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Entretien avec Mbark Wanaïm (Chercheur à l'IRCAM) : «Le combat amazigh a encore de beaux jours devant lui»
Publié dans Albayane le 10 - 04 - 2011

Mbarek Wanaïm, chercheur à l'Institut royal pour la culture amazigh (IRCAM) souligne dans cet entretien que «l'historien est tenu au respect des règles de la recherche en vigueur». Dans ce cadre, il revient sur l'histoire de la culture amazighe et sa contribution pour l'indépendance du pays. Les Propos.
Al Bayane: Présentez-vous brièvement aux lecteurs de notre page.
M.W:Je m'appelle Mbark Wanaïm. Je suis originaire de Lakhsas (Anti-Atlas). Historien de formation.
Quels types de difficultés posent l'écriture et la recherche en histoire ?
Pour être honnête avec vous et sans langue de bois, l'écriture et la recherche en histoire contemporaine, en tant que disciplines et champ de réflexion scientifique, se heurtent, depuis la restauration du Maroc dans son indépendance, à deux difficultés majeures. La première en la matière concerne la méthodologie employée par nos essayistes pour appréhender les problématiques historiques. Celle-ci résulte de deux courants de pensée qui s'opèrent dans l'université marocaine, le premier est d'inspiration structuralo-marxiste qui écarte les archives et le terrain dans sa réflexion. Courant très fidèle à la rhétorique. Le second courant à mon avis prend racine dans la pensée « biblique » de Germain Ayache, qui est extrêmement aveuglée par les documents. A tout cela s'ajoute bien entendu la seconde difficulté sur laquelle bute la recherche depuis longtemps à savoir l'influence exécrable des idéologies qui s'opérèrent dans la société.
Que représente l'histoire amazighe au sein de l'histoire nationale ?
C'est un sujet sur lequel on a coulé beaucoup d'encre. Mais il faut se remettre dans les deux contextes colonial et postcolonial pour remonter à la racine du mal. L'enseignement au Maroc a été, depuis l'indépendance, orienté vers des choix disons-le politiques, dont le fond fut, soigneusement, taillé au regard des convictions politiques des décideurs, tenus à la fois par l'esprit de revanche contre l'héritage colonial français et par l'idéologie du panarabisme par laquelle ils sont obnubilés. Fidèle à ses convictions, c'est cette vieille garde, aujourd'hui, qui continue à défende, âprement, ce statut quo. Voilà pourquoi l'histoire sociale et politique des tribus amazighes ont été, dés le départ, proscrites et sans équivoque.
Quelle est la contribution des amazighes dans la lutte contre la colonisation ?
Je souhaiterais parler plutôt de l'apport de tribus que de personnes. Car parler de personnes c'est aussi assumer les dérives de certains. Oui les tribus ont joué un rôle très central dans le combat livré aux troupes coloniales entre 1912 à 1934. Les archives de l'ancienne puissance coloniales et la poésie locale regorgent d'informations assez détaillées à ce sujet.
Comment appréciez-vous la place accordée à la résistance amazighe dans le système éducatif national ?
Pas vraiment à la hauteur du sacrifice accomplit par les tribus. C'est injuste, car rappelez-vous, pendant cette résistance sanglante, des villages amazighs ont été, entièrement, décimés à jamais par l'aviation française. Aujourd'hui ces lieux de mémoires sont délaissés et très rongés par l'oubli. Il faut sensibiliser les associatifs au sujet des lieux mémoriaux.
Quelles relations établissez-vous entre l'identité et l'histoire officielle marocaine ?
L'histoire nous fait part de beaucoup d'incohérences. Il en va de même également pour le champ identitaire marocain, durement investit par les idéologies. Pour parler de ça il faut avoir les pieds sur terre, ce qui n'est toujours pas le cas actuellement.
En quoi l'élite des chercheurs en histoire peut-elle contribuer à renforcer les revendications de la mouvance amazighe ?
Sincèrement entre l'élite et le mouvement il y a un énorme fossé qui ne cesse de prendre de l'ampleur. On ne se comprend pas du tout. Le courant passe très mal. Je ne sais pas d'où vient cette incompréhension. En refusant de quitter sa bulle intellectuelle, l'élite amazighe contourne sa responsabilité suprême. Elle doit accepter les critiques formulées à son encontre par les associatifs. Du côté de ceux-ci, c'est l'incompréhension. Je pense que le chercheur engagé doit rompre avec son paternalisme et tendre la main aux associatifs à l'épreuve de repères. C'est urgent pour éviter au mouvement de faire naufrage, dont les prémices se profilent déjà à l'horizon.
