Comment les médias doivent-ils contribuer à la consécration du processus de la transition démocratique ? Telle est la question centrale à laquelle devaient répondre les participants à la conférence-débat, organisée par HEM, jeudi 24 février à Casablanca, placée sous le thème «Les médias plus que jamais à l'ordre du jour ». Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, a dressé un diagnostic des réformes entamées par l'Etat depuis 2002. Des réformes qui avaient pour objectif la mise à niveau des entreprises médiatiques et aussi la garantie de la liberté d'expression, a tenu à souligner l'ex-ministre de la communication. Et d'ajouter qu'il était nécessaire, comme première étape, d'ouvrir un dialogue entre l'Etat et la presse afin d'instaurer un climat de confiance. Conformément à cette approche, il a été procédé à la révision du Code de la presse. Ainsi, 20 articles ont été supprimés parmi les 24 contenant des peines privatives de la liberté. Le secrétaire général du PPS a fait remarquer qu'on aurait pu faire mieux, si on avait accéléré le rythme de la concrétisation des résultats de concertation. Pour Nabil Benabdellah, la réforme avait aussi pour objectif, l'amélioration des conditions des journalistes et la modernisation des entreprises de presse. Ainsi, l'Etat a mobilisé une enveloppe budgétaire s'élevant à 50 millions de DH lors de la signature de la convention-cadre, afin que l'appui financier soit également élargi aux entreprises médiatiques non-partisanes, employant à l'époque des journalistes avec des salaires ne dépassant à peine les 1500 DH. En fait, toujours selon le secrétaire général du PPS, le but escompté de la philosophie de la réforme et la convention cadre qui en a résulté, notamment l'appui financier de l'Etat, visaient la modernisation, voire un certain reengineering des organes médiatiques. Par ailleurs, Ignacio Cembrero, correspondant du journal El Pais, a dressé un tableau noir de la réalité journalistique au Maroc. Le journaliste espagnol a motivé son constat par les entraves dont ont souffert et souffrent encore la presse. Ce qui a poussé, certains parmi eux, à mettre la clé sous le paillasson. Cembrero a considéré que le rôle de la presse est de publier des informations qui ne sont pas toujours positives. Il estime que la presse étrangère ne s'intéresse qu'aux journaux qui prennent le contrepied de l'information et surtout celle qui ne caresse pas dans le sens du poil. Cembrero a rappelé que la presse au Maroc est victime d'exactions diverses et c'est à la justice que ce rôle a été dévolu. Le journaliste espagnol a par ailleurs précisé que tous les pays européens ont depuis longtemps abandonné l'idée de se doter d'un code de la presse spécifique. Les journalistes en Europe, selon lui, sont soumis aux dispositions du code de procédure civile et à celles du code de code de procédure pénale, d'où son idée qu'un code de la presse dans une démocratie n'a pas lieu d'être. Il a affirmé que les journalistes marocains sont tenus de ne point franchir un certain nombre de ligne rouges. Il a aussi critiqué le fait que toutes les autorisations de tournage soient soumises à l'approbation préalable du ministère de la communication. Il a cependant reconnu que les journalistes étrangers opérant au Maroc disposent de plus de marges de manœuvre comparativement à l'Algérie et à la Tunisie. Rétorquant à ces propos, Nabil Benabdellah a affirmé qu'il n'existe point de lignes rouges au Maroc. Il a expliqué par exemple que le sujet de la religion est traité dans la presse quotidiennement et personne n'a jamais été inquiété. Cela dit, Benabdellah a rappelé que le programme politique du PPS stipule que tout individu est libre d'épouser la religion de son choix et la liberté de culte est ainsi présentée comme un principe de base dans le programme du parti. Le SG du PPS a rappelé que la presse s'est arrogée la liberté de commenter des sujets et des positions politique du souverain. Ce traitement d'inégale consistance a même débouché sur des interprétations abusives à l'égard desquelles le Roi a fait montre de magnanimité et de tolérance. Alors que dans des cas similaires, souligne Benabdallah, des journalistes ont été poursuivis et condamnés à la prison ferme pour publication d'informations non avérées touchant à la vie de la famille royale espagnole. Benabdellah estime que toute réforme du champ médiatique comporte des aspects positifs comme elle peut revêtir des aspects négatifs comme c'est le cas dans les démocraties les plus ancrées.