Au deuxième jour de la seconde édition des rencontres méditerranéennes sur le cinéma et les droits de l'homme, les experts en matière de traite des êtres humains ont dit, après en avoir analysé l'évolution, leur appréhension de voir s'aggraver le phénomène. Car ont-il souligné la traite progresse dans des proportions inquiétantes en débit des efforts consentis par la communauté internationale pour la brimer. Pour l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le point de départ de cette lutte qui devrait fédérer autant les Etats que les organisations internationales est l'authentification de son champ d'action. Pour elle, la traite n'est pas le trafic des humains, lequel est une prestation de service assurant le transport d'une personne vers une destination donnée où il reste maître de son sort. Toute autre est la traite que le protocole additionnel à la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée définit comme «le recrutement, le transport, le transfert, l'hébergement ou l'accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d'autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude tromperie , abus d'autorité ou d'une situation de vulnérabilité, ou par l'offre ou l'acceptation de paiements ou d'avantages pour obtenir le consentement d'une personne ayant autorité sur une autre aux fins d'exploitation». Commentant ce long intitulé, Mbarek Bouderka du CNDH l'a jugé nécessaire pour rendre compte de la gravité et de la diversité des crimes qui mercantilisent l'humain. Car l'exploitation dont il est question dans le protocole onusien peut prendre l'aspect de la prostitution d'autrui ou d'exploitation sexuelle, comme elle peut revêtir la forme du travail ou des services forcés, voire de l'esclavage ou de pratiques qui lui sont analogues telle que la servitude. Elle peut même se réaliser à travers un phénomène qui prend de plus en plus de l'ampleur : le prélèvement d'organes. Mais pour le moment a-t-il jugé, c'est la prostitution forcée qui est le genre le plus courant. Pour que la traite soit établie, il faut qu'elle ait été le fait d'une bande, a-t-il dit, avant de soulever la question de la suprématie du droit international sur l'interne. Pour le protocole onusien en effet, la victime, en cela même qu'elle a été forcée, échappe à la sanction pénale que l'instigateur est seul à subir. A première vue, ce n'est pas l'avis de la Chariaa qui appelle à punir les deux protagonistes de l'accouplement prohibé. Mais la contradiction n'est qu'apparente, car dans la sourate Annour, la femme convaincue de prostitution forcée est formellement absoute de ce pêché Cette conformité étayée, l'expert s'est interrogé sur le retard mis à publier le protocole onusien au Bulletin Officiel alors que le Maroc, comme 137 autres Etats dans le monde, l'a adopté. Ce retard est d'autant plus préjudiciable que pareillement aux trafics d'armes et de drogue, celui des personnes attire par les gains qu'il assure. En même temps que la sanction, il faut donc engager des actions de prévention contre ce risque. C'est ainsi que pour l'expert, il faut prémunir le vivier des victimes désignées de la traite que sont les femmes par des actions d'autonomisation, d'alphabétisation et de conscientisation. De surcroît, Il faut aménager les conditions d'une coopération internationale permanente entre les Etats dans le domaine de la lutte contre la traite. Car, comme le cinéma qui s'est engagé à la combattre, la traite est un phénomène universel.