Le mois sacré du ramadan débute dans deux semaines. Cette année, il débutera le 1er Août et coïncide de ce fait avec la forte chaleur et la canicule coutumière durant ce mois. Si pour un adulte en bonne et parfaite santé la pratique du jeûne durant le mois de Ramadan ne pose pas de problèmes, il en va autrement pour les personnes malades, les sujets âgés, ceux qui sont sous traitement médical. Conseils pour un ramadan sans soucis. La pratique du jeûne présente des avantages pour la santé, c'est quelque chose qui est aujourd'hui reconnue scientifiquement, médicalement à l'échelon international. Mais quand le jeûne risque d'altérer significativement la santé ou lorsque on est déjà malade, l'Islam exempte tout simplement celle ou celui qui se trouve dans l'incapacité de jeûner : “Allah cherche à vous faciliter l'accomplissement de la règle, il ne cherche pas à vous la rendre difficile”, Sourate Al Baqara, Verset 185. Le fait d'être malade entraîne un état de faiblesse de l'organisme, une diminution des capacités de la personne à réagir, à se défendre, à se mouvoir. La maladie provoque un déséquilibre au niveau de l'organisme. Ce qui fait que le jeun peut être un facteur aggravant. Il est clairement démontré que les maladies de longue durée ou de courte durée peuvent exposer le malade à des complications, cet état de fait peut s'aggraver si la personne s'efforce de jeûner. Il s'agit notamment du diabète, de l'hypertension artérielle, de l'ulcère de l'estomac, de l'insuffisance rénale, des malades cardiaques, des femmes qui allaitent, des personnes âgées faibles ... Avant de pratiquer le jeûne toutes ces personnes devraient prendre la bonne et sage décision de consulter leur médecin, de demander des conseils éclairés au praticien pour la conduite à adopter pendant le mois sacré du Ramadan. Toutes ces personnes ne présentent pas les mêmes maladies, n'ont pas la même constitution physique, ne réagissent pas de la même manière face à la maladie. C'est pourquoi les conseils qui pourront être donnés par les médecins ne seront pas forcément identiques. Une personne porteuse d'une maladie associée à une pathologie principale ne ressemble en rien à une autre qui ne présente que cette pathologie. De plus, on tient compte de l'état général du patient, de son terrain, de la gravité de l'atteinte, du traitement préconisé, etc... Mais schématiquement, voici les conseils les plus donnés par les médecins, des conseils que nous avons recueillis auprès des praticiens. Le diabète Le diabète est une maladie durant laquelle le glucose augmente dans le sang. On distingue de diabète non insulinodépendant (qui est traité par des comprimés par voie orale) et le diabète insulino-dépendant dans lequel des injections régulières d'insuline sont nécessaires. Les patients diabétiques non-insulino-dépendants qui souhaitent jeûner peuvent le faire en continuant leur traitement s'il se fait en une ou deux prises quotidiennes en adaptant éventuellement leur traitement sur les conseils de leur médecin et en veillant à rompre leur jeûne s'ils présentent un malaise. Par contre les patients qui souffrent d'un diabète insulino-dépendant sont plus difficiles à conseiller. Si ces malades diabétiques souhaitent absolument jeûner, il faut qu'ils remplissent les conditions suivantes : 1° Le diabète doit être équilibré par le traitement depuis plus d'un mois. 2° Le patient doit savoir correctement pratiquer l'auto contrôle de sa glycémie (le taux de sucre dans le sang). Pour cela, il faut qu'il dispose d'une machine personnelle de contrôle de sa glycémie et qu'il sache s'en servir 3° Le malade doit, avant de commencer à jeûner, aller voir son médecin traitant et lui annoncer son intention de jeûner, lui expliquer ce que ça implique, lui demander de revoir son protocole d'injections d'insuline en fonction des horaires des repas et en fonction des résultats de sa glycémie 4° Durant la journée de jeûne, le diabétique doit contrôler sa glycémie plus souvent que d'habitude et en particulier au moindre malaise. 5° Si la glycémie descend en dessous de 0,70 gr/l, il doit absolument rompre le jeûne même si son intention de départ était de jeûner toute la journée. C'est très important parce que s'il ne le rompt pas, il met sa vie en danger. Les maladies rénales Le rein est un organe de filtration et d'élimination des déchets, le problème est que les malades du rein se perçoivent souvent comme étant en bonne santé puisqu'ils ne souffrent pas ! Or le jeûne du Ramadan, du fait de la privation de boissons et surtout en période de grandes chaleurs, entraîne la diminution de la filtration glomérulaire rénale. Il est conseillé donc aux patients souffrant d'une maladie rénale en poussée, dont la clairance à la créatinine est inférieure à 70 ml/minute de ne pas