, lui a rétorqué le chef de gouvernement, invitant Benchamach à vérifier ses données. Benkirane a également défendu le bilan de son équipe durant les deux premières années de son mandat. Il faut dire que le chef de gouvernement a de nouveau avancé certains arguments devenus des classiques dans son discours. «Il y a deux années, des manifestations sortaient dans de nombreuses villes. Aujourd'hui, ces manifestations n'ont plus lieu. Il y a deux années, les grèves paralysaient notamment le secteur de l'enseignement et de la justice alors qu'aujourd'hui les mouvements de débrayage ne sont plus fréquents et non pas d'impact sur la bonne marche des secteurs publics», a-t-il lancé devant des parlementaires, décidément peu convaincus par les arguments de Abdelilah Benkirane. Ce dernier est même allé jusqu'à accuser certains parlementaires de diffuser des mensonges concernant les hausses des prix auprès de l'opinion publique avant de retirer ses propos face à la colère des conseillers. Concernant le volet des grandes réformes structurelles, le numéro un de l'Exécutif a promis d'accélérer le processus, notamment la réforme du système de retraite. Il a dans ce sens expliqué qu'une retraite à plus de 60 ans est devenue aujourd'hui inévitable. «Les premiers mois de la prochaine année verront le lancement des premières mesures de réforme et je veillerai à ce que la réforme soit complète d'ici le début de 2015», a annoncé Benkirane sans donner plus de détails sur la nature de ces mesures. Pour clôturer son propos, le chef de l'Exécutif a utilisé une phrase assassine affirmant qu'il dispose d'un gouvernement réussi et que le pays a besoin d'une opposition du même rang…