L'artiste peintre Ahmed Jaride expose une série de ses œuvres récentes, depuis le 18 février courant et jusqu'au 11 mars prochain, à Marrakech. Visible aux cimaises de la Galerie d'Art «Noir sur Blanc», cette exposition, placée sous le signe «le manifeste des fragments», laisse à voir et à apprécier une nouvelle collection de toiles de cet artiste qui s'est construit, au fil des années, un grand palmarès avec une démarche plastique pleine de réflexion et de remise en question. En parlant de son dernier travail, Jaride affirme que «ce qui me tient le plus à cœur devant la toile, ce n'est point de meubler l'espace de formes et de couleurs, mais plutôt de supprimer le plus de phrases visuelles possibles pour n'en garder que l'essentiel, ou plus exactement la trace essentielle, ce fragment à l'orée de la dissémination et de l'oubli». Jaride ne peint pas les choses, mais leur trace. D'ailleurs, la chose en tant que sujet, n'existe que très rarement dans ses œuvres. En effet, il travaille sur le «néant» en tant que thème et non en tant que chose. C'est dire que Jaride passe le plus clair de son temps à effacer et à dégarnir les espaces dans l'espoir de découvrir une trace ou un brin de trace. L'effacement prend plus de temps dans la réalisation d'un tableau que les ajouts. Ce choix comporte beaucoup de risques parce qu'il l'expose au danger d'abîmer le tableau ou plutôt expose celui-ci à l'endommagement, a expliqué encore Ahmed Jaride. Pour nombre d'observateurs, l'art chez Jaride est ascétique dans la mesure où il s'écarte de l'ornementation et de la fioriture et n'accorde aucune importance au verbiage visuel. La concision du signe, l'envie de dire le maximum par le minimum, la dimension spirituelle, telles sont les principales caractéristiques de ses œuvres. Pour plus de précision, le blanc n'est pas une couleur pour l'artiste peintre, mais de la lumière, de même que le noir n'est pas une couleur, mais l'absence de lumière. Aussi, le blanc est pour lui, une recherche de la lumière et l'attente d'une manifestation possible, ont-ils précisé. Natif de Casablanca en 1954, Jaride a exercé en tant que professeur de psychopédagogie, puis de philosophie, avant de rejoindre l'école des Beaux Arts de Casablanca, dans le but de donner des cours de philosophie de l'art. Ahmed Jaride s'est également consacré à la promotion de l'art et de la culture au Maroc en fondant, en 1997, le Village des ateliers d'artiste, puis la Grande exposition nationale des arts plastiques en 2004. Ayant exposé au Maroc comme à l'étranger, il a réalisé plusieurs ateliers de peinture, donné des cours lors de grandes manifestations culturelles, et participé à des colloques et des séminaires. Il a, en outre, collaboré par ses écrits dans différents livres d'art.