Depuis une vingtaine d'années, l'obésité est devenue un problème majeur de santé publique, touchant près de 500 millions d'individus dans le monde. En 2015, la planète devrait compter 2.3 milliards d'adultes en surpoids, et plus de 700 millions d'obèses selon l'Organisation Mondiale de la Santé. Elevé au rang d'épidémie, la maladie n'épargne pas le Maroc où le nombre des individus en surpoids et les obèses connaît une courbe exponentielle. Au moins 43 millions d'enfants de moins de cinq ans sont obèses ou en surpoids dans le monde. L'OMS veut lutter contre ce fléau en réduisant la publicité pour des aliments et boissons à forte teneur en graisses, en sucre et en sel. «Il faut faire en sorte que les enfants soient à l'abri de ce marketing», a déclaré vendredi le Dr Tim Armstrong, coordinateur des politiques de prévention à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'occasion d'un débat sur le sujet au Conseil exécutif, réuni depuis lundi à Genève. Action mondiale L'agence de l'ONU préconise une action mondiale pour réduire l'impact sur les enfants de la commercialisation d'aliments riches en graisses saturées, en acides gras trans, en sucres libres ou en sel. Elle a publié 12 recommandations visant à protéger les enfants du marketing agressif des multinationales alimentaires. Les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires chroniques et le diabète sont en effet à l'origine de 35 millions de décès par an (60% du total des décès) et montent en flèche dans les pays en développement. Or, les mauvaises habitudes alimentaires sont une cause majeure de plusieurs de ces maladies. Le surpoids pendant l'enfance est associé non seulement à un risque accru d'obésité et de maladies non transmissibles à l'âge adulte, mais aussi à des problèmes de santé immédiats, comme L'hypertension et l'insulinorésistance. Près de 40% des Marocains sont obèses ou en surpoids La dernière enquête réalisée par le ministère de la Santé sur l'obésité au Maroc a montré que 13,3% des Marocains sont obèses, cette prévalence est de 19,1% chez les femmes et 7,3% chez les hommes. Par ailleurs 26% présentent un surpoids, soit au total 39,3% de Marocains qui ont un poids supérieur à la normale. Répartie entre 28,7 % chez la femme et 23,3%. Ces chiffres sont à revoir à la hausse car cette étude a été réalisée en l'an 2000. Les femmes sont plus touchées que les hommes et les urbains plus que les ruraux. La fréquence de l'obésité et du surpoids, au Maroc, a connu une évolution très significative depuis quelques années. Selon des croyances populaires bien ancrées dans notre société, l'obésité est toujours associée à un signe d'opulence, de bien-être et de richesse. D'autres variations ont affecté la population marocaine ces dernières années et sont une explication possible de progression d'obésité. Les fast-food et snacks sont en pleines explosions. Les rituels culinaires d'antan ont disparu et notre alimentation a été modernisée ou plutôt détournée mais dans le mauvais sens, il faut ajouter à ce constat l'utilisation de produits médicamenteux par certaines personnes qui cherchent à prendre du poids, la sédentarité. C'est ce qui explique en grande partie l'évolution du surpoids et de l'obésité au Maroc. Quels sont les risques liés à l'obésité? L'excès pondéral est responsable d'une morbidité accrue (diabète sucré, hypertension, dyslipidémies, maladies cardio-vasculaires, accidents vasculaires cérébraux, arthrose, apnées du sommeil, lithiase biliaire et certain cancers). Les risques de mortalité sont augmentés, d'autant plus que l'obésité est sévère et précoce. Les risques de maladie associés dépendent de l'âge et des pathologies déjà présentes. Le diabète non-insulino dépendant ; Les maladies cardiovasculaires y compris l'hypertension artérielle ; Les problèmes respiratoires et notamment l'apnée pendant le sommeil ; Les problèmes rhumatologiques au niveau des hanches, des genoux et de la colonne vertébrale ; Les problèmes de métabolisme, notamment des lipides sanguins ; Les anomalies hormonales ; Les calculs de la vésicule biliaire ; les problèmes veineux et de peau ; Les risques plus importants en cas d'opération chirurgicale. Des répercussions sociales et psychologiques Sur le plan psychologique et social l'obésité représente un gêne fonctionnelle dans la vie de tous les jours. Elle crée des difficultés à l'embauche et de fréquentes mises en invalidité pour raisons médicales. Elle est source de discrimination sociale chez l'adulte comme chez l'enfant et entraîne souvent une dépression. Pourquoi traiter l'obésité ? Si l'obésité est devenue un véritable phénomène de société, ces kilos en excès sont avant tout responsables de nombreux problèmes de santé. Mauvais pour le cœur Parmi les principales conséquences de l'obésité, il faut signaler les retentissements sur le système cardiovasculaire. Ainsi, la pression artérielle augmente avec le poids. Il y a trois fois plus d'hypertension chez les obèses. Les risques d'athérome sont logiquement augmentés : la graisse se dépose plus facilement sur les parois des artères. Cela augmente le risque d'infarctus, d'angine de poitrine et de thrombose. Les risques veineux (phlébites, embolies pulmonaires...) sont aussi plus nombreux. Sans compter que les personnes obèses souffrent souvent d'hypercholestérolémie. Or cet excès est un facteur qui augmente encore le risque cardiaque. Mauvais pour les os L'excès de poids a des conséquences néfastes sur le squelette. Les kilos pèsent sur les articulations et en accélèrent l'usure (hanches, genou, vertèbres…). Les problèmes d'arthrose sont ainsi très courants. Ils peuvent nécessiter la pose de prothèses (hanche, genou). Des problèmes de hernies apparaissent également, entraînant des sciatiques et autres lumbagos. Plusieurs problèmes respiratoires Autre problème majeur lié à l'obésité durant le sommeil : les apnées. Il s'agit d'arrêts de la respiration plusieurs fois par nuit (au moins 10 secondes, se reproduisant 5 fois par heure de sommeil au moins). Ces apnées peuvent s'avérer extrêmement graves. En effet, si elles ne sont pas traitées, elles peuvent s'avérer lourdes de conséquences : au départ la personne éprouve fatigue, pertes de mémoire, maux de tête ; mais à long terme, la mauvaise oxygénation de l'organisme va entraîner des troubles cardiaques, de l'hypertension artérielle et même des risques d'infarctus. Des troubles hormonaux L'une des complications les plus souvent associées à l'obésité est le diabète. Ce dérèglement du métabolisme des sucres est extrêmement fréquent en cas de surpoids. A tel point que l'on parle aujourd'hui d'épidémie de «diabésité». Si ce problème est pris suffisamment tôt (au stade de pré-diabète, lorsque la glycémie commence juste à être trop élevée), il est possible d'inverser le cours des choses. Mais sans une perte de poids et de l'exercice physique, une insulino-résistance apparaît, aggravant la maladie. Or le diabète peut être à l'origine de complications cardiovasculaires, de cécité, d'amputations… Des retentissements nombreux De nombreuses études ont également souligné le rôle de l'obésité dans plusieurs maladies : cancer, troubles digestifs, infertilité… Outre les problèmes physiques, l'obésité a de nombreux retentissements sur la vie quotidienne. Ainsi les relations sociales sont fortement entravées : réticences à sortir de chez soi, regard des autres, etc. Sur le plan professionnel, des difficultés peuvent apparaître dès l'embauche… La qualité de vie est souvent atteinte, favorisant la survenue de troubles psychologiques (dépression…). Il est donc essentiel de traiter l'obésité, car ses complications sont nombreuses Prévention de l'obésité A / Chez l'enfant Encore une fois, une obésité dépistée et traitée précocement, notamment avant l'adolescence, n'entraînera pas a priori de conséquence chez le futur adulte. Les principales causes de l'obésité chez l'enfant Une sédentarisation excessive avec diminution de la pratique sportive; l'influence de la télévision : certaines études ont démontré que le temps passé à regarder la télévision durant l'enfance peut être considéré comme prédictif d'une obésité à l'adolescence ; l'évolution des habitudes alimentaires; des prédispositions génétiques (facteurs héréditaires). La première mesure de prévention reste la mesure annuelle de la taille et du poids de l'enfant pour suivre la courbe de corpulence et repérer ainsi les enfants à risque. COMPORTEMENT ALIMENTAIRE SAIN Repas à heures fixes La déstructuration des repas et le grignotage devant la TV, entre autres, sont une des causes de la croissance de l'obésité. Les nutritionnistes insistent régulièrement sur l'importance de maintenir 4 repas par jour : Petit déjeuner - Déjeuner - Goûter équilibré – Dîner Education pour le futur Les habitudes que l'enfant prendra seront les bases de son comportement alimentaire. Il faut prendre le temps de lui expliquer simplement quelques notions d'équilibre alimentaire et l'importance de prendre ses repas à horaire fixe et d'éviter le grignotage. Il y a fort à parier que ces comportements seront reproduits lorsque, lui-même adulte, s'occupera de ses propres enfants. Sédentarité à réduire des l'enfance La pratique sportive est obligatoire dans les établissements scolaires. Elle participe à la croissance de votre enfant et l'aide à développer son corps. Il est important de surveiller cette pratique et de l'encourager. Il a été démontré que l'exercice physique a des effets bénéfiques sur le développement de l'enfant, régule sa corpulence et son comportement alimentaire. Il constitue donc une prévention de l'obésité et du risque cardiovasculaire. L'implication des parents et de la famille dans ces activités ne peuvent qu'aider l'enfant et l'encourager dans cette démarche Beaucoup de parents ont du mal à consacrer suffisamment de temps aux activités sportives de leurs enfants. Mais il existe des centres sportifs. Outre le tonus et l'exercice, ce sera une occasion pour vos enfants de se faire des amis et de ne pas rester devant la télé, de devenir sédentaire, de prendre du poids. B / Chez l'adulte Mesurer régulièrement son poids La mesure régulière de son poids permet de mettre en place un suivi réel et factuel de l'obésité. Un surpoids passager n'est pas forcément le signe d'une obésité naissante, mais peut être juste le moment de se remettre à faire un peu d'exercice, ou de surveiller son alimentation Quelques règles simples S'il est important de connaître et de surveiller son poids, il ne faut pas pour autant se peser à tout bout de champ sans règles précises ou objectifs : Se peser de façon régulière (et non pas après chaque repas) ; Garder un historique de ses pesées ; Se fixer des objectifs et contrôler leur suivi Ces mesures permettront de calculer des indices de risque ou de gravité, comme l'IMC, ou de définir une courbe de poids. En fonction des résultats, votre médecin prendra la décision de mettre en place des régimes spécifiques ou des traitements appropriés. Un suivi pourra être mis en place de façon personnalisée avec son médecin ou un spécialiste de la nutrition Bouger Le fait de faire de l'exercice, depuis la marche jusqu'à une activité sportive régulière, permet d'accélérer le métabolisme et d'augmenter le nombre de calories brûlées quotidiennement. Cela contribue donc naturellement à rétablir l'équilibre entre apport et dépenses. Par ailleurs, l'activité sportive renforce la masse musculaire et contribue à remodeler la silhouette. Il ne nous reste plus qu'à espérer que nos conseils vous seront utiles, que vous en ferez bon usage. Dans tous les cas pour lutter efficacement contre le surpoids ou l'obésité, il faut bouger, brûler les calories en plus. Alors qu'attendez-vous. Marchez.