La tension est montée d'un cran entre l'Istiqlal et le PJD. La réunion de la majorité du jeudi dernier a fini en queue de poisson lorsque le chef de gouvernement a exigé de Chabat des explications après son discours cinglant du 1er mai contre certains membres du gouvernement. Mais le secrétaire général de l'Istiqlal a refusé d'aborder le sujet. Et face à l'insistance de Benkirane, la réunion a été levée avant même d'avoir commencé. «La réunion de la majorité gouvernementale devait avoir deux principaux points à son ordre du jour, à savoir la question du Sahara et la situation économique du pays. Or, le chef de gouvernement a notifié à M. Chabat qu'il n'est pas prêt de discuter l'ordre du jour avant d'avoir des explications sur son discours du 1er mai», explique Adil Benhamza, porte-parole du parti de l'Istiqlal. Et de poursuivre: «Le secrétaire général de l'Istiqlal a refusé de son côté d'aborder le sujet du 1er mai d'abord parce qu'il ne figurait pas dans l'ordre du jour, sachant que ce dernier contient deux sujets, en l'occurrence la question du Sahara et la situation économique, et qui sont suffisamment importants et urgents pour avoir la priorité. Ensuite, M. Chabat a expliqué devant les alliés que la Fête du travail permet aux syndicats et leurs affiliés de faire le point et critiquer le gouvernement lorsqu'il le faut». La rencontre de la majorité a été donc suspendue sans parler ni du Sahara ni de la situation économique et encore moins du 1er mai. Il faut dire que les relations entre les composantes de la majorité n'ont jamais connu un tel niveau de tension. Le PPS qui s'est estimé directement visé par le discours du secrétaire général de l'Istiqlal et leader de l'UGTM (relais syndical du parti de la balance), s'est fendu d'un communiqué virulent critiquant les propos tenus par Chabat. «Le bureau politique a débattu des propos diffamatoires et accusations ignobles proférées, lors d'un meeting à l'occasion de la célébration de la Fête du travail, à l'encontre de leaders de notre parti, qui sont en même temps membres du gouvernement. Il a exprimé à cet égard sa vive indignation face à ces accusations indécentes et à ces procédés innommables, intrus sur la scène politique marocaine, et porteurs de déliquescence», lit-on dans le communiqué. Pour rappel, le SG de l'Istiqlal avait cité le ministre du PPS chargé de la santé, Lhoussine Louardi, en qualifiant les informations de ce dernier concernant le régime du Ramed de «mensongères». En outre, Chabat avait parlé lors de son discours devant des dizaines de milliers des partisans de son parti et syndicat, d'un ministre sans pour autant préciser son identité ayant assisté à une séance de questions orales au Parlement dans un état «d'ivresse». Ces déclarations ont fait réagir également l'Exécutif après sa réunion hebdomadaire du jeudi. Dans un communiqué, le gouvernement a exprimé «sa vive indignation suite aux propos diffamatoires proférés à l'encontre de certains ministres à l'occasion de la célébration de la Fête du travail». Pour sa part, le PJD a évité lors de la réunion de son secrétariat général sous la présidence de Benkirane d'évoquer directement l'incident. Slimane Amrani, secrétaire général adjoint du parti de la lampe et son porte-parole, a tout juste déclaré que le numéro un du PJD a exposé devant les membres du secrétariat général la situation générale et ses développements depuis leur dernière réunion. A noter que la tension entre les alliés de la majorité risque de s'exacerber à l'occasion de la prochaine session du conseil national de l'Istiqlal, prévu samedi prochain, avec un discours très attendu de Hamid Chabat. Ces discours ne laissent d'ailleurs personne indifférent à commencer par ses alliés.