Industries manufacturières : hausse de l'indice de la production de 5% au T4-2024    Les prévisions du vendredi 14 mars    Economie africaine.La croissance sera bonne mais insuffisante    Génomique, Intelligence Artificielle et Protection des Données au Maroc : Vers un Progrès Scientifique et Technologique Responsable    Paris transmettra à Alger une liste de ressortissants en situation irrégulière en vue de leur expulsion    L'Ethiopie va lancer son 3ème satellite d'observation de la Terre    FRMF: les LNFF et LNFD ont tenu leurs AGO    Botola D1/J25 : FAR-MAS et OCS-RCAZ lèvent le rideau ce soir    FRMF: Le coach national annonce aujourd'hui avant-midi sa liste pour Niger-Maroc et Maroc-Tanzanie    Commission de l'UA. Mahmoud Ali Youssouf, prend ses quartiers    Ali Belhadj condamne vivement les propos de Sabri Boukadoum : «Comment un ambassadeur peut-il s'arroger le droit d'offrir les richesses de la nation comme s'il en était le propriétaire ?»    L'ONDA désigne de nouveaux directeurs aux aéroports de Nador et d'Agadir pour accompagner leur transformation    John Cena et Jessica Beil en tournage au Maroc    Togoville Jazz Festival annonce son retour    Comediablanca le festival du rire de Casablanca, dévoile sa programmation    Le projet de décret relatif à l'élargissement de la ZAI de Kénitra approuvé    Guerre commerciale. Nouvelles taxes sur l'acier : l'UE riposte, Pékin promet des mesures    Canada : L'histoire de la présence musulmane depuis 1938 racontée dans un timbre    Literatura: El Ministerio de Cultura apoya la traducción de obras de los MRE    Marruecos-Argelia: tensas relaciones políticas y carrera armamentística    AtlantaSanad améliore son résultat net consolidé de 3,6% en 2024    Transport et logistique : Infrastructures, colonne vertébrale des ambitions de Rabat    Outsourcia renforce sa présence en France et en Tunisie en rachetant SoMezzo    Littérature : Le ministère de la Culture soutient la traduction des œuvres des MRE    Coup de coeur d'El Jadida : L'immeuble Cohen renaît de ses cendres, un siècle d'histoire restauré!    Le festival Aji Thdm anime les soirées des Rbatis    Réassurance : feu vert à Africa Specialty Risks pour opérer au Maroc    La Confédération Démocratique du Travail affirme que l'unité territoriale du Maroc est une ligne rouge non négociable    Al-Shabab : Hamdallah claque avec un triplé contre Al-Orouba    Comex de la CAF: Augustin Senghor démissionne de son poste de vice-président    Ligue professionnelle : plus de 24 milliards de centimes alloués chaque année au championnat    Course à l'armement dans le domaine des drones... Le Maroc dans de nouvelles alliances et une concurrence internationale croissante    La Lune s'éclipsera et rougira dans la nuit de jeudi à vendredi    Huile d'olive: Baitas estime que l'huile exportée ne dépasse pas les 8.000 tonnes    Festival Comediablanca 2025 : Hanane Fadili et Romain Frayssinet à l'affiche    Le Conseil de gouvernement prend connaissance de deux accords internationaux    Complexe Mohammed V : comme un air de discorde…    Le conseiller du Président palestinien salue le soutien soutenu de S.M. le Roi à la cause palestinienne    S.M. le Roi félicite le Pape François à l'occasion de l'anniversaire de son investiture à la mission papale    Droit de grève. La cour constitutionnelle valide le cadre législatif    Addis-Abeba : La participation des élus du Sud du Royaume à la 57e session de la CEA, un signe fort d'intérêt pour l'intégration continentale    BMW Golf Cup 2025 : La Team Morocco décroche la 2e place à la finale mondiale    Météo alerte orange : pluies et rafales de vent sur Casablanca    Visites en prisons : Généralisation des demandes de rendez-vous par voie numérique    Patrimoine : la Kasbah Ajbili classée patrimoine national    SM le Roi félicite le Pape François à l'occasion de l'anniversaire de son investiture à la mission papale    Central African Republic's Foreign Minister delivers letter to King Mohammed VI    "Rouge Tangerine" de Hanane Oulaïllah, un caleidoscopio de destinos giratorios    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



A dire vrai... Lettre à mon ami égyptien
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 31 - 07 - 2013


Cher ami,
Je t'écris aujourd'hui, le cœur gros. Chagriné par des révolutions qui n'en finissent pas de prélever un tribut chaque jour plus lourd parmi les enfants de leurs peuples. Des enfants hier unis dans la lutte contre la dictature, aujourd'hui rivaux fratricides pour bâtir chacun son projet de société.