Quelle distinction faites-vous entre l'historien spécialiste et le militant de la cause amazighe ?
L'historien est tenu au respect des règles de la recherche en vigueur. C'est important pour sa crédibilité scientifique. Il est aussi tenu à la perspicacité de l'analyse amenant à la compréhension et à l'appréhension du phénomène historique. Etablir des diagnostics préliminaires oui mais il n'a pas à formuler des sentences. Les militants, quant à eux, tiennent à la culture de sentences héritée de l'espace politique marocain; ce qui n'est, toujours, pas le cas chez l'historien. Même s'ils se mobilisent pour la même cause, l'historien et le militant doivent tracer une zone tampon pour éviter tout débordement. C'est important pour encadrer les déchainements et les influences mutuelles. Car chaque espace à ses propres règles pour ne pas dire ses propres armes.
Où se situe, selon vous, l'avenir du combat amazighe ?
Le combat amazigh à encore de beaux jours devant lui. Il est, me semble t-il, en pleine traversée du désert. L'absence d'une feuille de route ficelée et l'influence de la vieille garde lui font souvent défaut.
Quels sont vos centres d'intérêt à l'IRCAM ?
Avant de venir à l'IRCAM je m'intéressais aux questions des conflits armés contemporains et leurs apports dans la construction/destruction de la géopolitique régionale.
Aujourd'hui, mes efforts s'inscrivent dans la réflexion que mène le Centre des Etudes Anthropologiques et Sociologiques sur la transmission du savoir-faire et de l'héritage historique contemporain en milieu amazigh. Tel est le mot d'ordre clé de notre plan d'action.
Votre dernier mot.
Les Imazighen doivent se ressaisir s'ils veulent se dégager du bourbier. Mais pour cela il faut absolument rompre avec les méthodes staliniennes par lesquelles certains responsables associatifs continuent à gérer leurs associations. Sans se débarrasser de ce fléau je ne vois pas comment l'on pourrait préparer une relève à la hauteur des défis qui nous attendent.
Propos recueillis par : Moha Moukhlis
Communiqué du Mouvement Amazigh du Maroc Central
Attachement aux revendications légitimes
Le Mouvement Amazigh au Maroc Central suit avec attention les séismes sociaux et politiques que connaissent certains Etats d'Afrique du Nord et du Proche Orient qui ont déjà emporté certains régimes despotiques. Elle considère que le Maroc n'est pas une exception dans la dynamique actuelle et qu'il a connu à son tour un mouvement de protestations politique, économique, social et culturel initié par le Mouvement du 20 Février que le Mouvement Amazigh a intégré avec force afin de mener le combat pour la démocratie, la liberté et la dignité.
Dans ce contexte, les organisations et militants amazigh du Maroc Central réunis à Méknès le 19-03-2011, après avoir examiné la situation et ses tenants et aboutissants, déclare à l'opinion nationale et internationale son attachement indéfectible à ses revendications légitimes, à savoir :
1-La promulgation d'une constitution démocratique qui émane du peuple, qui reflète ses espoirs et qui garantit l'application de sa volonté réelle, une constitution qui repose sur la séparation des pouvoir ainsi que la séparation de la religion de l'Etat ;
2-L'affirmation de l'identité amazighe du Maroc, identité ouverte sur tous les apports culturels et religieux ainsi que l'affirmation de la langue amazighe unifiée comme langue officielle du pays ;
3- L'octroi des conditions à l'amazighité : langue, culture, civilisation et histoire afin qu'elle puisse rattraper le retard causé par des décennies d'une politique volontaire d'exclusion et de marginalisation, et de considérer «azref» (le Droit amazigh) comme l'une des sources du Droit marocain;
4-L'instauration d'un système fédéral à partir du principe de l'unité territoriale, la spécificité culturelle et historique, la complémentarité socioéconomique, dans le but d'assurer à chaque entité territoriale les mêmes conditions et les mêmes opportunités pour un développement global, tout en accordant une priorité aux régions marginalisées depuis des décennies et notamment les régions rurales ;
5-La promulgation de lois permettant la poursuite de ceux qui ont commis des crimes politiques, sociaux, économiques et culturels ;
6-La libération immédiate de tous les détenus politiques avec à leur tête les détenus du Mouvement Amazigh (Mostapha Oussaya, Hamid Attouch et Chakib Elkhiyyari) ainsi que les détenus du Mouvement du 20 Février ;
Tout en condamnant la répression sauvage, les arrestations de manifestants pacifistes dans différentes régions ainsi que les actes de provocation de la part du makhzen et de ses services, nous réaffirmons notre détermination à continuer la lutte pacifique sous toutes ses formes que le Mouvement du 20 Février adoptera ;
D'autre part, nous exhortons toutes les composantes et militants amazighes ainsi que toutes les forces vives du pays à rejoindre la mobilisation de manière responsable et consciente afin de réaliser les aspirations légitimes du peuple.
