Lancée depuis le 6 décembre, la campagne Sidaction Maroc 2010 organisée par l'Association marocaine de lutte contre le sida (ALCS) sous le haut patronage de Sa majesté Mohammed VI approche de sa fin prévue le 31 décembre. L'ALCS table sur 20 millions de dirhams pour financer les actions de lutte contre l'épidémie. Le sida continue toujours à gagner du terrain. Selon les chiffres du ministère de la Santé, 3500 nouveaux cas de sida sont enregistrés en 2010 contre 3200 en 2009. Sans dire que près de 26. 000 cas atteints du VIH, sans en l'ignorant, existent aujourd'hui au Maroc contre 22.000 cas en 2007. «C'est la preuve que le sida progresse au Maroc. Même s'il est vrai que notre pays représente un faible taux de prévalence (0,1%) comparativement à la situation constatée à l'échelle internationale, il n'empêche qu'il y a lieu de s'inquiéter», souligne Hakima Himmich, présidente de l'ALCS. Cette épidémie, révélée durant les années 90, n'a cessé d'évoluer. Depuis 1986 jusqu'à fin octobre 2010, l'on estime le nombre des cas cumulés de VIH à 5361 cas dont 3657 cas ont atteint le stade de la maladie. Par contre, 1704 personnes atteintes sont porteuses asymptomatiques. . Si plusieurs catégories d'âge sont touchées par cette épidémie, il n'en reste pas moins que les adultes âgés de 25 à 44 ans représentent 70% du chiffre total des cas dits séropositifs. Dans cette tranche d'âge, les personnes entre 40 ans et plus sont les plus effleurées par la maladie (soit 28% des cas enregistrés en 2008), suivies par celles allant de 30 et 34 ans (23%). Les statistiques sur la situation épidémiologique montrent que le mode de transmission le plus répandu est hétérosexuel soit 87%. Néanmoins, la féminisation de cette épidémie reste le caractère principal de la situation au Maroc, s'inquiète Mme Himmich. L'observation de l'évolution de la situation épidémiologique au Maroc depuis 1986, démontre que la gente féminine est de plus en plus exposée à la maladie. En 2009, la part des femmes était de 48%. Entre 2000 et 2004, le pourcentage de celles atteintes du VIH était de 40% alors qu'entre 1986 et 1990, elles ne représentaient que 18%, soit plus que le double. «Cette féminisation de l'épidémie en corrélation avec celle de la pauvreté et la concentration de l'épidémie dans les régions vulnérables inquiètent sérieusement et nous ramènent à dire que nous sommes à un tournant de la maladie», affirme Mme Himmich Autre constat non moins important. Le sida prend des proportions plus alarmantes dans les catégories vulnérables, renchérit-elle, notamment chez les professionnels du sexe qui représentent 2,5% à l'échelle nationale. Certaines régions sont plus concernées que d'autres par la séropositivité. Les statistiques de 2008 montrent que la région Souss Massa Daraâ est la plus exposée à ce fléau (22% des cas) et un taux de prévalence de 8% parmi les professionnels du sexe. C'est-à-dire un taux de 25% de la totalité des personnes vivant avec le VIH sans le savoir. La situation est plus alarmante chez les usagers de la drogue dont la prévalence atteint 39% pour le VIH et 90% pour l'hépatite virale. Les statistiques ont révélé la fluorescence de l'épidémie transmise par usage de drogue intraveineuse dans la région du Nord (Tanger Tétouan 12%) et l'Oriental (16%). Cette année, la campagne «Sidaction 2010» table sur 20 millions de Dirhams pour pouvoir intensifier l'action contre l'expansion de l'épidémie. Les dons collectés seront destinés à deux actions principales, souligne la présidente de l'ALCS. D'abord, la poursuite du soutien à la prévention, une condition sine qua non pour stopper l'épidémie. Les fonds seront également orientés au financement de la prise en charge des séropositifs, laquelle continue à représenter un problème de taille vu la cherté du traitement. A souligner que la campagne Sidaction profite également aux associations partenaires de l'ALCS qui utilisent 32% des fonds à financer leurs actions contre le sida.