A courir l'efficacité énergétique dans le bâtiment, le ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville a fini par s'adresser à pays plus éloigné que ce que prescrit la tradition qui invite à quêter le savoir-faire (même) en Chine. Conscient de ce que les enjeux de la construction écologique sont nombreux et déterminants à l'heure actuelle au Maroc, il est allé chercher l'inspiration en Australie. Et de fait, il a été beaucoup question de modèles et de transfert de technologie dans le domaine de l'habitat au cours du séminaire organisé vendredi à Rabat autour du thème «Bâtiment vert et efficacité énergétique: expérience et savoir-faire australiens». Chiffres et exemples à la clé, les représentants de la Commission du commerce d'Australie et ceux des sociétés leaders de la construction écologique dans ce pays ont dit ce qui les désigne à jouer les mentors dans un domaine appelé à un grand développement «en raison du boom démographique, de l'éventualité de la raréfaction croissante des énergies et de l'aggravation des rejets à effet de serre». Depuis qu'en l'an 2000, les Olympiades de Sydney ont révélé le savoir-faire australien dans l'infrastructure verte de masse, les experts de ce pays ont affiné leur technologie et l'ont étendue à des domaines tels que le résidentiel, les immeubles de bureaux et l'individuel. Si bien que cette activité représente aujourd'hui 9% du PIB australien, qu'elle a formé plus de 40.000 techniciens de haut niveau- expatriables donc-, et qu'ayant réalisé quelque 7 millions de mètres carrés de bâti vert certifié, elle a fait de l'Australie le leader du bâtiment vert, un domaine sur lequel ce pays compte pour prétendre à sa part du marché africain. Pour le ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, les enjeux sont tout aussi déterminants, mais sur une aire autre. Nabil Benabdallah a précisé les objectifs de la coopération bilatérale qu'il veut impulser en rappelant que le bâtiment entre pour 35% dans la consommation finale de l'énergie au Maroc, que celle-ci est pour 95% importée et que le bâtiment vert devrait permettre d'économiser 12 à 15% de ce total d'ici à 2020. Il a également fait remarquer que l'efficacité énergétique est un élément essentiel des politiques publiques et des programmes structurels et que pour ce qui concerne son département, elle est incontournable eu égard à l'impératif de construire 170.000 logements chaque année, ce qui représente une dépense d'énergie colossale. Le ministre a estimé que le temps de la construction durable est venu, car elle économise l'énergie, respecte l'environnement et favorise le développement économique et social. Il a jugé que ces avantages la désignent à servir de fondement à la construction de villes inclusives et productives, objectif essentiel de sa politique de la ville. Il a conclu en déclarant que le séminaire sur l'efficacité énergétique annonce le début d'une ère nouvelle pour le bâtiment au Maroc. A rappeler que 9 projets pilotes d'efficacité énergétique dans le bâtiment ont été lancés l'année dernière par l'Agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (ADEREE) avec l'aide financière de l'Union européenne (UE).