Les organisations signataires :
1- Le Congrès Mondial Amazigh
2- Option Amazigh
3- L'Association des Populations des Montagnes du Monde (section Maroc)
4- Coordination Amyafa
5- Organisation de la Jeunesse Amazighe
6- Front Amazigh Unifié 20 Février
7-Commission de Suivi de la rencontre d'Agadir
8-Association Amghar
9- Association Culturelle Assid
10- Association Tawada
11-Association Amnzou
12-Association Amnay
13-Association Anzgum
14-Commission de Soutien aux Détenus du MCA
15-Front Amazigh Unifié-Aderyuch
16-Association Féminine Tifsa
L'interdiction des prénoms Amazighs
Sifaw Toughzaoui un nouveau cas
Hassan Toughzaoui fils de la vallée Dades ,Bumal n Dades ,Warzazat sud est du Maroc immigré en France, s'est présenté le vendredi dernier 25 Février 2011 au consulat du Maroc a Rennes En France, pour enregistrer son nouveau né à qui il a choisi un nom Amazigh/Berbère SIFAW né le 09/02/2011. L'interessé s'est déjà présenté dans les lieux et l'agent de l'état civil sur place l'a demandé de joindre à sa demande, un acte de naissance et une copie intégral .Hassan a du refaire la visite au consulat après avoir fourni un dossier complet. Le 02/03/2011, Hassan Toughzaoui est surprit d'avoir rejeté sa demande vue que le nom qu'il a choisi à son nouveau-né Sifaw ne figure pas sur la liste fameuse de ministère de l'intérieure et qu'il fallu faire une demande auprès du ministère de l'intérieur au Maroc pour demander une autorisation. L'intéressé a exprime sa colère ce qui a nécessité l'intervention des autres fonctionnaires qui essaient de le mettre à la porte par force.
Il est à signaler que les Amazighs (Berbères) sont victimes, comme de nombreux peuples, de discriminations liées à leur culture, leur Histoire, leur identité .Les parents amazighs, ainsi, n'ont pas le droit de donner de prénoms amazighs à leurs enfants.
D'un coté, l'Etat marocaine, le ministre de l'intérieure a déclaré qu' «il n'existe aucune restriction au choix des prénoms, ni aucune liste limitative pour la liberté des citoyens en la matière» et d'un autre coté, des agents d'état civil qui mentionnent, et qui basent leur décision de refus sur la liste autorisée de prénoms .En interdisant tel ou tel autre prénom amazigh, et l'inscrire auprès des tribunaux, est l'histoire d'énerver les parents et de les inciter à faire «plus simple», autrement dit : choisir un prénom arabe pour leurs enfants.
Pour tout renseignements sur cette affaire, veuillez contactez Hassan Toughzaoui sur son numéro de Téléphone et son Email.
Par : Omar Zanifi
Asif n Dades, Sud-est du Maroc
Email: Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
Tél : +33-299275400
Randonnée pédestre au cœur
de la cédraie à Khénifra
Environ 250 personnes ont pris part à une randonnée pédestre organisée dimanche dernier au coeur de la cédraie de la province de Khénifra, à l'initiative de du Club des randonneurs «Ismoune N'Aari» (les amis de la forêt).
Le coup d'envoi de cette traversée hors des sentiers battus, dans un milieu naturel riche en faune et flore, a été donné à Ajdir par le gouverneur de la province, M. Ou Ali hajir qui a saisi l'occasion pour mettre en exergue les potentialités touristiques dont regorge cette région.
Il s'est également félicité de ce genre de manifestations qui sont de nature à valoriser les sites naturels et les richesses forestières dont dispose la province, notamment le cèdre, rappelant par la même occasion que l'autorité provinciale se penche sur la réalisation de plusieurs études visant l'aménagement et partant la valorisation des lacs d'Aguelmam Azegza et Tiguelmamin et des sources d'Oum Errabie en vue de stimuler l'activité touristique, notamment écologique, dans la région.
