Après avoir franchi une phase de redressement, la microfinance au Maroc gagne en maturité. De par son élan solidaire, ce concept a pu se libérer des tentacules de la crise, en s'affichant, aujourd'hui, en tant qu'acteur majeur dans la lutte contre la pauvreté. Un positionnement qui ne pouvait être si bien préservé sans l'intérêt porté par les pouvoirs publics et la société civile. Ce secteur, vecteur d'emploi, a réussi à dynamiser l'inclusion financière au Maroc en fournissant à une population démunie les outils nécessaires à son émergence professionnelle et sociale. Et pour preuve : une stratégie sur les rails ainsi qu'une consécration annuelle des microentrepreneurs distingués. Cette initiative engagée par le Centre Mohammed VI de la microfinance solidaire en partenariat avec la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM) connaît d'année en année un engouement de la part des clients actifs. Pour cette deuxième édition, tenue jeudi dernier, le prix national du microentrepreneur a mis en lice une centaine de bénéficiaires répondant aux critères de six catégories distinctes. Au final, 24 microentrepreneurs ont été consacrés pour leur engagement, leur dévouement et aussi pour leurs perspectives entrepreneuriales. Dans cet esprit compétitif, le challenge prend une dimension régionale. La microfinance marocaine est considérée en tant que référence au Mena. En dépit de cet avantage, du chemin reste à franchir afin de hisser le secteur aux principales normes internationales. Conscient de l'enjeu, le Maroc a injecté pour la période 2012-2013 plus de 50 millions de dirhams afin de renforcer les capacités de la mircofinance et moderniser ses structures. Une performance modèle au Mena A ce jour, la microfinance marocaine sert près de 40% de personnes dans le monde arabe. De même, les institutions de microcrédit se distinguent par leur performance. Le secteur a en effet répondu à un grand besoin en termes de création d'activité génératrice de revenu. Depuis le lancement de ce concept, 39 milliards de dirhams d'encours ont été engagés au profit de 4,5 millions de bénéficiaires issus des différentes régions du Royaume. Les chiffres sont révélateurs puisque les bénéficiaires confirment avoir développé aisément leurs activités, d'où l'amélioration de leur niveau de vie. Le secteur connaît, par ailleurs, l'appui financier des bailleurs de fonds. A cet égard, 400 millions de dirhams de dons et subventions d'exploitation ont été déboursés. Toutefois , les opérateurs du secteur soulignent que ce montant reste insignifiant, compte tenu des 38,9 milliards de dirhams du cumul des montants des prêts injectés dans l'économie et aux 703,26 millions de dirhams de radiations entassées des créances douteuses. Une stratégie prometteuse à l'horizon 2020 A une année de sa mise en place, la stratégie élaborée en faveur du secteur de la microfinance au Maroc a injecté une dose de confiance pour l'ensemble des opérateurs. La visibilité pour la décennie en cours est claire : mobilisation de 40 milliards de dirhams à l'horizon 2020 au profit de 3,2 millions de bénéficiaires ciblés. Ainsi, les encours seront multipliés par 5 à 20 milliards de dirhams au moment où le taux d'impayés sera ramené à 4,6%, soit en dessous de la moyenne mondiale. En données chiffrées, le coefficient d'exploitation sera maintenu à 65% tandis que la rentabilité tourne autour de 17%. Outre l'amélioration de l'efficacité opérationnelle du secteur, la stratégie prévoit l'extension du réseau de distribution, ainsi que la diversification des produits offerts pour satisfaire l'ensemble des besoins des populations cibles. APP- microfinance solidaire : Une bonne synergie Répondant aux prérogatives de la stratégie nationale de la microfinance, un partenariat a été scellé avec l'Agence du partenariat pour le progrès (APP) en vue d'assister sur le plan technique les associations de microcrédit pour mettre à niveau leurs structures internes. Les engagements de l'APP ont atteint dans ce sens les 34,9 millions de dirhams dont 83% ont été déboursés sous trois volets, à savoir l'accès aux fonds pour la microfinance, la mise à niveau et développement de nouveaux produits financiers et l'amélioration de l'efficience opérationnelle et de la transparence. L'APP s'est engagée également dans un projet de transformation. Initiée en partenariat avec le groupe Crédit Agricole, «Attahadi» a servi, de décembre 2011 à mars 2013, 809.084 clients actifs. L'encours cumulé au premier trimestre de 2013 s'est situé, pour sa part, autour de 4,66 milliards de dirhams. Le total bilan a atteint, quant à lui, 5,21 millions de dirhams.