La protection du consommateur a désormais un nouveau défenseur au Maroc. C'est ce qu'il faut retenir de l'atelier de lancement de l'Initiative sur la transparence des prix au Maroc organisé, hier, mardi 9 avril, à Casablanca. Aussi, plus qu'une initiative, il s'agit d'une réelle dynamique d'actions et de sensibilisation. Une opportunité pour améliorer la performance sociale et le respect des principes de protection des consommateurs au moyen d'une meilleure transparence des prix des produits de la microfinance. Soutenue par la Plate-forme des Pays-Bas pour la microfinance (NPM), l'Initiative est mise en œuvre en partenariat avec Mftransparency, Planet Rating et le Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire (CMS). Autant d'institutions réunies dans l'objectif de partager les nouveaux standards de calcul des prix pour les produits de microcrédit. Citons dans ce sens Bank Al-Maghrib qui intervient depuis 2006 en tant que régulateur du secteur. La banque centrale a lancé donc une étude sur la politique de la tarification des prix permettant ainsi de tracer un panorama sur l'évolution du comportement des associations de microcrédit (AMC) vis-à-vis de leurs clientèles. Constat à retenir : La transparence , dans ce sens, n'est pas dans ses développements les plus élaborés. Des affichages non systématisés, des conditions non appliqués et absence de clarté des contrats … Tous ces facteurs impactent la politique de tarification des AMC. En effet, les prix affichés par le secteur sont en inadéquation à la fois avec le coût réel des acteurs ainsi qu'avec le profil du risque du client et le secteur d'activité. Bank Al-Maghrib démontre, par ailleurs, le taux moyen pondéré par le secteur qui se situe autour des 35 % : Une moyenne identique à celle des grandes associations de microcrédit (34 %) et en deçà des petites et moyenne AMC (45%). Malgré la consistance de ces chiffres le Maroc montre une certaine aisance par rapport à d'autres pays où le taux oscille entre 100 et 200 %. En outre, les coûts restent élevés par rapport à l'exploitation, le refinancement, et le risque. Ce dernier se fixe à 5% après un pic de 9% en 2009. Autre facteur qui influe la modalité de perception des intérêts est l'application des taux nominaux allant de 10 à 32%. Tenant compte de l'ensemble de ces données, Bank Al-Maghrib œuvre pour la détermination d'une composante globale en termes de tarification. L'objectif requis est d'harmoniser les coûts en plafonnant la marge à 2%. A noter que l'Initiative se décompose en quatre activités. Il s'agit en premier de la collecte de données, la standardisation et la diffusion des prix des produits de microcrédit. La deuxième activité tourne autour de la formation des institutions de microfinance, des institutions financières, des réseaux, des bailleurs de fonds, des investisseurs et des autres acteurs du secteur. La troisième correspond à la mise à disposition de documents pédagogiques aux acteurs du secteur. Enfin, la quatrième activité est une formulation de recommandations aux instances réglementaires sur la politique de communication des prix. «Le lancement de l'Initiative sur la transparence de la tarification au Maroc arrive à un moment où l'ensemble des acteurs consolident leurs efforts, en vue de redonner une nouvelle dynamique au secteur et lui permettre de faire face aux mutations socio-économiques que connaît le pays. L'un des principaux objectifs de la stratégie marocaine de la microfinance est de servir 3,2 millions de bénéficiaires d'ici 10 ans. Un des piliers fondamentaux de cette stratégie est incontestablement la professionnalisation du secteur», indique Youssef Errami, directeur exécutif du Centre Mohammed VI de soutien à la microfinance solidaire. Et d'ajouter que «cette initiative s'inscrit bien dans le cadre de la réalisation d'une professionnalisation poussée du secteur, mais aussi dans le cadre du souci de protection de la clientèle. L'intérêt suscité par cette initiative fait que nous ne pouvons qu'encourager la dynamique de réflexion qui en découlera. C'est dans cet objectif que nous sommes très heureux d'accueillir chez nous nos partenaires pour un débat large et fructueux». «Nous sommes ravis que le Maroc soit le premier pays de la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à être reconnu pour ses efforts de promotion de la performance sociale et des principes de protection des clients à travers la transparence des prix en microfinance». C'est ainsi que s'est exprimé Chuck Waterfield, directeur général de Mftransparency, au sujet du lancement de l'initiative. M. Waterfield indique, par ailleurs, que le Maroc a su donner l'exemple dans la région et dans le monde sur différents aspects. Le MF transparency, qui est une organisation non gouvernementale présente dans une trentaine de pays, est très enthousiaste à l'idée que le Maroc réaffirme son engagement pour la microfinance responsable avec le lancement de l'Initiative sur la transparence des prix. Permettant ainsi de mieux comprendre l'environnement concurrentiel des institutions de la microfinance auxquelles est attribuée une notation.