En augmentant le prix du blé tendre à 290 DH le quintal, le gouvernement entend permettre aux agriculteurs de toucher les dividendes de l'actuelle campagne céréalière. Une raison avancée par le département de tutelle, qui vient de décider, lundi, «un prix référentiel de 290 DH le quintal, rendu moulin, pour le blé tendre au lieu de 280 DH/q lors de la précédente campagne agricole». En même temps, «le gouvernement maintient la prime de magasinage de 2 DH/q et par quinzaine à tous les achats de blé tendre de la récolte nationale 2011 et instaure un droit de douane de 135% sur le blé tendre importé à partir du 1er mai». Le communiqué officiel, repris par l'agence Map, signale, par ailleurs, que «c'est la première fois que les droits de douanes ont été placés à leur plus haut niveau». Ces mêmes droits de douane seront appliqués au blé dur importé, à partir de juin prochain. Ces mesures, qualifiées par le ministre de l'Agriculture, de «justes et équilibrées», tombent à un moment où le pays s'attend à «une campagne céréalière favorable», si l'on en croit le ministre de l'Agriculture. Elles visent un «soutien du prix payé aux producteurs» pour les faire «profiter de cette bonne campagne». Mais, comment pourrait-on être si sûr alors que les dernières pluies sembleraient contrarier toutes les prévisions ? Il y a aussi cette question: le prix de la baguette resterait-il inchangé ? Certes, pour l'heure, le blé, il y en a à gogo. Les importateurs ont fait le plein durant l'automne et le printemps, profitant des largesses du gouvernement, en termes d'exonération des droits de douane. Donc, en principe, les greniers, comme les silos, sont bien garnis, aussi bien en blé local qu'en blé européen et américain. Et les prochaines importations, au cas où elles auront lieu, seront probablement de très faibles quantités. Sauf si «Mère Nature» devient moins clémente et obligerait alors à revoir tout l'arsenal de régulation instauré par les pouvoirs publics. On se souvient de la sécheresse qui a frappé de nombreux producteurs mondiaux (Ukraine, Australie et même l'Amérique) ainsi que des inondations en Asie. Actuellement, on n'a pas fini d'enregistrer des catastrophes un peu partout dans le monde. Cette année, en raison de quelques signes de détente, les analystes écartent le scénario du pire : l'offre serait suffisante pour couvrir la demande et la hausse des cours sur les marchés internationaux perdrait en intensité, en comparaison avec les pics enregistrés en 2010. Comme c'est un élément de base dans nos sociétés arabes, le blé, dont le prix a connu des hausses vertigineuses en 2010, a été derrière la flambée des principaux produits alimentaires (farine de qualité, pâtes et spaghetti, etc.). Début 2011, des émeutes ont éclaté en Tunisie, Egypte et ailleurs, à cause de la hausse du prix de la baguette. Au Maroc, la régulation du marché céréalier marocain est assurée depuis 1973 par l'Office National Interprofessionnel des Céréales (ONICL). La subvention à la farine de blé tendre -à travers la caisse de compensation- a permis de stabiliser les prix des farines et des grains, et de préserver la stabilité sociale.