La maladie de Parkinson, appelée également paralysie agitante, est une pathologie neurologique qui touche environ 1 à 2 % de la population de plus de 50 ans au Maroc. Elle est due à la dégénérescence des cellules nerveuses d'une zone située dans les noyaux gris centraux du cerveau (la substance noire). Elle se caractérise habituellement par un tremblement, une lenteur des mouvements et une contracture musculaire. Mais certaines caractéristiques de la maladie de Parkinson demeurent méconnues du grand public. Le point sur une maladie neurologique victime de beaucoup d'idées reçues Cette maladie est peu connue au Maroc et n'est pas encore considérée comme une priorité de santé publique; mais vu l'augmentation de l'espérance de vie et le vieillissement de la population, cette maladie neuro-dégénerative sera de plus en plus fréquente. Selon les estimations épidémiologiques, environ 30.000 personnes seraient atteintes de la maladie de Parkinson, avec environ 4000 nouveaux cas déclarés chaque année. La maladie de Parkinson n'affecte pas les capacités intellectuelles des malades contrairement à la maladie d'Alzheimer qui induit des pertes de mémoire. Comme le souligne Michel, malade de Parkinson : “Alzheimer et Parkinson sont deux maladies complètement différentes. Lorsque l'on est atteint de la maladie de Parkinson, on garde, je l'espère, notre pleine conscience le plus longtemps possible.” L'atteinte neurologique ne concerne que les mouvements volontaires et en aucun cas les autres parties du cerveau. À l'échelle mondiale, la maladie est diagnostiquée chez plus de 300.000 personnes chaque année. Il semble que l'incidence soit plus élevée chez la population blanche que chez la population noire. ? La maladie touche plus souvent les personnes âgées de 55 ans et plus. On estime qu'à 65 ans, une personne sur 100 serait atteinte, et 2 personnes sur 100 à un âge supérieur à 70 ans. ? Les hommes sont plus souvent atteints par la maladie que les femmes, pour des raisons non connues actuellement. ? Une personne dont l'un des parents est atteint de la maladie de Parkinson présente un risque plus élevé d'être elle-même atteinte de la maladie. Les troubles liés à la maladie de Parkinson apparaissent le plus souvent vers 50 à 70 ans. Au moment où les premiers symptômes cliniques apparaissent, on estime que 60 % à 80 % des cellules nerveuses de la substance noire seraient déjà détruites. Le symptôme le plus fréquent de la maladie est le tremblement, classiquement c'est un tremblement de repos unilatéral (habituellement un membre supérieur). Les autres signes cardinaux de la maladie sont l'akinésie (ralentissement moteur) et la contracture musculaire. Il faut savoir que toutes les personnes atteintes de la maladie de Parkinson ne présentent pas systématiquement un tremblement et que le tremblement des membres peut être présent dans d'autres maladies neurologiques que la maladie de Parkinson. A noter que la maladie peut débuter par des signes trompeurs tels qu'une dépression ou des douleurs pseudo-rhumatismales. Au niveau des traitements, où en sommes-nous? Les médicaments sont de deux types : - Les médicaments dopaminergiques représentés par la L-dopa, qui se transforme au niveau du cerveau en dopamine, dont la production est réduite dans la maladie de Parkinson. - Les médicaments agonistes dopaminergiques qui potentialisent l'action de la dopamine en agissant sur les récepteurs de la substance noire. La L-dopa est administrée à doses progressives (pour obtenir la suppression des symptômes), essentiellement quand il existe une lenteur des mouvements et une raideur musculaire. Il est à noter qu'un nouveau traitement très attendu au Maroc et disponible en Europe depuis de nombreuses années sera bientôt mis sur le marché national : il s'agit du Stalevo* qui est la combinaison de 3 molécules : la L-dopa, la Carbidopa et l'Entacapone. En plus des médicaments, on peut prodiguer une rééducation fonctionnelle (kinésithérapie) à tous les stades de la maladie. Un soutien psychologue est parfois nécessaire en particulier lors de l'annonce du diagnostic de cette maladie chronique et potentiellement handicapante. Il est important pour le malade de rester actif le plus tard possible et d'être bien soutenu. La création d'une association Maroc Parkinson permettrait de mettre en place des réseaux de soutiens dans les différentes villes du royaume. Autre point important, la nécessité d'une prise en charge pluridisciplinaire de cette maladie chronique associant le neurologue, coordinateur de l'équipe, au kinésithérapeute, à l'ergothérapeute, à l'orthophoniste, à l'infirmier voir au psychologue ou psychiatre. Ce travail multidisciplinaire peut être optimisé dans des Unités du Mouvement Anormal et de la maladie de Parkinson au sein des services de Neurologies des CHU du Maroc. Il est donc important d'éduquer et d'informer la population sur la fréquence et les symptômes de cette maladie et d'encourager à consulter un neurologue en cas de doute. En effet dans notre pays, la maladie de Parkinson est rarement diagnostiquée à un stade précoce. A noter que la maladie de Parkinson est la deuxième cause d' handicap moteur chez l'adulte et la deuxième cause de troubles intellectuels chez les personnes âgées. Afin que l'ensemble des patients marocains atteints de cette maladie soit soigné correctement, il faudrait que les pouvoirs publics s'impliquent plus activement dans la prise en charge des malades, et ceci en mettant sur le marché marocain les médicaments anti-parkinsoniens récents nécessaires pour un traitement optimal. Mais aussi qu'ils élargissent rapidement l'AMO à l'ensemble de la population. Ceci permettra aux patients d'une part d'utiliser les médicaments adaptés à leur cas particulier et d'autre part de bénéficier de soins complémentaires (kinésithérapie, orthophonie, etc.…) indispensables pour réduire le handicap de cette maladie chronique et améliorer leur qualité de vie.