jeûner Ceux qui souhaitent malgré d'essayer devront effectuer un ou deux jours de jeûne puis contrôler l'absence d'infection urinaire et à nouveau leur fonction rénale : si elle s'est aggravée, ils doivent arrêter de jeûner, sinon, ils peuvent continuer avec une surveillance hebdomadaire. L'ulcère gastro-duodénal Pour l'ulcère gastro-duodénal, il est retenu que le patient souffrant d'un ulcère évolutif ainsi que celui qui a un ulcère cicatrisé de moins de 6 mois ne doivent pas jeûner. Seul le patient qui a un ulcère cicatrisé depuis plus de 6 mois peut jeûner mais sous traitement protecteur de la muqueuse gastrique. Les pathologies cardio-vasculaires La personne manifestant une hypertension artérielle simple peut jeûner tout comme celle porteuse d'une valvulopathie non compliquée d'insuffisance cardiaque ou porteuse d'un angor stable sans symptôme. Mais elle ne doit pas jeûner si elle manifeste une hypertension artérielle compliquée d'un accident cérébral ou cardiaque récent (moins de 3 mois), une hypertension artérielle ajoutée à une insuffisance rénale confirmée, une insuffisance cardiaque avec ou sans l'hypertension, un infarctus du myocarde moins de 3 mois (interdiction formelle), un angor instable ou une polythérapie (plus de 2 prises) quelque soit la pathologie. Dans tous ces cas, il faut tenir compte des observations suivantes : Le médecin traitant est celui qui connaît le mieux l'état du patient et la gravité de la maladie. Il faut impérativement respecter le traitement et les mesures hygiéno-diététiques prescrites par le médecin traitant. Pour les malades autorisés à jeûner, il faut contacter son médecin dès l'application du moindre symptôme anormal. L'asthme Il faut d'abord souligner que l'asthme est une maladie mortelle. D'autre part, un certain nombre de patients jouent à se faire peur en retardant le moment de la prise de médicament lors de la crise. C'est un jeu très déconseillé ! Si leur asthme est bien stabilisé (moins d'une crise par semaine) par l'intermédiaire de leur traitement, ils peuvent donc essayer de jeûner en poursuivant leur traitement habituel. Le problème se pose pour les bronchodilatateurs inhalés, en général de type Ventoline® (Salbutamol), Maxair® (Pirbutérol), Bricanyl® …..Car une toute petite partie du produit passe quand même dans l'œsophage. La question est donc de savoir si en inhaler durant les périodes du jeûne rompt le jeûne ou pas sachant que la prise de ce type de médicament quatre fois par jour où plus peut être nécessaire.... (Donc également durant la journée, période de jeûne), tout en soulignant le devoir absolu de traiter une crise. Il faut noter que la prise d'aérosols inhalés rompt le jeûne. La grossesse Il faut d'abord remarquer que la grossesse n'est pas une maladie mais un état physiologique. La femme enceinte, plus que d'autres, risque de faire des hypoglycémies durant sa grossesse et que si elle en fait, le bébé qu'elle porte en fait aussi, ce qui risque de lui être dommageable On peut donc affirmer qu'une femme enceinte a le droit de jeûner mais qu'elle doit arrêter de le faire si elle ressent un malaise car le bébé risque de souffrir. La prise de médicaments Les médecins sont souvent interrogés par les patients sur la prise de médicaments. Il faut souligner que l'absorption par voie orale d'un médicament durant la journée rompt le jeûne. Les fréquences de prises de médicaments sont calculées en fonction de leur élimination. Il ne faut donc pas «sauter» une prise au risque de compromettre tout le traitement. Par contre, une adaptation des horaires de prise est souvent possible Pour les patients qui prennent un traitement deux fois par jour, ils peuvent le prendre en se levant le matin avant l'aube et reprendre leur traitement au moment de l'Iftar (rupture du jeûne au coucher du soleil) le soir. Enfin, d'autres médicaments, qui doivent être pris à jeun ou qui nécessitent plusieurs prises deviennent difficilement maniables dans les conditions du Ramadan. Plusieurs alternatives restent néanmoins possibles : changer un médicament par un autre qui peut être administré en une seule prise par jour ; changer la forme de la prise, pour donner une prise autorisée à la place d'une prise non autorisée sachant que la religion autorise un certain nombre de voies d'administration du médicament pendant le jeûne sans pour autant le rompre. En conclusion, il est encore temps pour les malades qui présentent l'une ou l'autre des maladies que nous venons de passer en revue et qui désirent malgré tout jeûner en ce mois sacre de Ramadan, de s'adresser à leur médecin traitant qui est la personne la plus indiquée pour les orienter, les conseiller d'entreprendre ou non le jeûne. D'ici là portez–vous bien, et n'hésitez pas à nous écrire pour plus de renseignements.