Le ministre des affaires générales et de la gouvernance a minimisé l'impact de l'indexation sur l'évolution des prix, dans une déclaration faite mardi à Rabat au siège de la MAP. Invité par l'agence dans le cadre de son forum mensuel, Mohamed Najib Boulif a affirmé que la hausse des trois carburants liquides les plus couramment consommés a pour but essentiel d'assurer la sauvegarde des équilibres macroéconomiques, de préserver le pouvoir d'achat du consommateur et la compétitivité de l'entreprise et de perpétuer la paix sociale. Ce triptyque, a-t-il ajouté, commande d'aller plus en avant sur la voie de l'indexation, ce qui n'exclut pas l'extension de la mesure à de nouveaux produits à l'horizon proche. Pour le ministre en effet, la mesure qui rentre dans le cadre du programme d'action du gouvernement pour améliorer la compétitivité de l'économie nationale a également pour but d'établir la vérité des prix. «Tant il apparaît que la vérité des prix est le fondement de la compétitivité de l'entreprise», a-t-il ajouté. Il a affirmé que cette vision est également celle des entrepreneurs. Il a révélé à cet égard qu'un dialogue a été amorcé avec la CGEM et qu'il va bon train au service d'une communauté de vision sur la manière d'améliorer la compétitivité de l'entreprise et partant, celle de l'économie toute entière. Mohamed Najib Boulif qui a dressé un tableau flatteur des performances de l'économie nationale, a cité un certain nombre de marqueurs dont l'évolution a été, selon lui, du meilleur effet sur le crédit du Maroc auprès des institutions financières internationales. Le ministre qui s'est félicité de ce que les dernières sorties du Maroc sur le marché international des capitaux se soient réalisées à des taux inférieurs à 3% tandis que la Grèce emprunte à plus de 12%, le Portugal à 9 et l'Italie à 7, a considéré qu'outre ces gains d'image à l'international, l'«acte souverain» qu'est l'indexation partielle est de nature à libérer le Maroc du carcan des aléas de la conjoncture et des chocs de l'évolution heurtée des prix des matières premières. Il a déclaré que ce sont ces chocs qui ont dicté la suspension de 15 milliards de dirhams d'investissement au cours de l'actuel exercice budgétaire et imposé le gel des salaires. Il a néanmoins précisé que dans la seule fonction publique, les salaires ont doublé de 2003 à 2013. Le salaire moyen est passé de 1.400 à 2.800 dirhams, a-t-il affirmé, dans le même temps où la Caisse de compensation a dépensé quelque 277 milliards de dirhams et où l'inflation n'a progressé que de 1,7% en annuel. Le ministre qui a par ailleurs minimisé le surcoût de la mesure d'ajustement des prix à la pompe a dit que les simulations montrent qu'elle n'aura qu'un effet limité sur le fret et que pour les camions de 24 tonnes, il sera de 1,4 centime sur le kilo et de 2,6 pour les 8 tonnes. «C'est une mesure réfléchie», a-t-il annoncé en réponse aux questions de la presse. Commentant les marques de contestation de cette décision par certains professionnels du transport, Mohamed Najib Boulif a laissé entendre que ces rares manifestations ne pouvaient occulter le fait que le débat qui agite le secteur est interne et que, pour l'essentiel, il porte sur la partie qui est habilitée à bénéficier de l'aide de l'Etat. Le ministre a conclu sa prestation – très fluide et très documentée au demeurant- en déclarant que l'indexation partielle a été instituée dans l'intérêt de la Nation, «afin de lui éviter un déficit budgétaire qui nuirait à son crédit à l'international, ce qui est susceptible de la conduire dans la mauvaise passe où se trouvent actuellement certains pays avancés». Najib Boulif s'est dit par ailleurs ne pas comprendre la levée de boucliers qui a accueilli la mise en application de l'indexation. Tout le monde était d'accord sur la nécessité de la réforme de la compensation, les moyens pour y arriver pouvaient-ils valablement faire l'objet d'une si rude prise à partie, s'est-il interrogé.