Le verdict concernant l'affaire de démolition de l'immeuble Piot-Templier à Casablanca vient d'être prononcé. Le tribunal administratif de Casablanca vient d'annoncer sa décision d'autoriser la destruction de cette bâtisse alors que la procédure pour son inscription dans la liste des monuments historiques était en voie de finalisation. L'art déco de Casablanca se retrouve encore en péril et sacrifié au profit de projets immobiliers. Plusieurs monuments historiques, qui témoignent d'une époque importante de l'histoire de la ville et constituant un héritage architectural reflétant la fusion de deux grandes civilisations arabe et européenne, sont en train de tomber l'un après l'autre. Ainsi, après la démolition de la villa Cadet du célèbre architecte Auguste Cadet au quartier Oasis qui a provoqué l'ire des citoyens casablancais, du Théâtre Municipal, Arènes, cinéma Vox, villas Mokri, Benazeraf, à l'exception du dénouement heureux de l'affaire hôtel Lincoln, sauvé par décision de la Cour suprême qui a confirmé la portée publique de cet héritage architectural- quoique la situation de l'hôtel est toujours en stand bye puisque les travaux de réaménagement n'ont pas encore démarré faute de preneur, c'est autour de l'immeuble Piot-Templier au boulevard Mohammed V, construit par l'architecte Pierre Ancelle en 1925, d'encourir le risque d'extinction à la suite de la décision du tribunal administratif de Casablanca prononcée en faveur de la démolition. Le verdict est tombé comme un couperet surtout au moment où l'intérêt pour l'art déco de Casablanca devient plus vif et suscite aujourd'hui de plus en plus l'intérêt et la mobilisation de la société marocaine et des opérateurs touristiques qui y voient une portée commerciale et touristique importante à exploiter, souligne Abderrahim Kassou, président de l'association Casamémoire. «On est étonné de ce verdict. Bien entendu, on respecte la décision de la justice, mais on est inquiet car cette autorisation de démolition crée un précédent en la matière alors que l'édifice es question est retenue dans la liste du patrimoine national.», réagit-il La réaction de Casamémoire, qui œuvre depuis des années pour la préservation du patrimoine architectural de la ville, ne s'est pas fait attendre. Une pétition a été diffusée à ce sujet. Elle appelle à «l'intégration dans les documents d'urbanisme locaux d'une réglementation efficace de protection du patrimoine sur de larges zones, au « gel de l'attribution des permis de démolir tant qu'une réglementation claire n'est pas appliquée et à la révision de la loi 22-80 régissant le patrimoine pour la rendre plus efficace et l'adapter à l'évolution de la société ». Abderrahim Kassou estime qu'un cadre juridique garantissant la préservation du patrimoine architectural s'avère de plus en plus urgent. Le ministère de la Culture a été également saisi à ce sujet et en train de réfléchir comment réagir pour garantir la protection de ces bijoux architecturaux de la ville, nous informe notre interlocuteur. En attendant qu'une réglementation voit le jour, d'autres lieux de la ville font l'objet de convoitise et risquent la disparition surtout après ce précédent judiciaire notamment de nombreux lycées (Chawki, Ibn Habous), note la pétition ainsi que d'autre édifices au boulevard Ziraoui et autres.