Longtemps, la rive sud de la grande mare bleue vécut sous d'épaisses chapes de plomb. Et lorsque à la fin du siècle dernier les murs tombaient un peu partout dans le monde, les dictatures lâchaient prise et les tyrannies cédaient face aux irrésistibles aspirations démocratiques des peuples, notre région ne montrait, quant à elle, aucun signe qu'elle rejoindrait un jour le mouvement ambiant de retour du pouvoir aux peuples.
Bien au contraire, toutes les analyses s'accordaient pour prédire un avenir prospère à nos dictateurs qui, sous l'aura de plébiscites aux impensables scores d'adhésion populaire, préparaient leurs progénitures à perpétuer l'imposture de dynasties improvisées.
Tout était bon pour soutenir de telles conjectures. Islam insoluble dans la démocratie. Atavisme imputrescible de la nation arabe. Gènes culturels irréconciliables avec les principes de la démocratie.
Pourtant.
17 décembre 2010, un vent se leva sur nos contrées. Sidi Bouzid, petite bourgade de Tunisie. Un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes, Mohamed Bouazizi, s'immola par le feu pour protester contre la confiscation de sa marchandise par les autorités. Son geste fit aussitôt chavirer un des régimes les plus répressifs, pacifiquement de surcroît. Depuis ce jour-là, ce vent de décembre, curieusement appelé brise du printemps, a soufflé sur les contrées avoisinantes, emportant sur son passage des tyrans qui avaient coulé leur pays dans le béton de l'autocratie, bouleversant des sociétés engourdies dans de pesantes traditions passéistes, réveillant d'autres qui se plaisaient dans un narcissisme auto-entretenu.
Ce vent de décembre 2010 répandait les graines du pollen démocratique qui allait féconder l'arc sud de la Méditerranée, jusqu'en Mésopotamie. Les lustres de notre civilisation qui avait rayonné de la Perse jusqu'en Andalousie allaient briller à nouveau. Nous étions éblouis et avions peine à croire ce qui arrivait. Nous avions démenti les cassandres qui ne voyaient en nous que des peuples taillables et corvéables à merci. Nous avions redressé nos échines et pris nos destinées en main. Nous avions tenu notre rang parmi les nations. Somme toute, nous ne sommes l'objet d'aucune fatalité historique ! Ainsi nous semblait-il.
Près de trois ans plus tard, le vent de décembre s'est mué en turbulences automnales, à l'origine de spirales de violence infernale et d'instabilité sociale. S'être débarrassé de dictatures, quel qu'en fut le prix, s'avéra plus aisé que de bâtir à nouveau des sociétés de liberté, de tolérance et de vouloir vivre ensemble. Les forces sociales, à peine libres, oublièrent leurs infortunes passées, sombrèrent dans des luttes dévastatrices, chacune cherchant à imposer son joug, avec son lot de victimes, au lieu d'œuvrer à l'émergence concertée de sociétés pour toutes les composantes sociales, toutes les tendances politiques, toutes les sensibilités religieuses. Ce faisant, elles rappellent Pierre Victurnien Vergniaud, tribun de la Révolution française, qui a dit : «La Révolution est comme Saturne : elle dévore ses propres enfants.»
À l'encontre des courants bien-pensants, tu m'as convaincu du bien-fondé de la déposition de Morsi, l'Egypte ayant inauguré un paradigme sans précédent dans l'histoire de la démocratie. Pour la première fois, un peuple n'a pas attendu le terme du mandat du président élu pour demander son départ.
Cher ami,
Je souscris à ton analyse, lorsque tu cites la Constitution américaine qui donne le droit au citoyen de se rebeller contre l'autorité pour combattre le despotisme. L'« impeachment » n'a-t-il pas été justement conçu pour renvoyer un président ? Je partage ton avis que les urnes ne sont valables que dans un système stable où les mécanismes de débat et de concurrence politique sont bien compris, et non kidnappés par une mouvance dont la vision est dans un tunnel qui regarde vers le passé.
Devant une Tunisie à la recherche d'une impossible Constitution, une Libye en proie aux luttes des factions, une Syrie en pleine tourmente, une Egypte déchirée autour de son futur projet de société, les questions que tu soulèves interpellent. Faut-il se résoudre à admettre que la démocratie n'est pas pour le monde arabe ? Que la démocratie ne peut pas accueillir la théocratie en son sein ? Que foi et politique sont un mélange détonant ? Que foi et démocratie seraient incompatibles ? Que la foi est d'ordre privé, et que la politique a pour fin de gérer une société plurielle ? Sauf à vouloir reproduire l'inquisition européenne.
Discordes, clivages et crispations entretiennent la tectonique en cours dans nos pays. Ils constituent les ingrédients du choc des acteurs sociaux entre lesquels il urge d'organiser la concertation fondée sur le respect mutuel et la bonne foi, afin qu'ils fassent vite l'apprentissage de la démocratie, sous peine de voir cette partie du monde profondément ébranlée… et de donner raison aux funestes présages des sombres cassandres.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.