Le nom du site historique d'Ajdir restera lié au Discours prononcé par SM le Roi Mohammed VI le 17 octobre 2001 dans lequel le Souverain a annoncé la création de l'IRCAM.
Outre sa portée historique, Ajdir c'est aussi une forêt majestueuse de cèdre et de chêne vert, deux composantes essentielles qui s'étendent à perte de vue. Le site offre ainsi la découverte d'une nature grandiose qui constitue l'une des principales richesses économiques, écologiques et naturelles de la province de Khénifra, voire du Royaume, eu égard à l'importance de la superficie couverte en or vert ou le cèdre.
Le long de l'itinéraire tracé par les organisateurs sur une dizaine de kilomètres, les randonneurs ont eu l'occasion de savourer et d'apprécier un paysage aussi riche que varié et de rencontrer une population locale fière composée essentiellement de transhumants.
Pour les organisateurs de cette «aventure» en pleine cédraie et altitude du Moyen Atlas, la valorisation du patrimoine culturel de la région n'était pas en reste.
En effet, une troupe locale d'Ahidous a gratifié l'assistance d'un spectacle envoûtant à l'arrivée des randonneurs programmée également dans une auberge située dans le plateau d'Ajdir, et qui constitue par la même occasion le siège du club organisateur de cette manifestation «Ismoune N'Aari».
Le spectacle a permis aux participants et aux visiteurs du site d'Ajdir public de savourer un grand moment de bonheur musical et partant découvrir le patrimoine culturel local, dont la musique et le chant amazighs demeurent l'une des principales composantes.
Certes la randonnée revêt principalement un caractère sportif, touristique et culturel. Toutefois, ce genre de manifestations initiées en plein milieu rural offre aussi l'occasion pour mener des actions sociales.
Dans ce cadre, les organisateurs ont prévu, à l'arrivée de la randonnée, la distribution de couvertures au profit d'une quarantaine d'enfants d'une école d'Ajdir et qui sont issus des familles de la région, dont la majorité sont des transhumants.
Cette initiative louable a suscité un écho favorable aussi bien auprès des participants à cette activité socioculturelle, sportive et touristique que des bénéficiaires de cette action.
Mohamed Koursi (MAP)
Awal
Table ronde sur les manifestations en Afrique du Nord
La revue, dirigée par Tassadit Yacine a invite des chercheurs spécialisés dans l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient le 17 mars passé, à 16 H 00.
Awal, la publication [1] spécialisée dans les études berbères a organisé une table ronde sur «la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient». La rencontre a eu lieu à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). La plaquette du programme ne mentionne pas explicitement les révolutions de Tunisie et d'Egypte, la guerre civile de Libye et les manifestations qui secouent plusieurs Etats.
Parmi les invités, les historiens Benjamain Stora, Mohammed Harbi, Pierre Vermeren (Paris I), les anthropologues Hosham Dawod, le sociologue Alain Joxe [2], le Libyen Othmane Bensasi.
[1] fondée en 1985 par Mouloud Mammeri et Tassadit Yacine avec le soutien de Pierre Bourdieu
[2] petit-fils de Louis Joxe et fils de Pierre Joxe, deux ministres qui en savent long sur l'Algérie et son régime
Algérie
Cours de berbère pour
les ressortissants à l'étranger
L'information est parue le 3 mars, on peut la lire notamment sur le site du ministère algérien des Affaires étrangères. Un projet pour enseigner l'arabe et le berbère aux ressortissants expatriés. Le texte annonce que le gouvernement souhaite enseigner les deux langues à ses ressortissants scolarisés à l'étranger, à tous les cycles de l'enseignement. L'arabe est déjà proposé à tous les petits Algériens en fonction d'accords signés entre Alger et le pays d'accueil. En France par exemple, l'élève se voit proposer un cours dans la langue arabe en vertu de l'ELCO (Enseignement des langue et culture d'origine) alors que les cours de berbère sont seulement financés quand une association en fait la demande. Le projet publié le 3 mars prévoit donc que le berbère bénéficie des mêmes avantages que l'arabe, dans les trois cycles. Il reste à savoir s'il s'agit d'une annonce sérieuse ou d'une déclaration visant à fâcher l'opinion sur la très sensible question linguistique.


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