Quoi de plus malheureux que de voir des jeunes diplômés sombrer dans le chômage et le désespoir. Dans le cas du Maroc, on estime à quelque 11 millions la population en âge de travailler. Seulement cinq millions disposent d'un emploi rémunéré et, à peine, un tout petit million de personnes déclarées à la CNSS. C'est inadmissible aux yeux de Jamal Belahrach, président de la Commission Emploi et Relations Sociales de la CGEM. Car le chômage n'est pas une fatalité et la création d'emplois doit être considérée comme une urgence nationale. Le temps est venu de passer «d'une vision théorique à une vision pragmatique de l'économie de marché». Fort préoccupé sans doute par cette problématique «réelle», M. Belahrach s'interroge : «pourquoi avons-nous du mal à sortir de ce fléau ? Les mesures prises par les différents gouvernements ont-elles été efficaces ? Le monde économique est-il suffisamment mobilisé ? Que de questions auxquelles nous devons trouver un début de réponse pour ne pas sacrifier une génération de jeunes, et partant pénaliser notre croissance future». On ne peut rester sourd à l'appel de détresse de toute cette jeunesse, qui refuse d'être condamnée au chômage. Désormais, il y a un «avant» et un «après 2010». Sur son agenda social, la CGEM entend contribuer à l'installation d'un vrai débat national, en fédérant toutes les forces vives du Maroc autour de la question. Les 20 mesures proposées par la Commission Emploi et Relations Sociales de la CGEM serviront d'éléments de débat. Il s'agit, précise M. Belahrach, lors d'un point de presse, hier mardi au siège de la CGEM, d'un «pack» complet. Toutes les bonnes volontés du pays sont donc invitées à prendre à bras le corps ce projet. Partant du principe que «le chômage n'est pas une fatalité» et que l'employabilité ne se décrète pas, le président de la commission suggère de creuser plusieurs pistes de réflexion, en rapport avec la démocratie sociale, la compétitivité des entreprises marocaines et la formation des compétences. « Nous visons la loi de finances 2012 ». La Commission bataille pour une réduction d'impôts au lieu d'une baisse des charges sociales. C'est une aberration de continuer d'entretenir la précarité sociale. Il s'agit plutôt de réduire la pression fiscale sur les entreprises qui embauchent, tout en sauvegardant les droits du jeune salarié, explique M. Belahrach. Le patronat ne se contente pas de dire qu'il faut faire ceci ou cela, mais il doit s'impliquer pour concrétiser ce modèle social, ajoute M. Belahrach. Il s'agit aussi de «faire prendre conscience aux opérateurs économiques de la place qu'ils doivent occuper et du rôle qu'ils doivent assumer dans l'intégration, la formation et l'accompagnement des jeunes diplômés en particulier». Ceci est aussi valable pour notre système d'enseignement et de formation qui doit s'ouvrir davantage sur le monde de l'entreprise et s'adapter à ses besoins, tout en assurant une formation de qualité pour une meilleure employabilité des jeunes diplômés. «Tous pour l'emploi» tel semble être le nouveau crédo de la CGEM, qui semble décidée à «dire NON au chômage et à la précarité, et OUI pour une dignité qui permet à toute cette frange de la population de rester debout». La Commission Emploi et Relations Sociales-CGEM a eu le mérite d'élaborer ce «draft» pour approfondir le débat et inventer d'autres voies. Le patriotisme économique est un état d'esprit qui se cultive. Jamal Belahrach, convaincu de la justesse de la cause, appelle à une mobilisation générale contre « notre seul ennemi : le chômage ».