En effet , SM le Roi a eu à coeur, à l'occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la révolution du Roi et du Peuple, de soulever encore une fois la situation récurrente de l'éducation et de la formation, dont le Souverain a fait un diagnostic sans concessions, pointant du doigt les dysfonctionnements du secteur au point de se demander pourquoi "une frange de notre jeunesse n'arrive pas à réaliser ses aspirations légitimes aux niveaux professionnel, matériel et social?" . Le Discours royal a été aussi adressé sur un ton direct et sans ambages, puisqu'il interpelle la conscience de la nation, en particulier les parties prenantes du dossier de l'éducation et de la formation, quant aux responsabilités qui sont les leurs pour sauver ce secteur de la dégradation et l'engager dans une dynamique de renouveau et de performance. En effet, a expliqué SM le Roi, "le chemin à parcourir reste long et ardu pour que ce secteur puisse remplir son rôle de locomotive du développement économique et social". Et SM le Roi d'énumérer les multiples difficultés et problèmes dont pâtit le secteur de l'éducation au Maroc, en particulier à cause de l'adoption de programmes et de cursus qui ne sont pas en adéquation avec les exigences du marché du travail et des problèmes inhérents au changement de la langue d'enseignement dans les matières scientifiques, de telle sorte que l'on passe de l'arabe, aux niveaux primaire et secondaire, à certaines langues étrangères dans les branches techniques et l'Enseignement supérieur, avec tout l'effort que cela implique pour une mise à niveau linguistique de l'élève ou de l'étudiant . Le Souverain n'a pas manqué non plus de relever la situation peu réjouissante de certaines filières universitaires, nonobstant les efforts louables de leurs cadres universitaires, qui constituent, hélas, des usines à chômeurs surtout dans certaines spécialités dépassées. En faisant ce diagnostic qui peut sembler "fort et sévère" de la situation de l'éducation et de la formation, SM le Roi a invoqué "la charge suprême qui M'échoit d'assumer ta direction" en rappelant n'être affilié à aucun parti, ni participer à aucune élection. "Le seul parti auquel Je suis fier d'appartenir, Grâces en soient rendues à Dieu, c'est bien le Maroc", a tenu à dire le Souverain, en expliquant aussi que "cette démarche émane en toute sincérité et en toute responsabilité du coeur d'un père qui, comme tous les parents, porte l'affection la plus tendre à ses enfants". Les préoccupations qui sont ressenties concernant l'éducation et la formation dispensées aux enfants transcendent, en effet, les clivages sociaux et les appartenances catégorielles. Et comme l'a expliqué SM le Roi : "Nous partageons tous les mêmes préoccupations concernant l'enseignement dispensé à nos enfants, et les mêmes problèmes affectant notre système éducatif, d'autant plus que nos petits suivent les mêmes programmes et les mêmes cursus". C'est partant de ce diagnostic lucide que le Souverain a mis le gouvernement devant ses responsabilités quant au nécessaire redressement du secteur de l'éducation, en soulignant que lorsqu'il s'agit des questions majeures de la nation, comme celle de l'éducation, il ne devrait pas y avoir de place à la polémique stérile et détestable, ni au règlement de comptes étriqués, et encore moins à la pratique de l'injure et de la calomnie. Le rappel par SM le Roi des démarches des gouvernements successifs qui se sont attachés à mettre en oeuvre les préconisations de la Charte nationale de l'éducation et de la formation a été, dans ce contexte, fort. Le Souverain a déploré, dans ce sillage, que les efforts nécessaires n'ont pas été entrepris pour consolider les acquis engrangés dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan d'urgence. Pire encore, les composantes essentielles de ce plan ont été remises en cause, sans consultation des acteurs concernés, alors même que la démarche participative est au coeur de l'élaboration des politiques et des programmes en la matière. C'est pourquoi, le Souverain a jugé impératif que ce secteur soit inscrit "dans le cadre social, économique et culturel qui est le sien, d'autant plus qu'il a pour vocation d'assurer la formation et la mise à niveau des ressources humaines pour favoriser leur insertion dans la dynamique de développement". Malgré ce tableau peu réjouissant, SM le Roi a tenu à souligner les mérites de l'école publique marocaine, en rappelant qu'à l'époque où Il était Prince Héritier, Il suivait Ses études selon les programmes et les cursus de l'école publique marocaine, puis ceux de la Faculté de droit de l'Université Mohammed V et que les programmes des écoles publiques ont permis de former des générations de cadres nationaux. C'est compte tenu des réalités actuelles de ce secteur et de l'ampleur des défis à venir en matière d'éducation-formation, que SM le Roi a enjoint aux parties prenantes de faire prévaloir une démarche empreinte de cohérence et de continuité dans la gestion de ce secteur et d' "engager un débat large et constructif sur toutes les questions majeures de la nation, pour réaliser les résultats tangibles que les Marocains réclament". Dans le même ordre d'idées, et dans la continuité de Son discours de l'année dernière, à l'occasion de l'anniversaire du 20 août, dans lequel le Souverain a défini les grandes lignes de la réforme du système éducatif et appelé à la mise en oeuvre des dispositions constitutionnelles relatives au Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, une invite a été adressée au gouvernement pour procéder avec célérité à l'adoption des textes juridiques relatifs au nouveau Conseil. En attendant, le Souverain a annoncé avoir décidé, en application des dispositions transitoires prévues dans la Constitution, d'opérationnaliser le Conseil supérieur de l'Enseignement dans sa version actuelle, afin d'assurer l'évaluation des réalisations accomplies dans le cadre de la décennie de la Charte nationale d'Education et de Formation et de se pencher sur ce grand chantier national afin qu'il puisse s'acquitter des nobles missions éducatives et pédagogiques qui lui sont dévolues. Si le secteur de la formation professionnelle a fait, en revanche, l'objet d'un constat de satisfaction de la part de SM le Roi, il n'en reste pas moins que le Souverain a instamment recommandé de faire en sorte que les jeunes marocains choisissant les filières de ce secteur puissent apprendre et maîtriser les langues, parallèlement aux langues officielles prévues dans la Constitution, de façon à parachever leur qualification et leur permettre d'affiner leurs connaissances et de travailler dans les nouveaux métiers du Maroc, qui accusent un grand déficit en main d'oeuvre qualifiée.