Le Groupe Al Omrane a un nouveau président. Badre Kanouni, que SM le Roi Mohammed VI vient de nommer à la tête de cet établissement, a fait ses armes dans le secteur du textile. Ancien dirigeant responsable de Settavex, M. Kanouni était un membre actif au sein du Comité AMITH chargé de définir la politique de promotion à l'export du textile habillement. Il était également président de l'Association des industriels de Settat et président de l'Union régionale de la CGEM Chaoui-Ourdigha. Sa nomination tombe à un moment où la dynamique du secteur de l'immobilier au Maroc connaît une certaine rupture. Selon le rapport économique et social du projet de loi de finances pour 2011, la baisse de 30% de l'offre en logements sociaux en 2009 a eu un « impact négatif sur l'investissement dans le secteur, marqué par un recul de 35,9% des IDE dans le BTP». Le repli de l'activité dans ce secteur est matérialisé par nombre d'indicateurs, notamment la décélération de la croissance de la valeur ajoutée du BTP à 3,4% (après 9,4% en 2008 et 11,7% en 2007) et de celle de la consommation du ciment de 3,4%. Outre ces défis conjoncturels liés à la baisse de l'activité, le secteur de l'immobilier est confronté à d'autres contraintes structurelles persistantes, liées essentiellement au foncier et au financement. Malgré la prévalence d'un climat d'attentisme due aux craintes liées aux impacts éventuels de la crise économique mondiale sur le secteur, le financement des transactions immobilières poursuit sa tendance haussière, mais relativement moins forte qu'auparavant. L'encours des crédits immobiliers a atteint, à fin septembre 2010, près de 184,3 milliards DH, en progression de 9,1% en glissement annuel après une augmentation de 15% en 2008. De même, les crédits octroyés dans le cadre du fonds de garantie Fogarim ont atteint, à fin septembre 2010, un montant de 8,9 milliards DH pour un total de bénéficiaires qui s'est élevé à 61.079. Le changement opéré à la tête du Holding Al Omran a été favorablement accueilli par la communauté des professionnels. Elle traduit, selon Abdelouahed Souhail, économiste et membre du BP du PPS, la volonté royale de donner une nouvelle impulsion à un secteur considéré comme une des priorités nationales. «En plus de son rôle de régulateur du marché de l'immobilier, le Groupe Al Omrane est un acteur de premier rang dans la production du logement social et la lutte contre l'habitat insalubre. Malheureusement, nous confie M. Souhail, on a relevé moins d'actions du Groupe ces derniers temps, là où les privés ne veulent pas aller. Je pense aux petites villes et à la périphérie. Le Gouvernement s'est engagé à maintenir son soutien à ce secteur, rappelle notre interlocuteur, en doublant les investissements publics, à travers le Holding Al Omrane, sur la période 2008-2012. Cette action devrait accélérer la cadence de l'exécution des programmes de construction de logements sociaux et permettre à la classe moyenne d'accéder à la propriété. Cela dit, la crise internationale aurait vraisemblablement un impact sur le marché immobilier national en ralentissant la demande, particulièrement, au niveau des deux composantes spéculative et étrangère notamment dans certaines régions (Tanger, Marrakech). Cela devrait permettre une correction des prix de l'immobilier ayant connu une envolée exceptionnelle au cours des trois dernières années. Toutefois, les effets de la crise sur le secteur demeurent très limités en raison notamment de la persistance d'une demande importante (déficit en logement estimé à plus de 610.000 unités, demande annuelle additionnelle de 120.000 logements, forte demande des classes moyennes…